« Ma mort m'appartient ». C'est un hashtag et le mot d'ordre de l'Association pour le Droit de Mourir dans la dignité. Son, président, Jean-Luc Romero Michel, était à Ajaccio ce samedi. Il milite pour la légalisation de l'euthanasie, le suicide assisté et l'accès pour tous aux soins palliatifs.
Delphine Leoni / France 3 :Vous êtes président de l’Association pour le droit à mourir dans la dignité. Quel est le but de ces réunions en Province ?
Jean-Luc Romero Michel : C’est à la fois de mobiliser nos militants qui se battent pour une loi d’ultime liberté et en ce moment particulièrement de rappeler qu’on meurt très mal en France donc qu’il faut une nouvelle loi. On s’adresse aussi aux politiques et notamment au législateur parce que ce sont eux qui peuvent voter une nouvelle loi.
Vous militez pour une nouvelle loi visant à légaliser l’euthanasie et le suicide assisté et à assurer l’accès universel aux soins palliatifs. Les lois existantes ne sont-elles suffisantes ?
Le problème de ces lois c’est qu’elles ont été faites par des médecins pour des médecins et elles ne placent pas la personne en fin de vie au centre de la décision. Si cette personne veut mourir le plus tard possible elle doit être respectée, elle ne l’est pas aujourd’hui. Il y a des personnes qui sont « aidées » sans rien demander, il y a des dérives très graves. De l’autre côté, il faut permettre à ceux qui n’en peuvent plus de pouvoir partir. On est dans une République laïque. On a le droit de mourir quand on le souhaite dans la dignité. Il n’y a pas de principe supérieur qui nous oblige à mourir le plus tard possible – et notamment dans la souffrance.
Est-ce qu’aujourd’hui le vent politique est favorable à l’évolution de la loi ?
Pas la ministre de la Santé. Mais au Parlement, on a dans tous les groupe, de la droite à la gauche, des personnes qui y sont favorables. D’ailleurs, dans le groupe majoritaire près de 200 députés ont signé une proposition de loi pour légaliser l’euthanasie et le suicide assisté. Donc le moment est favorable.
Est-ce qu’en territoire méditerranéen, où la religion catholique a encore une forte influence sur les modes de pensée, votre message est facile à faire passer ?
Malheureusement l’Église catholique a beaucoup d’influence sur les politiques mais pas sur les gens. Le sondage du journal La Croix dit que 72% des catholiques pratiquants –qui vont à la messe régulièrement- sont favorables à la légalisation de l’euthanasie. Les gens veulent pouvoir décider. Ils savent qu’il y a parfois des souffrances- je pense à la maladie de Charcot, avec Anne Bert, ils n’ont pas forcément envie d’avoir cette agonie. Et bien s’ils ne la veulent pas ils ont droit de choisir le moment et la manière de mourir.