Alors que la grippe 2024 est particulièrement mauvaise, le taux de vaccination n'a jamais été aussi bas. Une tendance inquiétante d'autant qu'elle est calculée sur les populations à risque, les + de 65 ans et les moins de 65 ans vulnérables. En Corse, le décrochage est particulièrement important.
À la maison de santé de Bastelicaccia, ce jour-là, la journée est pleine de rendez-vous. Dans la salle d'attente, plusieurs personnes ont plus de 65 ans.
Pour elles, la vaccination contre la grippe est recommandée et remboursée par la sécurité sociale. Mais tout le monde ne veut pas en profiter. “Je me suis fait vacciner pour le Covid, une fois, et là, je n’ai pas envie qu’on m’injecte encore un vaccin dans le corps”, explique une des patientes.
À la fin de la première campagne, fin novembre 2024, la vaccination contre la grippe chez les personnes à risque a encore reculé de 3 points par rapport à l'an dernier.
Première explication : “Depuis que les médecins traitants ne sont plus en première ligne dans le suivi et dans la vaccination et qu’on a laissé ça à la main du patient avec l’aide des infirmiers libéraux et des pharmaciens, ce patient ne prend pas forcément la décision de se faire vacciner de lui-même”, estime Augustin Vallet, médecin généraliste.
L’impact de la séquence Covid
Mais la séquence Covid est aussi passée par là : vaccination à tour de bras, controverses sur les vaccins, sur la politique gouvernementale, la désinformation de Didier Raoult qui est depuis interdit d'exercice...
L'impact de la période sur la vaccination, grippe comprise, se lit dans les chiffres nationaux de tout le Sud-Est. “Le taux de couverture vaccinale contre la grippe était à peu près stable, voire en légère augmentation jusqu’à la période du Covid. Sur la saison du Covid 2020-2021, il avait nettement augmenté, depuis, il est en baisse toutes les différentes saisons”, détaille Guillaume Heuzé de Santé publique France.

C'est particulièrement vrai en Corse. Depuis 2017, le taux de vaccination antigrippe pour les population-cibles n'a cessé de baisser. Enfin, en 2017, l'écart entre la moyenne nationale et la Corse était de 4 points. Il s'est encore creusé et a doublé en 2024.
À l'agence régionale de santé, on se veut rassurant. “On réunit l’ensemble des professionnels concernés par cette problématique de la vaccination et on refait passer les messages. On les réinterroge sur les bonnes pratiques, ou sur les actions de sensibilisation qui leur paraissent les plus à même de convaincre ces populations à risque de se faire vacciner”, soutient Matthieu Mechain, directeur adjoint de la structure.
Seul point positif, dans les EHPAD, la couverture vaccinale, dépasse en Corse, les 80 %.