Adopté par l'Assemblée de Corse, un programme tente de reconquérir l'île de Cavallo

Ce vendredi 31 janvier, l'Assemblée de Corse a adopté le schéma territorial des espaces naturels sensibles 2025-2034. L'île de Cavallo a notamment été choisie comme site pilote, étape supplémentaire dans la volonté de la puissance publique de reprendre la main sur "l'île aux milliardaires".

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L’Assemblée de Corse a, ce vendredi 31 janvier, adopté à l’unanimité le schéma territorial des espaces naturels sensibles de Corse 2025-2034.  

Un document de près de 300 pages qui vise à “concilier des objectifs de préservation de ces zones et leurs usages humains”, selon Guy Armanet, conseiller exécutif en charge de l’environnement.  

Six sites ont ainsi été désignés pilotes, parmi lesquels la très symbolique île de Cavallo, rattachée à la commune de Bonifacio, où un plan d’aménagement de près de 430.000 euros va être déployé. Il comprend notamment la création d’un sentier et un accès à Cala di u Grecu.

 

Illustration de l'Assemblée de Corse, jeudi 29 février2024. © Morgan Plouchart / FTV

"Là où règne la logique de l’argent roi" 

Dans l’hémicycle, le programme n’a suscité aucun débat. Lors des prises de parole des différents groupes, Josepha Giacometti-Piredda, non-inscrite affiliée au parti indépendantiste Nazione, a souligné la “nécessité de soustraire des espaces sensibles, notre patrimoine, aux logiques et pressions de tous ordres : climatiques, anthropiques, spéculatives et où règnent les logiques de l’argent roi. 

Le président du groupe Avanzemu, Jean-Christophe Angelini, a également soutenu la démarche. “Nous rejoignons cette volonté politique de reprendre pied sur cette île longtemps lieu de non-droit, a-t-il déclaré. Mais ça ne nous exonère pas, ça nous engage à la faire vivre de façon plus nette avec les acteurs du territoire et les acteurs privés. Il y a une pression touristique et économique qu’il nous faut réguler et planifier. 

Préemption  

Ce choix révèle, une fois encore, la volonté de la collectivité de Corse de reprendre la main sur “l’île aux milliardaires”, copropriété privée, où l'accès est interdit au public.  

C’est un document essentiel et stratégique, a soutenu ce vendredi à l’Assemblée de Corse le président du conseil exécutif de Corse, Gilles Simeoni. Sur le plan politique, la compétence des espaces naturels sensibles était celle des conseils départementaux, et la situation était hétérogène. En Corse-du-Sud comme en Haute-Corse, au 1er janvier 2018, il n’y avait aucun document de planification, de gestion, d’articulation. Il fallait le faire, on a pris du retard. 

La première parcelle publique de l'île de Cavallo. © Capture écran / France 3 Corse ViaStella

En 2018, un premier pas avait été effectué lorsque l’institution avait fait valoir son droit de préemption sur une parcelle où se trouve notamment le restaurant “La Ferme”. Un établissement exploité par une société dont le promoteur Anthony Perrino, mis en examen dans le volet financier d’une enquête portant sur la bande criminelle dite du Petit Bar, est une figure.  

Finalement, début 2019, la région avait acheté ce vaste terrain de 3,3 hectares pour deux millions d’euros. Un droit de préemption avait également été déclenché, en 2023, avec l’acquisition de deux parcelles jouxtant le premier.   

Enquête ouverte pour “concussion” 

Mais un rapport de la chambre régionale des comptes (CRC), publié en janvier 2024, avait reproché à la collectivité de Corse d’avoir, d’une part, acheté la parcelle de 3.3 hectares sans avoir eu “l’ensemble des informations juridiques”, en l’occurrence “la présence d’un restaurant en activité sur le site”. Ainsi, "un bail commercial lui interdit de disposer du terrain jusqu'au 31 décembre 2026", empêchant tout "aménagement en vue de son ouverture au public". 

D’autre part, la CRC signalait que la collectivité avait décidé “de ne pas recouvrer aucun (des) loyers annuels dus par son locataire”, soit un manque à gagner de “20.000 euros par an”.  

Si, en réponse, Gilles Simeoni, assurait avoir voulu, avec cette acquisition, "permettre à l'ensemble des pouvoirs publics de rétablir l'état de droit sur l'île de Cavallo, symbole et archétype de la spéculation foncière et immobilière (...) et des transactions financières occultes pendant des décennies", une enquête avait été ouverte, en février 2024, par le parquet de Bastia pour “concussion”.  

De petites avancées 

Malgré ces déboires, les volontés affichées de reconquête du bastion Cavallo avancent à petits pas. En 2026, la mairie de Bonifacio devrait récupérer la gestion de son port, unique porte d’entrée de  “l’île aux milliardaires”. Une structure exploitée depuis 30 ans par une société privée à travers une convention de gestion. 

De plus, le nouveau plan local d’urbanisme de la municipalité prévoit de ne plus autoriser la construction de nouveaux bâtiments sur l’île.  

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