Ils sont huit à s'élancer dans la course à la mairie d'Ajaccio, ce dimanche. Des candidats de tous bords politiques qui espèrent convaincre le plus grand nombre d'électeurs. La plus grande inconnue du scrutin : le taux d'abstention, dans une période marquée par les inquiétudes autour du coronavirus.
Les bureaux de votes ont ouverts à 8h, ce matin. 35 567 personnes sont inscrites sur les listes électorales.
LE DIRECT
19h - Nombre de candidats ont fait savoir que, peu importent les résultats, ils n'ouvriront pas, ce soir, leur permanence.
18h - Dernière heure avant la clôture du premier tour des élections à Ajaccio. Mais au bureau centralisateur comme dans tous les autres bureaux de vote de la cité impériale, depuis le début de l'après-midi, les électeurs arrivent au compte-goutte. Avec parfois des délais de plusieurs dizaines de minutes avant qu'une personne ne se présente pour voter.
Le nombre de votants est inférieur de moitié à celui de 2014 à la même heure.
Deux inscrits sur trois ne se sont pas déplacés.
17h - "Je suis allée voter parce que ça fait partie de mes obligations et de mon devoir en tant que citoyenne, glisse cette mère de famille Ajaccienne. Mais je suis contre le maintien de ces élections. Je pense que le gouvernement a fait une vraie erreur. J'espère vraiment qu'on ne notera pas une augmentation aïgue du nombre de cas confirmés dans la semaine..."
Je suis allée voter parce que ça fait partie de mes obligations et de mon devoir en tant que citoyenne, mais je suis contre le maintien de ces élections. Je pense que le gouvernement a fait une vraie erreur. J'espère vraiment qu'on ne notera pas une augmentation aïgue du nombre de cas confirmés dans la semaine...
16h30- Plusieurs personnels du service de réanimation d'Ajaccio appellent à ne pas aller voter pour ces élections municipales.
16h15 - Seulement 32% de participation à 16h à Ajaccio, soit 25 points de moins qu'il y a six ans, à la même heure.
16h05 - Si dans les bureaux de vote ajacciens, les électeurs se font rares, pas question de relâcher son attention pour les techniciens de France 3 Corse Via Stella, mobilisés sur place depuis ce matin pour vous apporter en temps voulu les dernières informations.
16h - Grosse période creuse au bureau centralisateur d'Ajaccio. La matinée, les assesseurs ont alterné entre période de rush et de vides.
15h20 - "On dit à tout le monde : faites attention, n'allez pas voter, [cette maladie] est grave, et résultat ? On bat des records de participation. Je suis dégoûté." Cet après-midi, nombre d'internautes, comme cet Ajaccien, ont déploré les taux de participations corses, largement supérieurs à la moyenne de la France métropolitaine. "Les gens n'ont rien compris à ce qui est entrain de se passer. Vous avez vu ce qui se passe en Italie ? C'est ce qui nous attend la semaine prochaine" grince cette jeune femme, quand une autre lui répond : "Les Corses ça dit quelque chose, ça fait l'inverse. Nos pauvres grands-parents."
12h - Le taux de participation à midi en Corse-du-Sud est de 25,22%. C'est un taux plus faible qu'en 2014 : il était alors de 29,3%. Mais plus élevé que la moyenne en métropole, située à 18,38%, contre 23,16% en 2014.
11h45 - Pour Jean Canarelli, à la tête du laboratoire d'analyse qui effectue les tests de dépistage du coronavirus en Corse, les conditions de vote dans le bureau de la mairie d'Ajaccio "sont très rassurantes". "Aujourd'hui, estime-t-il, on prend plus de risque en allant acheter du pain qu'en venant voter ici."
Aujourd'hui, on prend plus de risque en allant acheter du pain qu'en venant voter ici.
Ici, les dispositifs de sécurité sont ainsi respectés à la lettre par les assesseurs : l'un d'entre eux s'occupe notamment de nettoyer isoloirs et rampes après chaque votant.
11h40 - Un personnel de santé, venu voter à la mairie, déplore trouver gels et masques à foison dans les bureaux de vote, quand ceux-ci manquent sévèrement depuis plusieurs jour au sein de son activité.
11h30 - Certains électeurs ont pris des précautions supplémentaires avant d'aller voter. Masques, gants, "tout ce qui peut faire barrage au virus est bon à prendre" souffle un jeune homme.
11h - Michel Ciccada, tête de liste "Ajaccio-Ras-Le-Bol" annonce ne pas voter pour ce première tour des élections municipales. Il appelle ses électeurs à faire de même, face aux "risques liés au coronavirus".
10h45- Patricia Curcio, candidate aux élections municipales, indique que la liste "Ajaccio Citoyen" ne comprends pas la décision du Premier ministre de maintenir les élections municipales. Une mesure, qui, estiment-ils, "met en danger toutes les citoyennes et tous les citoyens de France". "Alors que notre région, et plus particulièrement Ajaccio, est fortement touché par le Covid-19, nous approuvons la demande des 6 présidents de région, dont le président Gilles Siméoni, d'annulation de ces élections. La vie et la santé de la population doivent primer sur l'intérêt économique. Ce scrutin sera sûrement entaché par un fort taux d'abstention qui n'honorera pas le ou la maire qui sortira vainqueur de cette élection."
