Alors que le projet de loi finance 2025 a été validé par le Sénat ce jeudi 23 janvier, le budget alloué au sport devrait diminuer de 30%, comme le dénoncent plus de 400 sportifs dans une tribune au journal l'Equipe. Ces baisses de subventions devraient largement restreindre l'engouement citoyen suscité par les jeux olympiques au niveau local.
Un budget pour le sport raboté d'un tiers, un "sabotage du vivre-ensemble", la colère gronde pour les 425 sportifs signataires de la tribune au journal L'Equipe. En cause, le projet de loi finance 2025, adopté par le Sénat aujourd'hui, et qui prévoit une baisse de 300 millions d'euros entre le budget de 2024 et celui de cette année. Une partie de cette baisse s'explique par le non-renouvellement de crédits alloués spécialement pour les Jeux olympiques, mais les athlètes s'inquiètent su signal envoyé par cette décision. D'autant plus que la baisse du budget alloué au sport par le gouvernement est doublée par les efforts budgétaires demandés aux collectivités territoriales, qui se voient amputées de 5 milliards d’euros de subventions en 2025. Or, ce sont ces mêmes collectivités qui supportaient déjà plus de la moitié des 20 milliards d'euros du budget global de l'État pour le sport en 2024.
Des conséquences concrètes au niveau local
À Orléans, cette baisse de subvention envisagée se heurte à en engouement sportif suscité par les JO. En région Centre-Val de Loire, la Fédération française de Tir sportif a enregistré une augmentation de 200 licenciés par rapport à l'année dernière. Un véritable "effet JO" selon Sylvie Lanson, secrétaire générale de la Ligue du Centre. Cette baisse des dotations de l'État et des collectivités l'inquiète d'autant plus qu'elle constate déjà une situation tendue pour sa fédération : "Aujourd'hui, les clubs sont limités dans leurs installations, ils sont complets en nombre de licenciés et manquent de bénévoles. Certains clubs ont même une liste d'attente... Pour accueillir ces licenciés, il faudrait plus de bénévoles ce qui permettrait d'ouvrir davantage de créneaux".
Pour le tir, cette baisse de dotations viendrait affecter en premier lieu tous les clubs qui souhaitent faire des investissements en termes de sécurité, de mise en conformité.
Beaucoup de nos clubs sont des clubs municipaux, ils dépendent des villes.
Sylvie Lanson, secrétaire générale de la Ligue du Centre de tir sportif
Pour 2025, la Ligue de Tir sportif du Centre-Val de Loire a anticipé une baisse des aides de l'État et dit être préparée, malgré une situation tendue : "Nous faisons en sorte de ne pas dépendre uniquement de lui en essayant d'être autonomes : on augmente les prix auprès du licencié et on cherche davantage de partenaires ce qui n'est pas facile dans le contexte actuel d'autant plus que nous ne sommes pas un sport médiatisé".
Du côté du cercle d'escrime orléanais, le club est aussi dans l'attente et le flou des arbitrages budgétaires au niveau national et local. La Fédération prend d'ores et déjà de moins en moins en charge les frais des athlètes pour les compétitions de haut-niveau. La crainte est que la situation s'aggrave. "Si la Fédération ne prend plus personne en charge ça va être très compliqué, car on ne pourra pas pallier le manque d'argent de la Fédération au niveau des clubs. Normalement, c'est la Fédération qui aide les clubs et pas l'inverse", déclare Patricia Réguigne, présidente du cercle d'escrime orléanais.
"L'héritage des JO s'est vite envolé"
Au désarroi des clubs s'ajoute l'incompréhension de la direction prise par le gouvernement concernant la place du sport dans la société. "La chute est brutale. C'est dommage. L'engouement était là. Les clubs refusent des gens car il y a beaucoup de demandes" affirme Patricia Réguigne. Une déception largement partagée par la Ligue de tir sportif du Centre-Val de Loire qui s'attendait à un effort du gouvernement suite à l'engouement généré par les JO cet été :"Le budget du sport c'est seulement 0,2% du budget de l'État ! Nous on fait du social. Le sport c'est aussi plein d'animations que l'on organise pour faire la promotion de l'activité physique, mais malgré ça on est coincé parce que nous n'avons pas plus d'aides ni d'installations."
Si le Sénat a voté le projet de loi finance 2025 en première lecture, le projet de loi n'est pas pour autant validé. La commission mixte paritaire prévue pour tenter de trouver un compromis entre l'Assemblée nationale et le Sénat aura lieu jeudi 30 janvier.
Article écrit par Dah Magassa et Noah Gaume