En mai 1952, Monseigneur Roncalli fait une visite en Corse au titre de nonce de France, c'est-à-dire d'ambassadeur. À ce moment-là, les Corses ne le savent pas, mais l'homme deviendra le pape Jean XXIII.
Le 29 octobre 1958, le pape Jean XXIII succède à Pie XII. Ce pape aux airs de curé de campagne va profondément réformer l’Église catholique en convoquant le Concile Vatican II. C’est notamment grâce à lui que la messe ne se fera plus en latin et que le prêtre ne tournera plus le dos aux fidèles.
Avant d’atteindre le sommet de la hiérarchie ecclésiastique, Jean XXIII était encore Angelo Roncalli. En 1952, alors qu’il est encore nonce apostolique de France, soit ambassadeur de la papauté, il effectue un voyage en Corse.
Selon l’historien, directeur d’études à l’École pratique des hautes études, Denis Pelletier : “Il est très content d’y être parce qu’il y retrouve notamment quelque chose de l’Italie. Cela se joue dans les paysages, dans les noms propres, dans le nom des personnes et dans la culture populaire.”
Présence de la dernière miraculée officielle
Cette visite est organisée à la demande des Franciscains afin que le nonce apostolique assiste aux cérémonies de couronnement de Notre-dame de Lavasina. Pour l’occasion, une foule d’environ 30.000 personnes se pressent sur la place Saint-Nicolas à Bastia. Au premier rang, se trouve même la dernière miraculée officielle, Julie de Smet, qui a instantanément guéri d’une ostéite après avoir invoqué la sainte en 1948.
Alors âgé de 22 ans, Gaston Pietri rencontre le nonce lors d’un déjeuner à Calenzana. Il se souvient d’un homme “agréable” et qui “aimait bien raconter des anecdotes”. “Il aimait les petites blagues”, se remémore le prêtre.
Outre Bastia, Angelo Roncalli recevra également un accueil triomphal à Corte et à Ajaccio. “On a dans son journal personnel environ quatre ou cinq pages où il dit comment il a été bien accueilli, comme il est content, comme il y avait de la foule pour le recevoir, comme il a rencontré des jeunes gens. C’est une rencontre qui se passe manifestement très bien”, détaille Denis Pelletier.
Quelques mois après sa visite Monseigneur Roncalli sera nommé archevêque de Venise. Une fois pape, il ne connaîtra pas l'achèvement du concile Vatican II puisqu'il meurt en juin 1963 d’un cancer de l’estomac.
En 2014, l'homme rondouillard et jovial qui avait tant apprécié les Corses, est canonisé en même temps que Jean-Paul II par le pape François.
Le reportage de Caroline Ferrer et Franck Rombaldi :