Au 1er janvier 2022, la population de référence en Corse s’établit à 351 276 habitants, selon une étude de l'Insee. Avec 1% de croissance par an entre 2016 et 2022, l'île se place en tête des régions métropolitaines les plus dynamiques. Comme les années précédentes, cette tendance s’explique exclusivement par un solde migratoire positif. Le directeur régional adjoint de l'Insee de Corse décrypte pour France 3 Corse ViaStella ces données statistiques.
Au 1er janvier 2022, la population de référence en Corse s’établit à 351 276 habitants.
C'est le constat qu'établit l'Insee, dans une publication diffusée ce jeudi 19 décembre, mais portant sur les années 2016-2022.
En termes de démographie, l'île se place en tête des régions métropolitaines les plus dynamiques, avec une augmentation de la population insulaire de 1% par an en moyenne, sur cette période.
Comme les années précédentes, cette tendance s’explique exclusivement par un solde migratoire positif, le nombre d’arrivées surpassant celui des départs de l’île.
Autre enseignement de cette étude, la périurbanisation se poursuit dans les intercommunalités situées autour d’Ajaccio et Bastia.
Directeur régional adjoint de l'Insee de Corse, Antonin Bretel analyse ces données statistiques.
France 3 Corse ViaStella : Quels sont les principaux enseignements de cette étude sur la démographie insulaire ?
Antonin Bretel : On est sur la continuité de ce qu'on a mesuré les années précédentes. La Corse passe la barre des 350 000 habitants, avec 351 176 habitants en 2022. La Haute-Corse reste plus peuplée que la Corse-du-Sud, avec 185 131 habitants contre 166 045 pour la Corse-du-Sud. C'est une région très dynamique, puisqu'on a une croissance annuelle moyenne de 1% par an. Cela positionne la Corse comme première région de France métropolitaine en termes de croissance de population.
Si on regarde par département, on a une croissance plus marquée en Corse-du-Sud qu'en Haute-Corse. Dans le sud de l'île, elle est de 1,2% par an en moyenne depuis 2016 et en Haute-Corse de 0,8%. Au global, la Corse-du-Sud est le troisième département le plus dynamique ; la Haute-Corse est un peu plus loin...
Cette croissance de la population en Corse est-elle toujours le fait de l’apport migratoire ?
Effectivement, comme depuis un moment, la croissance est portée exclusivement par cet apport-là, avec plus d'arrivées que de départs : à peu près 3 900 habitants en plus par an. On a la plus forte contribution migratoire des régions de France métropolitaine, devant l'Occitanie, la Nouvelle-Aquitaine et la Bretagne. Notre solde naturel est négatif depuis 2013, c’est-à-dire qu'on enregistre plus de décès que de naissances. Ce sont donc vraiment les migrations qui tirent la croissance dans l'île.
Comment la population se répartit-elle ?
On constate des disparités territoriales au sein des 19 Établissements Publics de Coopération Intercommunale (EPCI) insulaires. Au 1er janvier 2022, les communautés d’agglomération du Pays Ajaccien (Capa) et de Bastia (Cab) regroupent 44% de la population régionale. Entre 2016 et 2022, la population de l’intercommunalité ajaccienne augmente de 1,4% par an pendant que celle de Bastia s’établit à +1%, comme au niveau régional.
Les chiffres progressent dans les intercommunalités périurbaines : dans le Celavu-Prunelli (+1,3%), la Pieve de l’Ornano et du Taravo (+1,4%), et autour de Bastia, dans les intercommunalités Marana-Golo (+1,2%) et Nebbiu-Conca d’Oru (+1,3%) .
À l’inverse, certaines zones rurales ont une population en baisse : l'intercommunalité Pasquale-Paoli a une croissance moyenne négative de -0,3% par an. Le Cap Corse présente quant à lui une baisse plus importante encore : moins 0,4% par an sur cette même période.
À la lumière de ces chiffres, peut-on établir des projections pour les décennies à venir ?
On a fait l'exercice, il y a deux ans, de projeter les populations à l'horizon 2070. Ce qu'on avait projeté et qui a l'air de se poursuivre, c'est que la population insulaire va continuer à croître un peu pendant quelques années encore.
Si la croissance de la population en Corse dépend essentiellement des migrations, elle est surtout tirée par des migrations d'actifs. En effet, on se trouve dans un territoire où il y a énormément de créations d'emplois. On a une croissance d'actifs, donc si on continue à créer des emplois en Corse, la tendance va se poursuivre. Et dans ce qu'on a mesuré, avec le mouvement de la population notamment, on pourrait être en croissance - avec un ralentissement - jusqu'à l'horizon 2050.
Entre 2050 et 2060, on serait sur un plateau : cela signifie qu'on serait à peu près stable en termes de population, puis une baisse se ferait sentir à partir de 2060 jusqu'en 2070. À cette date, la population serait donc tellement vieillissante que la contribution du solde migratoire ne viendrait même plus compenser celle du solde naturel.
La Corse est la région de France métropolitaine où on fait le moins d'enfants.
Antonin Bretel, Insee
Justement, vous le disiez, le solde naturel est négatif dans l'île depuis 2013. Or, en visite en Corse, le pape François s'est dit étonné du grand nombre d'enfants présents. Visiblement, le constat du souverain pontife ne reflète pas tout à fait la réalité des chiffres...
En effet, le solde naturel n’est pas bon. On est la région de France métropolitaine où on fait le moins d'enfants : l'indice conjoncturel de fécondité est à 1,27 enfant par femme. On est encore largement en dessous des niveaux nationaux.
Si le pape a vu plus d'enfants qu'ailleurs, c'est tout à fait possible, mais cela ne veut pas dire qu'il y a réellement plus d'enfants qu'ailleurs. On a plutôt un indice de vieillissement qui est assez important : quand on regarde les moins de 20 ans par rapport au plus de 65 ans, on est la deuxième région la plus vieillissante après la Nouvelle-Aquitaine. Et on devrait la dépasser assez rapidement...