Un capitaine de gendarmerie, "ripou" présumé, en correctionnelle à Bastia

Détournements de saisies de drogue, séquestration, écoutes illégales..., un capitaine de gendarmerie, "ripou" présumé, comparaît à partir du mardi 1er octobre devant le tribunal correctionnel de Bastia (Haute-Corse) pour une série de délits commis en Corse, puis dans le Var.

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Drogue, séquestration et écoutes illégales

François Levan, 41 ans, surnommé "le Chinois" en raison de ses origines asiatiques, se voit notamment reprocher des détournements de saisies de drogue, la séquestration d'un individu, des écoutes téléphoniques illégales et la complicité avec des racketteurs.

Le capitaine Levan nie l'essentiel des faits qui lui sont reprochés. Mais le dossier d'instruction de quelque 70 pages fait encore état de détournement de plusieurs centaines de kilos de résine de cannabis saisis et entreposés dans les locaux de gendarmerie.

Le capitaine dirigeait l'antenne de Bastia de la section de recherches de la gendarmerie d'Ajaccio, unité dans laquelle servent les meilleurs investigateurs, avant d'être promu, en 2007, au commandement du groupement de Fréjus (Var).

Porsche et luxueuse villa dans le Var​

Dans les mois qui suivent cette promotion, c'est durant l'enquête sur une tentative de racket contre le propriétaire d'un restaurant huppé de la station balnéaire de Saint-Florent (Haute-Corse), Lucien Benvenuti, qui avait porté plainte, que l'attention des gendarmes est attirée par les comportements de l'officier.

Levan, dont les interventions auprès des militaires chargés du dossier étonnent ses camarades, est alors mis en examen. Il lui est reproché d'avoir divulgué des informations sur les investigations en cours à l'un des racketteurs présumés.

Le train de vie somptuaire de l'officier, roulant en Porsche et s'offrant une luxueuse villa dans le Var que sa seule solde d'officier ne permet pas d'acheter, et ses fréquentations douteuses conduisent en outre l'inspection de la gendarmerie à enquêter en profondeur sur son cas en 2008, un an après son départ, sur ses activités en Corse.

100 euros par jour et par personne écoutée

L'image de la gendarmerie dans l'île avait été durablement ternie par le scandale d'Etat provoqué, en 1999, par l'incendie clandestin d'établissements de plage par des officiers de gendarmerie, sur l'ordre du préfet Bernard Bonnet, le très zélé successeur du préfet assassiné Claude Erignac.

L'officier aurait signé de faux procès-verbaux de destruction de la drogue, parfois antidatés, qu'il est soupçonné d'avoir ensuite revendue à son profit. Il aurait ainsi traité près de cent kilos de cannabis à Bastia, expliquant à ses subordonnés avoir lui même incinéré la drogue. Le traitement de cent autres kilos à Fréjus doit le conduire devant le tribunal correctionnel de Draguignan.

Le capitaine Levan est encore soupçonné d'avoir mis en place des écoutes téléphoniques illégales, contre espèces sonnantes et trébuchantes (100 euros par jour et par personne écoutée), pour rendre service en Corse à certaines de ses relations du milieu.

Il devra aussi répondre de la séquestration d'un livreur d'une entreprise bastiaise de téléphonie suspecté de vol par son patron, qui était en relation avec Levan et se plaignait des lenteurs de l'enquête. Séquestré, menotté et molesté, l'employé déclara aux enquêteurs avoir reconnu l'officier durant cette "séance d'intimidation".

Appartenant toujours officiellement à la gendarmerie dont il a toutefois été suspendu en attendant que la justice tranche sur son cas, il avait été mis en examen en 2009 et avait passé trois mois en détention provisoire.
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