C'est l'un des rescapés de la Shoah et l'un des derniers de la rafle du Vél d'Hiv. C'est l'histoire d'un survivant. Celle d'un garçon juif de 11 ans qui a réussi à s'évader du camp d'internement de Beaune-la-Rolande dans le Loiret et qui a échappé à la déportation.
En juillet 1942, Joseph Weismann fait partie des quelques 13 000 juifs, dont plus de 4000 enfants, arrêtés par la police française lors de la rafle du Vel d'Hiv. Enfermé au camp de transit de Beaune-la-Rolande dans le Loiret en attendant d'être déporté, il parvient à s'en échapper.
"On arrive dans un camp d'extermination comme mes parents et mes deux sœurs sont arrivés. Ils sont tout de suite passés à la chambre à gaz. Ils sont morts tout de suite, et ensuite au four crématoire."
Joseph Weismann aurait dû connaître le même sort que ses parents et ses sœurs, assassinées à Auschwitz après avoir été livrés aux nazis.
La grande évasion
Âgé de 11 ans, accompagné d'un autre enfant, il échappe à la déportation en s'évadant du camp.
On est rentré dans les barbelés et on a mis 6 heures à les traverser parce que c'était un entrelacs infranchissable.
Joseph Weismann, respacé de la Shoah
"C'est pour ça que personne n'a jamais pu s'évader avant ni après, que c'était impossible. Et vous allez me dire, ce n'était pas impossible puisque vous avez réussi. Mais il faut se rappeler que ces deux petits bonshommes de 11 ans qui n'ont rien à bouffer depuis deux ans déjà, ils sont gros comme un berger allemand. Et c'est parce que nous avions toute petite corpulence qu'on a réussi à faire une sorte de tunnel à l'intérieur de cet entrelacs de barbelés."
Joseph Weismann se cache en forêt d'Orléans puis passe la fin de la Seconde Guerre mondiale à travailler dans une ferme. À la Libération, il est recueilli par une famille de la Sarthe, où il réside encore.
En 1996 il rencontre Simone Veil qui le convainc de raconter son histoire. Sa vie inspire le film "La Rafle" ou encore une bande dessinée. Il devient un passeur de mémoire.
Passeur de mémoire
"Chaque témoignage, c'est vrai, me fatigue davantage. Et quand je le faisais, que j'avais 60 ans et que je le fais aujourd'hui, par exemple, voyez quand je vais repartir, je suis incapable de conduire ma voiture parce que je me vide."
C'est à chaque fois, l'enfant de 11 ans qui revient avec ses souvenirs douloureux
Joseph Weismann
Comme l'été dernier, en juillet 2024, pour la commémoration de la rafle du Vel d'Hiv, malgré la fatigue et malgré ses 93 ans, Joseph Weismann continue de partager son récit.
Article écrit avec Matthieu Jarry.