Expulsion de Me Sollacaro d’une audience à Aix-en-Provence : l’avocat porte plainte contre deux syndicats de magistrats

Ce jeudi, lors d’une conférence de presse organisée à Nice, Me Paul Sollacaro a annoncé qu’il avait déposé une plainte pour dénonciation calomnieuse contre deux syndicats de magistrats. Cela fait suite à l’affaire relative à son expulsion d’une salle d’audience à Aix-en-Provence en mars dernier.

Le bras de fer entre Paul Sollacaro et la justice est loin d’être terminé.

Jeudi 23 septembre, en début d’après-midi, l’avocat a tenu une conférence de presse dans la salle du Conseil de l’ordre du barreau de Nice, auquel il est inscrit.

Face aux médias, il a annoncé avoir déposé une plainte contre deux syndicats de magistrats. "Le 22 septembre, j’ai déposé entre les mains de Rémi Heitz, procureur de la République de Paris, une plainte en dénonciation calomnieuse conte le Syndicat de la Magistrature et l’Union Syndicale de la  Magistrature. Je ne supporte pas l’idée que des magistrats professionnels aient pu coucher mon nom sur une plainte pour des faits aussi graves qu’une prise illégale d’intérêt visant un ministre en exercice."

Paul Sollacaro fait ici référence à deux enquêtes visant Éric Dupond-Moretti. Dans celles-ci, demandées par les syndicats de magistrats, l’actuel ministre de la Justice était soupçonné de conflits d’intérêt dans deux affaires où il serait intervenu. L’une des deux concernait Paul Sollacaro.

Alors avocat, Éric Dupond-Moretti était, parmi d’autres, le conseil de sa famille dans le dossier de son père [Me Antoine Sollacaro, assassiné le 16 octobre 2012 à Ajaccio]. Le fils de l'ancien bâtonnier d'Ajaccio avait alors appris que son nom figurait dans le rapport des magistrats en lisant un article de BFM TV dans lequel ces derniers présentaient le garde des Sceaux comme "très proche" de lui. "Si cette plainte farfelue n’avait pas été classée, j’aurais été obligé de me justifier qu’il avait été l’un de nos conseils dans le dossier de mon père ?", s’insurge Paul Sollacaro.

Sur ce point-là, l'avocat corse évoque "une manipulation" et reproche aux magistrats de ne pas l'avoir prévenu. "Une prise illégale d’intérêt visant un ministre en exercice, c’est très grave, poursuit-il. Quand on est magistrat professionnel, on se doit de faire preuve de réflexion, surtout lorsqu’on engage une telle action sans me prévenir. Ce sont des magistrats professionnels syndiqués qui ont déposé une plainte sans en avertir mon bâtonnier. Je l’ai découverte en lisant l’article de BFM, deux jours après la décision de Jean Castex."

Genèse de l'affaire

En effet, le 9 septembre dernier, le Premier ministre avait annoncé ne pas donner de suite disciplinaire à ce dossier dont le point de départ remonte au 11 mars 2021.

Ce jour-là, lors d’une audience au tribunal correctionnel d’Aix-en-Provence, Me Sollacaro avait eu une altercation verbale avec le président Marc Rivet. Le ton était monté entre les deux hommes. Fait rarissime, le magistrat avait alors demandé aux forces de l'ordre de faire évacuer l'avocat de la salle. Les prévenus avaient quand même été jugés, sans leurs conseils de la défense, sortis du prétoire en soutien à leur confrère.

Le début d’un feuilleton judiciaire qui verra la profession se mobiliser dans tout le pays. De son côté, Jean Castex avait saisi l'Inspection générale de la Justice.

Demande d'une nouvelle inspection du dossier

Ce jeudi, Paul Sollacaro est également revenu sur cette décision de ne pas engager de poursuites disciplinaires contre le président du tribunal correctionnel d'Aix, Marc Rivet. Matignon avait alors justifié son choix en évoquant "un apaisement de la situation". Ce qui avait "consterné et déçu" l’avocat du barreau de Nice. "J’ai appris cette décision par le Journal Officiel", raille-t-il.

Face aux médias, il a donc annoncé avoir demandé "une nouvelle inspection du dossier pour que deux éléments soient débattus" : le premier concerne le rapport des magistrats qui, selon lui, "est biaisé car il n’y a qu’un son de cloche".

Le second se rapporte "aux prévenus qui ont quand même été jugés à Aix et ont subi les foudres de Marc Rivet pendant deux jours", souligne-t-il, avant d’ajouter : "ces prévenus-là n’ont jamais été interrogés par l’inspection des services. Ils sont concernés, ils sont visés et ils sont donc aussi témoins de qui s’est passé ce jour-là. Donc, pourquoi n’ont-ils pas été entendus ?"

je ne serai pas un dommage collatéral de la "Guerre sainte" que livrent les syndicats de magistrats contre Éric Dupond-Moretti

Paul Sollacaro

Autant de questions sur lesquelles Paul Sollacaro souhaite avoir des réponses. Pour lui, "il y a une intention de déstabiliser et de décrédibiliser qui est manifeste".

"Concernant la suite de l’affaire, la balle est dans le camp de Jean Castex, poursuit l’avocat corse. Je lui ai expliqué pourquoi il serait intéressant d’ordonner une nouvelle inspection. On verra s’il me répond. Quant à la plainte conte les syndicats de la magistrature, j’entends quand même avoir quelques explications sur leur volonté de faire apparaitre mon nom sur un document aussi grave qu’une plainte pénale pour des faits de prise illégale d’intérêt visant un ministre en exercice. Je le dis et je le répète, je ne serai pas un dommage collatéral de la "Guerre sainte" que livrent les syndicats de magistrats contre Éric Dupond-Moretti."

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