La lutte contre la violence occupe le débat politique depuis de longues années en Corse. Tout change en 2010, lorsque l’Assemblée de Corse décide de se focaliser sur l’impact du crime organisé sur la société insulaire et une commission violence est créée. France 3 Corse Viastella vous propose 5 dates clés retraçant l’histoire et les impacts de ce dispositif.
Le 27 février prochain se tiendra une session de l’Assemblée de Corse consacrée à des échanges sur les moyens de lutter contre la mafia.
“Au-delà du débat sur la notion de mafia, il y a aujourd’hui clairement une emprise de nature mafieuse en Corse sur l’ensemble des décideurs et sur la société. Je pense qu’il faut une réaction et des réponses”, a déclaré Gilles Simeoni, président du conseil exécutif de Corse le 15 janvier dernier sur le plateau de l’émission Cuntrastu.
Alors que des propositions concrètes sont attendues, le thème de la violence occupe le débat politique insulaire depuis de longues années. France 3 Corse propose 5 dates clés retraçant les dispositifs mis en place pour tenter d’y mettre fin et leurs impacts.
Le récit de Kaël Serreri :

2010
Le président de l’Assemblée de Corse, Dominique Bucchini, prononce, le 15 décembre, un discours qui restera dans les mémoires.
“Quand la Une des quotidiens nous renvoient régulièrement l’information morbide d’une fusillade, d’un attentat, d’un assassinat. Que la proximité conduit chacun d’entre nous, de proche en proche, à connaître ou au moins à situer les familles, malheureusement touchées par ces actes”, déclare-t-il dans l'hémicycle.
La violence est toujours le grand mal de l’île, mais les débats ont changé. Après les années de plomb de la guerre entre nationalistes, c’est désormais la grande criminalité qui occupe le devant de la scène.
Avec un taux d’homicides record cette année-là, la Corse décroche une triste médaille. Elle est désormais la région d’Europe où on tue le plus.
2011
Création d’une commission violence sous la houlette de Dominique Bucchini. Dans toute la Corse, les élus vont aller à la rencontre des élèves dans les établissements scolaires pour les interroger sur leurs attentes et les sensibiliser à la question.
2012
La commission violence rend son premier rapport. Assassinats, drogue, rackets et spéculation immobilière sont toujours dans le viseur. Mais les élus veulent aussi miser sur la prévention et sur le social. Ils en appellent à la société civile pour les aider au diagnostic.
2015
Le 30 octobre, la commission violence présente le deuxième volet de son rapport à l’Assemblée de Corse. Dans l’hémicycle, la majorité est alors à gauche et l’opposition à droite. Côté nationaliste, les oppositions politiques restent marquées.
Une chose fait pourtant consensus : la nécessité de ces échanges. Les oppositions politiques restent marquées entre les nationalistes. La majorité est alors de gauche et l’opposition de droite. Une chose fait pourtant consensus : la nécessité de ces échanges. “Je voudrais me réjouir de l’initiative que vous avez prise Monsieur le président. Parce qu’on ne pouvait pas rester au niveau de la représentation régionale sans réaction”, déclare alors Antoine Giorgi, conseiller territorial Uniti per a Corsica.
2019
Si la coalition Femu a Corsica accède aux responsabilités en décembre 2015, et que Dominique Bucchini abandonne donc son siège de président de l’Assemblée de Corse, il faut attendre 2019 pour que la lutte contre le crime organisé reprenne une place centrale dans le débat public.
L’assassinat de Maxime Susini, à Cargèse, et la création de deux collectifs anti-mafia, poussent ainsi la représentation politique à se positionner. “Ce contexte d’ensemble, nous amène les uns et les autres et très certainement à notre corps défendant vers des jours sombres. Si nous ne faisons rien, les jours sombres vont venir”, lance Gilles Simeoni, président du conseil exécutif de Corse, dans l’hémicycle de l’Assemblée de Corse en novembre 2019.
Il promet une session spéciale de l’Assemblée de Corse. Mais la crise du Covid et les élections reportent le rendez-vous. La session spéciale se tiendra finalement en novembre 2022 et une motion est adoptée. Des groupes de travail, en ateliers, sont lancés et donnent lieu à des préconisations présentées en 2023.