Hier, samedi, Michel Ciccada, tête de liste "Ajaccio Ras-Le-Bol" a également invité "ses amis" à ne pas aller voter. "La vie des gens [passe avant les élections. On ne veut pas mettre les gens en péril, c'est trop dangereux" a-t-il indiqué.
10h30 - Jean-André Miniconi, tête de liste de "Aiacciu pà tutti", a voté.
10h20 - Le flot d'electeurs dans les bureaux de vote est "régulier" assurent les assesseurs. Les électeurs sont cependant peu nombreux.
10h15 - Jean-Marc Lanfranchi, tête de liste "Aiacciu in Cori", a voté au bureau de vote Pascal Rossini.
9h30 - François Filoni, tête de liste "Ajaccio change de visage" a voté ce matin au bureau des Salines. Il fait partie des élus qui ont demandé, hier, samedi, le report des élections municipales.
9h - Après la première vague d'électeurs à l'ouverture, les bureaux sont désormais moins rempli, voire même vides par endroits. "On a invité les gens à venir voter dans les périodes creuses pour éviter de croiser trop de monde, mais au final, tout le monde vient voter dans les périodes creuses, donc ça n'a plus beaucoup d'intérêt" souffle un assesseur.
8h30 - Laurent Marcangeli, maire sortant et candidat à sa réélection, a voté au bureau de la mairie.
8h - Dans le bureau de vote de la mairie d'Ajaccio, comme partout en France, les portes ont ouverts à 8h. Ici, 951 électeurs sont inscrits pour voter.
Et, chose peu commune en temps d'élections municipales, une trentaine d'électeurs se sont rendus sur place dans les premières minutes pour voter. Certains avaient suivi les recommandations et amené leur propre stylo noir ou bleu, "mais pas les enveloppes, je n'ai pas reçu la mienne pas la poste", glisse cet électeur. D'autres sont venus encore plus préparés : cette électrice, ainsi, avait pris soin de mettre un gant chirurgical, "un seul, je pense que c'est suffisant, pour la main avec laquelle je vais voter".
LE CONTEXTE
L'épidémie de Covid-19, nouveau coronavirus, aura-t-elle raison de la mobilisation lors de ces élections municipales ? En 2014, ils étaient 24.188, sur 33.933 inscrits, à avoir voté pour le premier tour à Ajaccio, portant ainsi le taux de participation à 71,28%.
Un score largement au-dessus du taux de participation moyen français, qui était de 63,55%. Mais les chiffres risquent fort de dégringoler cette année, notamment en raison des inquiétudes des Ajacciens et Ajacciennes quant à un potentiel risque d'être contaminés en allant voter.
Dans les 41 bureaux de vote d'Ajaccio comme partout en France, des précautions ont été mises en place : affiches rappelant les mesures barrières, solution hydroalcoolique en libre disposition ou encore stylos individuels pour les votants, ouverture des bureaux jusqu'à 19h contre 18h habituellement... Tout a été pensé pour rassurer la population et s'assurer du bon déroulé des élections. Reste à savoir si ces mesures seront suffisantes - et alors que de nombreux électeurs et élus appellent au report du scrutin - pour convaincre un maximum d'électeurs de glisser leurs bulletins dans les urnes, ce dimanche 15 mars.
Huit listes en présence
Cette année, ils sont huit à prétendre à la maire d'Ajaccio. C'est une liste de plus qu'en 2014, et un vaste choix pour les 35 567 personnes inscrites sur les listes électorales.Pour Laurent Marcangeli, le maire sortant, l'enjeu est gros : pourra-t-il rempiler pour un second mandat, et ainsi faire qu'Ajaccio reste, pour les six prochaines années, le bastion de la droite insulaire ? En 2014, il avait été élu au second tour avec 47,11% des voix, face à celui qui était alors le maire sortant, Simon Renucci, et à la liste nationaliste de José Filippi.
Ce 15 mars, c'est à la tête d'une liste divers droite, "Fieri d'esse aiaccini", et armé d'un programme ambitieux combinant une vingtaine de projets d'un budget de 204 millions d'euros que Laurent Marcangeli espère se faire réélire.
Face à lui, sept adversaires bien décidés à lui ravir sa place.
Certains l'ayant même cotoyés de très près pendant des années : c'est le cas de François Filoni, ancien adjoint à la propreté urbaine et à la police municipale de Laurent Marcangeli, et désormais candidat aux municipales contre lui, avec sa liste "Ajaccio change de visage". Déjà candidat en 2014, il avait alors été battu au premier tour, avec 2,6% des suffrages, avant de se rallier à Laurent Marcangeli au second tour.
Objectif cette année, créer la surprise, Avec une liste sans étiquette, mais qui a reçu le soutien du Rassemblement national. Un soutien bienvenu et cohérent dans sa démarche pour François Filoni : "J'ai composé une liste qui rassemble toutes les composantes de la société ajaccienne. Ma liste est sans étiquette, je veux rassembler et non désunir. [...] Je ne suis pas membre du Rassemblement National, mais des gens du RN nous ont rejoint. Nous les acceptons, on a besoin de cohésion, on a besoin d'un Ajaccio qui se bat pour aller de l'avant."
