Depuis hier, les 150 élèves refusent d'assister aux cours, et ont condamné l'accès au lycée maritime. La raison, la discipline trop sévère qui serait imposée depuis quelques années.
Devant la grille d'entrée, au cœur de la citadelle de Bastia, des barrières, quelques chaises, une guitare posée sur une table en fer. Et près de 150 élèves, qui, par petits groupes, commentent la réunion du matin avec Evelyne Orsini.
Depuis la veille, ils bloquent leur établissement, et la directrice a finalement accepté de recevoir une délégation de trois ou quatre terminales.
Mais à en croire ces derniers, l'entretien n'a pas vraiment été concluant. "On a listé tout ce qui n'allait pas, et on a eu que des retours négatifs", résume l'un d'eux, qui ne veut pas donner son nom. Ce sera le cas de tous les lycéens qui nous parleront.
Discipline
Ce que veulent les grévistes, en résumé, c'est plus de souplesse de la part de la directrice en matière de discipline. Et plus d'équité. "On constate une pression ciblée sur certains élèves, des sanctions injustes, plus ou moins dures selon les élèves... Et dans ces conditions, il est de plus en plus difficile de travailler".
La directrice, qui était en réunion, n'a pas répondu à nos questions. C'est le directeur adjoint, Julien Cometto, qui nous a reçu. Selon lui, les sanctions pointées du doigt sont ni plus ni moins que la réponse à des comportements inadmissibles. "Les exemples sont nombreux. Les derniers en date ont été constatés au retour des dernières vacances. Certains élèves ont gardé la tête en vacances, alors que les examens approchent. Ils viennent en cours sans livres, et sans rien pour prendre des notes. Cette attitude n'est pas acceptable. De manière très concrète, ils ont accumulé plusieurs avertissements, et au bout, forcément, il y a une exclusion..."
Concession
Un autre grief qui revient régulièrement dans les rangs des élèves, c'est l'interdiction de sortir de l'établissement entre les cours. Là encore, Julien Cometto veut apporter quelques précisions : "ce n'est que l'application du règlement. De surcroît, beaucoup d'entre eux sont mineurs, et leur sortie nécessiterait une autorisation parentale, ce qui, pour l'heure, n'est pas le cas. Néanmoins, leurs doléances ont été entendues. Nous avons soumis une proposition aux élèves, qui devra passer par une modification du règlement intérieur, et une validation du conseil d'administration. Ce sont des choses qui ne se font pas en quelques heures..."
Enfin, le dernier motif de colère des élèves, c'est la présence d'Evelyne Orsini dans le jury, lors de l'oral qu'ils devront passer en fin d'année. Au sein des groupes de grévistes, certains redoutent de payer leur comportement passé, ou l'animosité qu'ils auraient suscité, selon eux, chez leur directrice. D'autres affirment que c'est illégal, et qu'une directrice d'établissement ne peut pas faire partie d'un jury.
Là encore, Julien Cometto s'inscrit en faux : "la composition du jury est fixée par le règlement. Ce dernier comprend un professionnel, et le directeur ou la directrice d'établissement. C'est une simple application des lois. L'année dernière, c'était déjà le cas, et la majorité, si ce n'est tous les élèves, ont eu la moyenne à cette épreuve. Qu'ils soient rassurés, leur travail sera évalué à sa juste valeur. Et, de surcroît, c'est le professionnel qui évaluera le contenu du stage, et qui notera leur prestation".
Dehors, les lycéens l'affirment, ils sont prêts à maintenir le blocage tant qu'ils n'auront pas obtenu ce qu'ils demandent. Julien Cometto, lui, a le regard tourné vers le calendrier des examens, qui débutent le 4 mai prochain, et espère qu'une solution pourra être trouvée rapidement, afin de permettre aux élèves de préparer les épreuves dans les meilleures conditions...