Le bilan des 10 ans de mandature présenté à Bastia mercredi 15 janvier devait mettre en valeur les projets menés à bien par la municipalité en place. Il a aussi souligné un peu plus les dissensions qui se sont fait jour au sein de la majorité, et les questions qui se posent quant au nom du prochain candidat nationaliste...
Un bilan de dix ans de mandature, à un peu plus d'un an des prochaines municipales, prévues en mars 2026. Pour les observateurs, le raout du mercredi 15 janvier, au musée de la Citadelle, était pour le maire sortant, Pierre Savelli, l'occasion de lancer la future campagne.
Une supposition que l'édile balaie d'un revers de main : "il y a des gens qui sont constamment en campagne, et nous, a contrario, nous sommes constamment au travail. Je pense avant tout à l'année qui s'ouvre, une année où nous allons mener à bien plusieurs projets d'importance, tels que l'école Gaudin, ou le cimetière de l'Ondina. Le temps des annonces viendra, mais on n'en est pas encore là".
On demande à Pierre Savelli s'il sait au moins déjà s'il mènera la prochaine bataille électorale, mais là encore, on n'obtiendra pas de réponse claire : "j'ai une conviction, mais permettez-moi de ne pas vous la révéler aujourd'hui. Il y a des discussions qui doivent être menées, et plusieurs facteurs qui font que, pour l'heure, je garde cette conviction pour moi".
Le maire de Bastia peut bien sûr décider du moment où il déclarera ses intentions, mais on ne peut s'empêcher de voir dans cette dernière phrase la confirmation des signes d'un malaise que l'on devine depuis plusieurs mois Rond-point Noguès.
Fractures
Du côté de la majorité municipale, il semble que sa candidature ne fasse pas vraiment l'unanimité...
Qu'en est-il dess alliés venus d'un autre bord politique ?
Du côté d'Emmanuelle de Gentili, première adjointe PS, on reste sur sa prudente réserve. Le soutien n'est pas vraiment affiché, mais l'élue rappelle que "l'heure des négociations électorales n'est pas encore venu".
Et puis, quoi qu'il en soit, précise Emmanuelle de Gentili, "j'appartiens à un parti politique national, et dans une ville de plus de 20.000 habitants, c'est un travail qui se fait avec les instances, et donc ça se discutera de cette manière-là".
Rien ne garantit donc que l'union qui dure depuis 2014 soit prolongée; côté PS.
À droite, c'est beaucoup plus clair. L'absence de Jean-Louis Milani au musée de Bastia n'est pas passée inaperçue. Le deuxième adjoint à Pierre Savelli s'explique : "c'est un choix délibéré de ma part et de celle de mon groupe. Nous avons prévenu il y a plusieurs mois que nous ne participerions pas. Le maire est en campagne, personne n'est dupe. Et il l'est avec l'argent des contribuables bastiais".
Ambiance...
L'élu de droite n'en fait pas mystère, pour lui, le problème, qui s'est cristallisé depuis plusieurs mois, c'est Pierre Savelli : "avec Gilles [Simeoni - ndlr] l'ouverture avait bien fonctionné, on était respectés dans nos entités. Et quand Gilles est parti, du côté de la gouvernance, on s'est assis sur tous les principes qui avaient présidé à notre alliance. Désormais toutes les hypothèses sont envisageables, notre propre liste, une démarche de large union... Toutes sauf repartir dans ces conditions-là".
Consulter les militants
Le poids électoral de la droite comme du PS bastiais, est réel, mais il n'est pas écrasant. Pierre Savelli pourrait envisager, s'il le devait, de mener campagne sans leur soutien...
Reste encore à convaincre dans son propre camp.
Gilles Simeoni, invité sur le plateau de Cuntrastu, à Ajaccio, au moment où Pierre Savelli s'adressait à la presse au musée de Bastia, a pris soin de rappeler la légitimité de celui qui a pris sa suite à la mairie.
Mais, n'a-t-il pas manqué de rappeler, sa candidature n'en est pas pour autant évidente : "il est normal et sain, lui-même le dit, que la question du candidat à Bastia soit posée devant les militantes et les militants, devant celles et ceux qui nous ont soutenus, et qu'elle soit également discutée avec celles et ceux qui ont été nos partenaires pendant dix ans..."
On le voit, d'ici les élections municipales de mars 2026, pour Pierre Savelli, le chemin est encore long.