De l'autre côté de l'échiquier politique, on espère bien faire repasser Ajaccio sous dans l'escarcelle de la gauche. Etienne Bastelica, et ses colisters d'"Una cità ghjusta" entendent bien démontrer que la famille gauche ajaccienne est toujours là, et bien déterminée à se faire entendre.
Ce 15 mars, il peut compter sur le soutien de quelques visages incontournables de la gauche à Ajaccio, tels que Paul-Antoine Luciani et François Casasoprana. Et Etienne Bastelica en est convaincu : "La gauche n'est pas à terre. Notre appel n'a pas été entendu par tout le monde, mais nous sommes là, debout." Avec comme grands axes de son programme pour ces élections municipales le logement social, la grande voirie ou encore l'écologie.
Cette année, ce n'est pas une, ni deux, mais bien trois listes nationalistes, ou teintées d'une forte couleur nationaliste qui sont également en course pour ces municipales.
L'avocat Jean-Marc Lanfranchi mène ainsi la liste de Core in Fronte, "Aiacciu in Cori". Le nationaliste et indépendantiste ambitionne notamment, s'il ravit la place au maire, de refuser tout nouveau permis de construire.
Une position à contre-courant, quand la population à Ajaccio, plus grande ville de Corse avec plus de 70.000 habitants, ne cesse d'augmenter : "Il faut des logements à Ajaccio, mais il faut arrêter de nous servir ce leurre sempiternel. Il faut des logements, c'est vrai, mais on peut le faire différemment. S'inspirer de l'Italie par exemple. Rénover l'existant, y compris notamment les logements sociaux. La ville a la capacité de préempter un certain nombre de bien laissés vacants."
Jean-François Casalta, et ses colistiers de "Pà Aiacciu", défendent de leur côté les couleurs de Corsica Libera et du PNC. Objectif pour l'avocat : "arriver en tête tout court", et pas seulement en tant que première liste nationaliste des suffrages.
L'union, elle sera pour le second tour, si le candidat y parvient, et elle sera nécessaire, il en convient : "Nous avons toujours été pour l'union, nous l'avons été avant, nous le sommes pendant, et nous le serons après [...] Nous nous tournons naturellement vers notre famille politique, les nationalistes. Il n'y a pas de raison pour que l'union ne soit pas possible. Elle le sera d'après tous les échos que nous entendons."
Jean-André Miniconi mène la liste "Aiacciu pà tutti", sans étiquette mais soutenue par Femu a Corsica.
Durant sa campagne, le candidat s'est montré très critique du dévellopement de la ville engagé par la municipalité "Ajaccio a énormément construit, pas pour les Ajacciens, mais pour faire des produits financiers. Ces constructions sont destinées aux personnes qui achètent des appartements en loi de défiscalisation, et qui, après, les louent. C'est une bulle artificielle qui s'est créée, c'est elle qui amène du monde".
S'il était élu, il l'affirme : "Je demanderai la révision totale du plan local d'urbanisme dès le premier mois. C'est un PLU de promoteur qui ne respecte pas les intérêts des Ajacciens."
Restent enfin les listes dites "citoyennes" : elles sont deux à Ajaccio, et portent la voix "des travailleurs" et autres "oubliés" des partis politiques.
La première, c'est "Ajaccio Ras-le-Bol", menée par Michel Ciccada. Un nom pour le moins explicite et un candidat bien décidé à apporter un vaste changement dans la politique de la plus grande ville de Corse.
Avec quatre candidatures aux élections municipales ajacciennes, Michel Ciccada fait presque figure de candidat historique. Et s'il ne n'a pas le profil type de l'homme politique, sa démarche, assure-t-il, est on ne peut plus sérieuse. "La ville d'Ajaccio est en souffrance. C'est la misère. Notre liste n'est pas faite pour rigoler, martelle-t-il. C'est une liste costaude, qui compte des personnalités connues à Ajaccio. Et nous ne manquons pas de propositions concrètes et sûres à 100 % pour aider la ville".
Dernière en lice, Patricia Curcio. Seule femme candidate aux élections de la ville, celle qui a longtemps milité pour la France Insoumise entend défendre une liste "citoyenne" et "sans appartenance politique", intitulée "Ajaccio Citoyen".
Composée de "gens autres que de la bourgeoisie ajaccienne", cette liste ne regroupe "ni chefs d'entreprise, ni avocats, ni de médecins", mais plutôt des salariés du privé, des fonctionnaires, des étudiants, des chômeurs, ou encore des militants syndicaux. "Ce sont des gens qui vivent au quotidien les problèmes que ne connaissent pas forcément les candidats des autres listes."
Son objectif ? Apporter une "véritable alternative" à la population. Au centre de son programme : plus de logements sociaux, la lutte contre la précarité, et la mise en place du RIC.
Huit listes pour un second tour, et peut-être des surprises dans les urnes, ce 15 mars.