Au lendemain de la visite du pape François en Corse, Stéphane Sbraggia, maire d'Ajaccio, est revenu sur cette journée particulière pour la ville qu'il administre. Il était l'invité du Corsica Sera du lundi 16 décembre.
France 3 Corse ViaStella : Vous êtes le maire de la commune qui a accueilli le pape François en Corse. On vous a vu lui serrer la main à au moins deux reprises, quand il est arrivé devant la mairie, puis à l’aéroport d’Ajaccio quand il est reparti pour Rome. Qu'est-ce que vous avez ressenti ?
Stéphane Sbraggia : J’ai ressenti beaucoup de fierté, de l'émotion. C'était quelque chose qu'on ressentait avant l'événement, mais le fait de le vivre donne une dimension un peu irréelle. Et c'est vrai que cette halte devant l'hôtel de ville n'était pas prévue. C'était donc quelque chose d'assez surprenant. On est vraiment remporté par quelque chose qui nous dépasse. En tant que maire, j'avais conscience que l'événement qu'on allait vivre allait être de dimension historique. Mais de le vivre, c'est vraiment quelque chose de très particulier.
Dimanche dernier, sur l'ensemble de la journée, il n’y a pas eu de tensions. Il y a eu une entente quasi parfaite entre tous les acteurs. Était-ce un vrai moment suspendu ?
Oui, c'était un moment suspendu. J’en discutais avec le préfet : ce qu'on a réussi à faire, normalement, c'était infaisable. Cela a été possible parce que j'ai été entouré de gens qui ont mis du cœur à faire cet événement. Que ce soit mon premier adjoint, l'ensemble des élus, des équipes de la ville, de la Capa, chacun a mis son cœur, chacun voulait, à son échelle, mettre sa pierre à un événement qu'on voulait tous réussir. Et c'est pour ça que ça a été possible parce que, en quatre semaines, vous ne pouvez pas vous organiser. Marseille a mis neuf mois (la ville avait accueilli le pape en septembre 2023, ndlr)...
Cette énergie-là et ce cœur ont permis cette intelligence collective. Et puis la collaboration, je dirais spontanée, avec les services de l'État, avec le diocèse... Il y avait surtout un élément qu'on n'avait pas évalué - mais moi je le savais parce que je l'ai vu dans d'autres circonstances - c'était le comportement de la population. Il y a eu une spontanéité - vous l'avez tous relevée - et des forces de l'ordre déployées avec un dispositif impressionnant, mais on a vu des gens sereins. Il n'y a pas eu de dérapage, il y a eu vraiment une spontanéité populaire qui s'est exprimée. Et ça, c’est formidable.
Invité du Corsica Sera du 16 décembre, Stéphane Sbraggia a répondu aux questions de Jean-André Marchiani :
Plus de 200 journalistes étrangers étaient accrédités. Les images d'Ajaccio ont fait le tour du monde. Attendez-vous des retombées économiques à court, moyen ou long terme ? Avez-vous déjà, par exemple, des réunions prévues avec l’office de tourisme de la ville ?
Oui, on en discute parce qu'on a conscience qu’il y a un après "15 décembre". Effectivement, ce rayonnement dont on a bénéficié, avec une capitale régionale qui est devenue une capitale mondiale, c'était aussi l'occasion de rappeler notre histoire, de mettre en avant un certain nombre de points singuliers qui sont de nature à apporter un autre regard sur notre territoire et bien sûr la Corse plus largement. Évidemment, il faudra le capitaliser parce que, c'est normal, ce passage-là doit laisser des traces. Il doit peut-être nous permettre, effectivement, d'améliorer un certain nombre de choses qui seront bénéfiques pour l'ensemble du territoire.
Il y a eu le temps liturgique puis le temps politique. On vous a vu échanger à l'aéroport avec le pape et avec Emmanuel Macron qui a rencontré le souverain pontife à Campo dell'Oro en toute fin de journée. Quelle a été la teneur de vos échanges ?
Avec le pape, c'étaient des remerciements pour le bonheur qu'il a permis au cours de cette journée. Moi j'étais très touché par des visages émus. Ces images aussi avec cette dame âgée que je connais, ces enfants, ces larmes de joie...
Et avec Emmanuel Macron ?
C’était très rapide. Le président n’était pas venu pour voir le maire d'Ajaccio, même s'il devait y avoir un entretien. On lui a simplement témoigné de l'émotion qui était la nôtre et c'était bien dommage qu’il n’ait pas pu assister à ces événements.