Le tribunal correctionnel de Bastia a condamné mardi Laurent Peraldi, ancien maire de Corrano (Corse du Sud), à 4 ans de prison dont 2 avec sursis et 10 ans d'inéligibilité, dans une vaste affaire de trafic d'influence, corruption et détournement de fonds publics.
L'ancien élu a également été condamné à une amende de 50 000 euros. Le tribunal qui n'a pas prononcé de mandat de dépôt, a relaxé Laurent Peraldi pour les délits de vol et de subornation de témoins.
Trois entrepreneurs et une employée de mairie étaient également poursuivis. La tribunal a prononcé des peines d'un an de prison avec sursis pour la secretaire de mairie à 18 mois de prison avec sursis et 5 000 euros d'amende à l'encontre de deux entrepreneurs. Le troisième a été relaxé.
Fausses factures et faux devis
Celui qui fut maire de Corrano, petit village de la Corse du sud, pendant 36 ans, était accusé d'avoir détourné, pendant ses mandats, près de 500 000 euros de 2007 à novembre 2013, date de sa mise en examen.La justice reprochait à l'élu local la mise en place d'un système uniquement destiné à l'enrichir personnellement. Pour y parvenir, l'élu aurait usé de fausses factures et faux devis de travaux jamais réalisés par la commune. Il aurait aussi fait voter par son conseil municipal des subventions indues pour ses proches.
"Il fallait donner plus pour qu'il arrose"
Dans ce système, quatre autres personnes étaient impliquées selon la justice : trois entrepreneurs et une employée de mairie. Contrairement au principal accusé, ces quatre personnes étaient présentes à l'audience début novembre. Et toutes ont évoqué la pression que leur faisait subir Laurent Peraldi."Il appelait tout le temps pour dire de monter au village porter des chèques", a expliqué un chef d'entreprise à la barre. Des propos corroborés par un autre prévenu. "Il disait : pour avoir des chantiers, faut arroser à droite à gauche. Donc, il fallait donner plus pour qu'il arrose."
La secrétaire de mairie a quant à elle parlé d'engrenage, murmurant qu'elle ne pouvait dire non à cet homme autoritaire qui lui faisait faire de fausses factures à son profit.
Dix ans d'inéligibilité requis
S'il a reconnu la plupart des faits lors de ses auditions, Laurent Peraldi a toujours nié avoir exercé de telles pressions sur les autres personnes impliquées dans ce dossier.Pour expliquer ses actes, son avocate a invoqué des troubles psychiatriques. Elle s'est attachée à recadrer la responsabilité de son client, qui a passé quatre mois en détention après son interpellation, sollicitant la clémence du tribunal.
L'avocat général avait requis la condamnation des cinq prévenus : six mois avec sursis pour la secrétaire de mairie avec l'interdiction d'occuper une fonction publique pendant 3 ans, un an avec sursis pour les entrepreneurs; Deux ans de prison, dont un an ferme contre Laurent Peraldi, assortis de dix ans d'inéligibilité.
Le tribunal est allé au-delà de ces réquisitions.