Alors que plusieurs familles ont débarqué, ce matin encore, à Bastia, l'île s'organise pour être le plus efficace possible. La préfecture de Haute-Corse a demandé à l'association Alis de coordonner les efforts. Dans le sud, une adresse mail est également disponible pour tout renseignement.
Le bateau de la Corsica Linea accoste dans le port de Bastia, et quelques minutes plus tard, le minibus descend du navire. A son bord, François Colombani, bénévole du collectif Solidarité Corse-Ukraine Bastia. Il était parti, il y a quelques jours, du même endroit, son véhicule chargé de palettes de matériel. Aujourd'hui, après plus de 5.000 kilomètres parcourus, et 9 pays traversés, il est de retour, avec sept Ukrainiens à ses côtés.
"On est heureux d'être de retour, le voyage a été très long. On a fait 35 heures de route d'affilée, pour être à temps au port. Alors on s'est relayés au volant, sans jamais s'arrêter", raconte-t-il.
Des péripéties, ils en ont affronté d'autres. Et des bien plus dangereuses. Pour aller chercher une dame ukrainienne dont la fille vit en Corse, ils sont entrés dans l'Ukraine en guerre. "C'était pas évident. On nous a déconseillé de le faire, mais on l'a fait quand même. On était dans une zone où la guerre n'est pas encore arrivée, mais c'était risqué. Je déconseille de le faire. Les réfugiés arrivent jusqu'à la frontière de la Hongrie, et la Pologne et de la Slovaquie, et rejoignent les camps. Si des gens veulent les aider, qu'ils aillent dans les camps, on les trouve facilement, et qu'ils fassent comme tout le monde. Qu'ils fassent le tour des gens sur place, pour voir vers quel pays ils voudraient être acheminés".
Rassurés
Smyrna Olena et son fils, Ivan, sont originaires de Kharkiv. Ils ont d'abord fui vers une petite ville plus à l'ouest, et maintenant, les voilà en Corse. A des milliers de kilomètres de chez eux. Ils n'avaient jamais vu la mer, comme d'autres réfugiés qui les accompagnent. Mais si la traversée de la Méditerranée leur a mis un peu de baume au cœur, ils sont surtout rassurés d'être arrivés au bout du périple.
On n'a plus de téléphone, plus internet, mais on va essayer de trouver un moyen de faire savoir à mon mari qu'on est bien arrivés.
Smyrna Olena, réfugiée
"C'était compliqué, mais on était bien accompagnés. On est rassurés d'être arrivés ici, mais on attend la suite avec appréhension, même si on espère que ça va aller mieux".
La suite, ce n'est pas tant leur installation en Corse, où ils vont être hébergés par le CCAS, que l'avenir du pays, et des proches, qu'ils ont laissés derrière eux. "Mon mari est resté là-bas. Il est âgé de 47 ans, et il ne peut pas quitter le pays. On n'a plus de téléphone, plus internet, mais on va essayer de trouver un moyen de lui faire savoir qu'on est bien arrivés".
Un guichet unique, pour centraliser les besoins
A Sagone, ce week-end, ce sont trois familles qui sont arrivées à Sagone. Ils sont une trentaine de réfugiés à être accueillis en Corse depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie. Et très vite, les initiatives privées, associatives et publiques, émanant des collectivités, ont vu le jour sur l'île, pour venir en aide aux Ukrainiens, ici et dans leur pays.
Un élan de solidarité plus que louable, mais que les pouvoirs publics entendent coordonner, pour plus d'efficacité. La préfecture de Haute-Corse a mis en place un dispositif, à travers un guichet unique.
accueil-ukraine@haute-corse.gouv.fr
C'est l'association Alis, une agence immobilière à vocation sociale, qui a été mandatée via une lettre de mission de la préfecture pour centraliser tout cela.
Celles et ceux qui sont désireux de venir en aide aux Ukrainiennes et aux Ukrainiens, de quelque manière que ce soit, doivent prendre contact avec la préfecture, à travers l'adresse mail accueil-ukraine@haute-corse.gouv.fr. Et cela dans tous les domaines : aide administrative, logements, soutien psychologique, aide éducative ou sanitaire...
L'association, qui compte 19 employés, se chargera d'apporter une réponse, et de trouver les bénéficiaires adéquats.
Mais le guichet est également créé à destination des réfugiés, ou "déplacés", comme préfère les appeler Pierre Calassa, le directeur d'Adil, afin de souligner le caractère transitoire des choses, et leur envie de retourner au plus tôt dans leur pays.
Dès qu'ils arrivent en Haute-Corse, les Ukrainiens se signalent par l'intermédiaire de accueil-ukraine@haute-corse.gouv.fr, afin de faciliter leur prise en charge. D'autant, ne cachent pas les pouvoirs publics, qu'il est possible que des réfugiés, ou déplacés, qui patientent dans des centres d'accueil sur le continent, arrivent en plus grand nombre bientôt sur l'île. Il faut donc ne pas prendre de retard dans le traitement des dossiers, et roder le guichet pour faire face à une augmentation possible de l'activité.
En Corse-du-sud, une adresse mail a également été créée, sur le site de la préfecture : pref-titredesejour-ukraine@corse-du-sud.gouv.fr, pour venir en aide à celles et ceux qui ont fui l'Ukraine.