Restaurants, discothèques, salles de loisirs : les professionnels veulent une date de réouverture "ferme et définitive"

Le Premier ministre a annoncé jeudi 7 janvier un nouveau report de réouverture pour les secteurs de la restauration, du sport et du loisir, sans surprise pour les professionnels du Centre-Val de Loire.

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"On s’attendait à cette annonce", déplore Thierry Deraime, le président de l’Umih 45 (Union des Métiers et des Industries de l'Hôtellerie) et propriétaire d’un bar et de deux restaurants à Orléans. Jean Castex a en effet acté jeudi 7 janvier qu’aucun des secteurs d’activité, actuellement fermé en raison de la crise sanitaire, ne rouvrirait en janvier comme espéré il y a quelques mois. Les restaurants, bars et salles de sport sont donc condamnés à garder porte close jusqu’à au moins mi-février a annoncé le Premier ministre.

Bars, cafés et restaurants disent stop à la multiplication des reports  

C’est de plus en plus angoissant parce qu’on voit le calendrier défiler, et comme on n’a pas de date, on se dit que cela peut encore durer plusieurs mois.

Thierry Deraime - Président de l'UMIH 45

 

Thierry Deraime redoute un nouveau report au-delà-de cette nouvelle date annoncée. Un enchainement anxiogène que les bars, cafés et restaurants refusent de continuer à subir : "Nous, on veut une date fixe et qu’on s’y tienne pour pouvoir prévoir notre trésorerie et pour nos salariés qui sont aussi dans une situation d’incertitude. Certains aimeraient bien travailler ailleurs mais ne prennent pas d’emploi parce qu’ils attendent qu’on rouvre."

Le président de l’Umih 45 demande également un éclaircissement sur les modalités du maintien des aides gouvernementales (fond de solidarité, chômage partiel) qui, après les annonces, comportent encore "beaucoup d’imprécisions"

D’autant que les restaurateurs ont eu la mauvaise surprise jeudi 7 janvier, d’apprendre que désormais, 50% des revenus tirés de la vente à emporter doivent être intégrés dans le calcul d’attribution du fond de solidarité. Ce n’était pas le cas auparavant et la mesure est applicable dès la déclaration de décembre : "On aurait aimé qu’on nous le dise avant car certains auraient peut-être choisi d’arrêter la vente à emporter qui n’est plus avantageuse pour eux."

Au niveau national, plusieurs restaurateurs ont lancé un appel à rouvrir en février malgré l’interdiction. "On a dit à nos adhérents que c’est très dangereux puisque cela peut aller jusqu’à une fermeture administrative définitive et une perte des aides", explique Thierry Deraime, qui déconseille de suivre cet appel pour l’instant "mais cela pourra évoluer en fonction des négociations entre l’Umih national, les syndicats et le gouvernement", précise-t-il.

Les représentants de la restauration doivent rencontrer en fin de semaine prochaine le sous-préfet délégué au plan de relance. L’occasion d’évoquer avec lui la situation. Le 19 janvier, une action nationale devrait être organisée par la fédération française des grossistes de boissons à laquelle l’Umih 45 a prévu de se joindre.

Les discothèques veulent un plan d’action pour leur secteur d’activité

Les annonces du Premier ministre ont également été sans surprise pour Sabine Ferrand, présidente de l’Umih Centre-Val de Loire et gérante de la discothèque Le Tango à Saint-Laurent-Nouan (Loir-et-Cher). Elle aussi réclame un calendrier ferme : "On a vraiment besoin de cette visibilité. Qu’on nous dise clairement s’il faut aller jusqu’à fin mars ou avril  pour que nous puissions avancer dans nos projections et se préparer", commente-t-elle.

Sabine Ferrand déplore de ne même plus entendre le mot "discothèque" dans les discours de l’exécutif. "On peut comprendre que c’est grave, qu’il y a des mutations du virus, mais on nous fait bien sentir que nous ne sommes pas la préoccupation du moment. Il va falloir ouvrir le livre à la bonne page et s’occuper de nous correctement."

Les discothèques sont fermées depuis 10 mois et la gérante ne se fait aucune illusion sur une réouverture au printemps comme espéré auparavant. Et quand bien même cela serait possible, les nouvelles habitudes de consommation liées à la crise et les contraintes sanitaires ne permettraient pas, selon elle, de reprendre une activité normale : "On a besoin de poser des stratégies. C’est peut-être le moment d’ouvrir des tables rondes et de dire voilà… vous ne pourrez peut être plus jamais ouvrir dans les mêmes structures ou dans les mêmes conditions qu’avant. De plus, nos Etablissements s’abiment, les normes de sécurité évoluent. On va devoir tout refaire et ça a des couts monstrueux", explique-t-elle.

Sabine Ferrand a proposé au gouvernement il y a plusieurs semaines, d’indemniser les gérants qui le souhaitent sur leur fonds de commerce. Bien qu’encouragés par leur ministère de tutelle à "se transformer", le rachat par l’Etat des établissements qui ne pourraient pas le faire est encore à l’étude. "Se transformer en quoi ? En bar d’ambiance ? Restaurant d’ambiance ? Mais nos structures ne sont pas toutes adaptées à ça."

Les salles de sport et de loisirs dans le doute

Du côté des salles de sport et des complexes de loisirs, on dénonce également une forme d'abandon du gouvernement. "On nous a mis dans la case 15-20% de l’économie qui peuvent aujourd’hui disparaitre", estime Guillaume Gomez, propriétaire de deux structures de sport et de Loisir à Saran (Loiret).

Lui non plus n’est pas surpris par les annonces et s’interroge désormais sur la poursuite de son activité : "J’étais avec mon expert-comptable pour valider ou non la suite de notre existence, parce qu’aujourd’hui continuer comme ça, refaire une année de cauchemar… on est en train de se manger la santé et on n’a plus trop d’espoir de voir notre activité repartir dans un avenir proche."

Les aides de l’état qu’il perçoit permettent seulement de couvrir une partie de ses charges, investissements, et emprunts. Il ne peut plus se verser de salaire depuis plusieurs mois. "On essaie de trouver d’autres activités pour essayer de vivre dans cette pandémie car on n’a plus de revenus", déplore t’il.

C’est 25 ans de notre vie. On a mis toute notre énergie dans ce projet-là, mais il vaut peut-être mieux savoir arrêter au bon moment avant de tout perdre.

Guillaume Gomez

Seule issue selon lui, une réouverture avec mise en place de mesures sanitaires strictes et de jauges de fréquentation comme entre les deux confinements. Mais il ne croit plus à l’annonce d’une date ferme de réouverture. "2000 à 3000 salles de sport vont fermer. C’est un suicide collectif et on ne peut pas pardonner au gouvernement de ne pas avoir une oreille attentive sur ce sujet."

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