Bien que la loi dispose que la parité soit respectée au sein des conseils municipaux des grandes villes, dans les faits il n'y a que 16% de femmes maires au niveau national. Pourquoi ce déséquilibre ?
Les municipales approchent, et à mesure que les listes de candidats se déclarent, une donnée reste constante : les femmes sont encore en large minorité à briguer le siège de maire. En France, il n'y a que 16% de femmes maires élues en 2014 selon l'association Elles Aussi, qui défend la parité en politique.
Les femmes invisibles dans les mairies
Danièle Bouchoule, ancienne conseillère municipale, est la référente d'Elles Aussi dans le Loiret. Selon une enquête menée à l'échelle de la région Bretagne, les femmes subissent en politique les mêmes blocages que dans le monde professionnel et associatif. "Les femmes sont en général moins sollicitées pour être maires, quand il s'agit d'être exposé en pleine lumière il y a beaucoup plus de candidats hommes." Une auto-censure qui doit beaucoup à l'invisibilisation des femmes et aux stéréotypes de genre.Dans les territoires, les violences sexistes, qu'elles soient verbales ou physiques, font également obstacle aux femmes d'après l'étude commandée par Elles Aussi dans la région Bretagne. "Quelquefois on se dit, ce n’est pas possible que ce genre des choses existe", témoigne une maire d'une commune bretonne de plus de 2000 habitants interrogées par les auteurs du rapport. "Mais si, mais si, on le vit ! Et là on n’a que la voix, on n’a pas l’image… Mais quand je parle, je vois la réaction de mon interlocuteur en face, avec un petit rictus qui va bien, 'oui, oui, vas-y, cause toujours ma fille'. Et il n’y a pas une semaine où vous n’êtes pas confrontée à ça."
Au mois de novembre 2019, une tribune signée par 250 personnalités appellait les formations politiques à "prendre leurs responsabilités" et à un "#MeToo des territoires" pour libérer la parole sur ces agressions.
Une parité illusoire dans les listes municipales
Ce déséquilibre national se vérifie aux échelles régionales, départementales et locales. Bien que la loi impose la parité sur les listes candidates aux municipales dans les villes de 1000 habitants et plus, l'édile local reste très souvent un homme. Dans le Loiret par exemple, moins d'un maire sur cinq (17%) est une femme. En Moselle, ce chiffre atteint péniblement les 9% pour les communes de plus de 1000 habitants d'après l'association Elles Aussi, mais bondit à 32% dans la Haute Marne, le record national.Grandes absentes de l'exécutif municipal, les femmes sont également discrètes sur les listes candidates, surtout dans les communes où la loi n'impose pas la parité. Dans les anciennes régions de Champagne-Ardennes et de Lorraine, lors des élections de 2014, on observait le plus faible pourcentage de candidates dans les villes de plus de 1000 habitants avec 47,9% (pour une moyenne nationale de 48,2%).
Pas de candidate à Tours
De fait, dans les villes de plus de 3500 habitants de la région Centre-Val de Loire, qui sont donc assujeties à mettre en place un conseil municipal paritaire, il n'y a à l'heure actuelle qu'une soixantaine de candidates déclarées pour les élections municipales de 2020. Parmi elles, une poignée seulement sont des maires sortantes, comme au Blanc, dans l'Indre, ou à Fleury-les-Aubrais dans le Loiret.En revanche, l'Indre-et-Loire est l'un des départements comportant le moins de femmes candidates dans les principales villes, et Tours est la seule préfecture de la région ou aucune femme ne brigue le poste de maire, d'après les données recueillies par France 3. La carte de la parité électorale ainsi créée donne cependant l'Indre et le Cher comme les départements où le taux de candidates est le plus fort.
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Double peine dans les communes rurales et les intercommunalités
Mais ces inégalités s'aggravent dans les petites communes, où la loi sur la parité n'était pas effective lors des dernières élections. "Dans ces communes, il n'y a en moyenne que 20% d'adjointes et 35% de conseillères municipales, alors qu'elles représentent 72% des communes de France !" Dans les communes de moins de mille habitants, on retrouve 34,9% de femmes candidates au niveau national, 37,2% en région Centre-Val de Loire.Par ailleurs, dans les intercommunalités, il n'y a en moyenne que 31% de femmes conseillères communautaires, 18% de vice-présidentes et 14% d'organes exécutifs totalement masculin. "C'est un déséquilibre qui ne représente pas du tout la société française", déplore Danièle Bouchoule. D'autant que cela revient à "se priver de ces compétences". En France, seulement 8% des intercommunalités ont une présidente.
Pour les élections municipales des 15 et 22 mars 2020, les candidats et candidates ont encore jusqu'au 27 février pour déposer une liste. Il reste donc du temps à d'éventuelles candidates pour se déclarer.