Une quarantaine d'agriculteurs de la Coordination rurale se sont réunis ce mercredi 22 janvier 2025, devant le siège régional de l'Office français de la biodiversité (OFB) à Dry dans le Loiret. Les agriculteurs souhaitaient montrer leur mécontentement suite aux propos d'un membre de l'office, les comparant à des dealers.
Ils se sont retrouvés ce mercredi à Dry (Loiret) devant l'un des deux centres de formation nationale de l'OFB. Une quarantaine d'agriculteurs de la Coordination rurale ont souhaité dénoncer une déclaration de Benoît Pradal, un agent de l'Office, tenue quelques jours auparavant. "La semaine dernière, on nous a comparés à des dealers dans les cités. On a trouvé ces propos complètement inacceptables, donc on a souhaité réagir cette semaine en déversant de la poudre blanche devant le centre de formation de l'OFB", explique Edouard Legras, président de la Coordination rurale du Loir-et-Cher.
Des propos du Premier ministre qui ont mis le feu aux poudres
Tout commence en réalité le 15 janvier à l'Assemblée nationale. Dans son discours de politique générale, François Bayrou, Premier ministre estimait alors que les inspecteurs de l’OFB humiliaient les paysans lorsqu'ils menaient leurs contrôles "une arme à la ceinture, dans une ferme déjà mise à cran par la crise". Dans un entretien accordé à France Inter, un responsable syndical de l'OFB déclarait alors : "Le sentiment de ce que veulent les agriculteurs, c'est ne plus nous voir dans leurs exploitations. C'est du même ordre que si les dealers demandaient aux policiers de ne plus venir dans les cités".
Même si l'OFB s'est depuis désolidarisé des propos tenus par son agent, le mal est fait pour les syndicalistes aux bonnets jaunes qui bloquaient la route avec une vingtaine de tracteurs ce matin.
Une rencontre avec le préfet prochainement
Avant d'envisager toute action, les agriculteurs et les agents de l'OFB ont discuté durant un peu plus d'une heure. Dans les prochaines semaines, une rencontre entre le syndicat de la Coordination rurale et le préfet du département est même prévue.
Les demandes des agriculteurs vis-à-vis de l'office, chargé entre autres de faire respecter les règles en matière d'usage des pesticides, d'arrachage de haies ou de lutter contre le braconnage, sont nombreuses. Ils attendent des "résultats concrets" notamment "plus de latitude par rapport aux règles : au niveau des cours d'eau et des fossés, du port d'armes et on veut plus de souplesse et avoir le droit à l'erreur au moment des contrôles".
Le président de la coordination rurale du Loir-et-Cher s'inquiète du manque de communication : "s'il n'y a plus de dialogue, j'ai peur que ça tourne mal donc j'espère qu'on va avoir vite des résultats avec le préfet du département".
Le rôle de l'OFB n'est pas d'agir contre la profession agricole, mais de concilier agriculture et biodiversité, sans les opposer.
Jean-Noël Rieffel, directeur régional de l’OFB dans le Centre-Val de Loire
De son côté, l'OFB, représentée par Jean-Noël Rieffel, directeur régional dans le Centre-Val de Loire a insisté sur sa volonté de dialoguer avec le syndicat agricole. L'enjeu pour Jean-Noël Rieffel est avant tout de "mieux faire comprendre nos missions parce qu'il y a beaucoup d'incompréhension sur le sens de notre action". Au regard de la protection de la biodiversité, l'OFB reconnaît qu'un accompagnement des agriculteurs est nécessaire pour aider les agriculteurs à faire face aux changements sans pour autant sacrifier la cause environnementale. Le directeur régional regrette aussi le "manichéisme" des déclarations du Premier ministre et du responsable syndical de l'Office français de la biodiversité : "Je l'ai redit tout à l'heure, mais ces propos ne reflètent pas les positions de l'OFB. En tout cas, ce n'est pas comme cela que l'on travaille avec la profession agricole ici en Centre-Val de Loire".
Une volonté d'apaisement qui devrait prendre la forme de nouvelles réunions au niveau départemental, sous l'autorité des préfets, pour discuter de thèmes sensibles comme l'expertise des cours d'eau, par exemple.
Propos recueillis par Lodois Gravel, article écrit par Cindy Duffay et Noah Gaume