Spéculation foncière: le radical Paul Giacobbi s'oppose à la liberté d'acquisition de la terre corse

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Écrit par Jean Crozier avec AFP

En prélude aux intenses débats prévus en septembre à l'Assemblée de Corse sur ce thème, sur la fiscalité, sur le statut de résident et sur la réforme des institutions, le président du conseil exécutif territorial se prononce  pour un véritable contrôle des ventes de terrains et de biens immobiliers

A quelques semaines des débats prévus en septembre à l'Assemblée de Corse sur la question foncière et le statut de résident dans l'île,  Paul Giacobbi, a répondu ces derniers jours aux nationalistes qui souhaitent de profondes réformes pour enrayer une spéculation qui fait souvent les beaux jours des organisations de type mafieux.



Paul Giacobbi, qui est aussi député PRG de Haute-Corse, a ainsi rappelé jeudi sur diverses radios qu'il souhaitait voir la constitution révisée afin notamment de mieux contrôler les ventes de terrains et de biens immobiliers.



"On ne peut plus admettre, sinon à souhaiter la spéculation et toutes les dérives qui l'accompagnent, que la terre de Corse continue à être

totalement libre d'acquisition", avait déjà déclaré M. Giacobbi mercredi au journal Corse-Matin.



Il faisait ainsi écho au parti nationaliste Corsica Libera qui, lors de ses traditionnelles "Journées internationales", dimanche à Corte (Haute-Corse)

avait rappelé, en présence d'invités de formations nationalistes dites modérées et de conseillers exécutifs de la majorité dirigée par M. Giacobbi l'urgence d'instaurer un statut de résident ayant déjà passé dix ans de manière permanente dans l'île pour accéder à la propriété.



Soulignant qu'il "faut limiter l'accès à la propriété foncière en Corse pour les non résidents", le délai pourrait, selon M. Giacobbi, être fixé "à cinq

ans de résidence ou se fonder sur l'attachement familial à la Corse afin de ne pas pénaliser les Corses de l'extérieur".



Evoquant enfin les nécessaires adaptations constitutionnelles à l'adoption de telles mesures, M. Giacobbi a rappelé qu'"il n'est pas une île française qui n'ait sa place ou son régime particulier dans la constitution".



Paul Giacobbi, ainsi qu'il l'avait déjà fait, à plusieurs reprises,  lors de séances de l'assemblée de Corse, a aussi évoqué les statuts exorbitants du droit commun  de Paris, de l'Alsace où ne s'applique pas la loi sur la séparation des églises et de l'Etat ou encore du Massif central et de son régime spécial de la propriété.



Des réformes dans le  nouveau Plan d'aménagement et de développement durable de la Corse en cours de rédaction 



L'urgence de ces mesures est soulignée par la multiplication des annulations par les juridictions administratives de plans locaux d'urbanisme (PLU) et de permis de construire déclarés illégaux après avoir été approuvés par l'Etat dans des communes, généralement littorales, où le nombre de résidences secondaires dépasse largement celui des résidences permanentes.



Le dernier PLU annulé est celui de la station balnéaire de Porto-Vecchio (Corse-du-Sud), troisième ville de Corse, où la cour d'appel administrative de Marseille a dénombré de nombreuses et graves infractions aux lois sur l'urbanisme et la protection du littoral pourtant avalisées par l'Etat.



Ces réformes s'inséreront dans un Plan d'aménagement et de développement durable de la Corse (Padduc), en cours de rédaction.

Basé sur l'économie productive et solidaire, ce plan prend radicalement à contrepied le Padduc précédent concocté et retiré par la droite avant même sa défaite aux territoriales de 2010.



Ce plan était basé sur une "économie résidentielle" encourageant l'arrivée toujours plus massive de retraités à fort pouvoir d'achat et de capitaux à l'origine souvent douteuse pour bétonner l'une des dernières zones de Méditerranée et d'Europe encore relativement préservée.

 

Pour le souverainiste Nicolas Dupont-Aignan, Paul Giacobbi est un "extrêmiste corse"
Nicolas Dupont-Aignan, député de l'Essonne et président de Debout La République, a vivement condamné jeudi l'idée avancée par le président du conseil exécutif de Corse, Paul Giacobbi (PRG), de restreindre la liberté d'acquisition sur l'île, la qualifiant de "ségrégation".



"Autant dire que cela revient à créer un régime ségrégationniste en Corse", s'est ému Nicolas Dupont-Aignan dans un communiqué.



"Une telle xénophobie n'est pas plus acceptable pour un étranger qu'elle ne l'est entre Français", a-t-il poursuivi, déplorant une "provocation scandaleuse", une déclaration "bien entendu anti-constitutionnelle" dans une "République une et indivisible".



Debout La République "condamne ces déclarations" de M. Giacobbi, assurant qu'une "écrasante majorité des Corses sont profondément attachés à la République et ne veulent pas de ces régimes d'exception".



"Quelques extrémistes corses comme M.Giacobbi testent depuis quelques mois les limites de la République", estime M. Dupont-Aignan, rappelant  que "déjà en mai dernier l'Assemblée territoriale corse avait fait du corse la langue co-officielle de l'île avec le français".



"Face à cette provocation le ministère de l'Intérieur s'était fait très discret.



Aujourd'hui M. Giacobbi veut voir jusqu'où il peut aller. (...) Manuel Valls qui occupe le terrain médiatique depuis une semaine doit clarifier immédiatement la situation. L'État français ne peut laisser la République s'effriter devant ces coups de boutoir", estime le député souverainiste.

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