Plus de 17% de la population adulte du Centre-Val de Loire est obèse contre 15% au niveau national. Pas étonnant que les hôpitaux de Tours et Orléans soient devenus Centre Spécial Obésité. Le Covid a relégué au second plan ce problème de santé publique.
Aujourd'hui, 8 millions de personnes souffrent d’obésité en France et la Région Centre-Val de Loire est dans le peloton de tête.
[Journées européennes #obésité]. 8 millions d’adultes en #France sont touchés par cette maladie chronique source de nombreuses pathologies pouvant diminuer l’espérance de vie. Des parcours de soins complets sont proposés pour accompagner les patients ?https://t.co/EdKDa4Sabu pic.twitter.com/xEeVxkYLBD
— ELSAN (@elsan) May 21, 2021
Le Docteur Adel Abou-Mrad est l’un des pontes du Service de Chirurgie Digestive et Viscérale du Centre Hospitalier Régional d’Orléans (CHRO). Il parle sans détour.
Les effectifs sont à genoux. Toutes les équipes, qu’elles soient médicales, chirurgicales, administratives, sont exténuées. La reprise de la chirurgie va être difficile en général.
"La pandémie c’est une catastrophe à toutes les échelles. On a eu le Covid dans le Service et à l’hôpital. On a dû déprogrammer surtout en chirurgie bariatrique. En 2018-2019, on réalisait 300 à 350 interventions par an. En 2020, on est tombé à 60 voire 70. Des patients n’ont pas pu être opérés comme c’était prévu. Et c’est tout l’hôpital qui a souffert."
Dans son déferlement, le Covid n’a pas fait de détail. Comme une bourrasque il a frappé indistinctement. Or les patients qui souffrent d’obésité sont ceux qui présentent des comorbidités sévères. Des facteurs de risques plus nombreux.
"La chirurgie viscérale n’est pas une chirurgie secondaire. C’est ma conviction."
"Un patient obèse atteint du Covid est beaucoup plus susceptible de faire des complications graves. La maladie de l’obésité rend les gens plus fragiles. 47% des patients en réanimation avec des complications graves, sont des patients obèses. Ce sont des patients au départ en souffrance.
Ils ont suivi un parcours long de 6 à 1 an pour arriver à l’entrée du bloc. C’est donc une perte de chance si on ne les opère pas. Au plus fort de la pandémie, les équipes étaient dérivées sur les soins intensifs, sur la réanimation, sur les services de médecine pour porter secours aux patients atteints de Covid. Il fallait aller à leur secours et assurer leur survie. Et les équipes ne sont pas extensibles."
/regions/2021/05/21/60a7bc98523cb_adel_abou_mrad-5323766.jpg)
Autant dire que les personnes souffrant d’obésité morbide ont connu la double peine. C’est un parcours du combattant qu’elles doivent suivre avec des psychologues, des endocrinologues, des diététiciens entre autres pour un consentement éclairé. Et c’est un accompagnement qui s’inscrit au long cours. A vie.
Face au déferlement de la pandémie, elles étaient surexposées. C’étaient les premières de cordée vers les soins intensifs et la réanimation.
La chirurgie bariatrique est une chirurgie qui sauve des vies. C’est une chirurgie primordiale.
"Je me bats pour que la chirurgie de l’obésité soit rétablie de façon prioritaire. On sort d’une période difficile. Il faudra du temps pour tout remettre en marche. L’obésité limite l’activité des gens..."
On ne le dira jamais assez. L’obésité est une maladie chronique et un véritable problème de santé publique. Cancers, troubles cardiovasculaires et pulmonaires, dépréciation de l’image de soi, diabète, apnée du sommeil, cholestérol, maladies ostéo-articulaires, isolement social, risques de dépression... La liste n’est pas exhaustive. Autant de pathologies associées. Un véritable tableau clinique qui expose davantage les malades souffrant d’obésité.
