En France, la fin de vie est encadrée par loi Leonetti adoptée en 2005 et amendée en 2016. Contrairement à la Belgique, les Pays-Bas ou la Suisse, l’euthanasie dite active et le suicide assisté sont des pratiques condamnées. Pourtant, les mentalités évoluent, en Corse aussi.
Dans les mains de Josiane, une photo de sa mère décédée il y a trois ans. Victime d'une leucémie foudroyante, elle a été hospitalisée à Marseille.
Mais ces derniers jours ont été terribles, ce que regrette sa fille qui milite pour une fin de vie digne. « Quand j’ai demandé au médecin qui la soignait d’augmenter un peu les doses de morphine, pour qu’elle ne souffre pas, m’a dit non parce qu’on risquait de la tuer. Elle était condamnée. On savait qu’elle avait quelques jours à vivre et j’aurais voulu qu’elle les passe de façon paisible, sans se tordre de douleur, sans hurler, ce qui a été malheureusement le cas », raconte-t-elle.
« Partir dignement au moment où on le souhaite »
En début de semaine, les membres de l'association pour le droit de mourir dans la dignité étaient à Ajaccio pour informer sur leurs actions. Dans un sondage, publié par la Croix en 2018, 89 % des Français se disaient favorables au suicide assisté ou à l'euthanasie. En Corse, l'association compte près de 1.000 adhérents.
Christiane Muretti en est la déléguée adjointe de la Haute-Corse. Elle préconise, pour sa part, le suicide assisté. « J’estime que c’est le respect absolu de la liberté d’une personne de choisir sa fin de vie. Je pense que ce doit être encadré, de façon précise pour qu’une personne déprimée passagèrement n’en décide pas d’en finir avec la vie. Un suicide assisté pour des raisons médicales permet de partir dignement au moment où on le souhaite », estime-t-elle.
Le poids de la religion
Dans la société insulaire où le poids de la religion est fort, les mentalités semblent donc évoluer doucement.
Du côté de l'Église, la position reste constante : ni euthanasie ni suicide assisté, mais pas d'acharnement thérapeutique non plus. « Parmi les catholiques, il y a des opinions différentes. Pour nous, ce qui est très important, c’est d’accompagner une personne de sa conception jusqu’à sa mort naturelle en lui procurant toute l’aide nécessaire, sans acharnement thérapeutique, mais en offrant toujours l’eau, l’air, l’alimentation, comme à toute personne », indique Père Emmanuel, curé de Notre-Dame de Lourdes.
Pour se faire euthanasier, il faut quitter la France et prendre la direction des Pays-Bas, de la Suisse ou de la Belgique. Cela a un coût, près de 10.000 euros pour une fin de vie.