Cigarettes : le syndicat des buralistes corses redoute une forte hausse par paquet en mars prochain

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Les bureaux de tabac de Corse vont devoir faire face à deux hausses en ce début d'année, et José Oliva redoute des conséquences graves, particulièrement dans le rural, alors que la profession fait face à de nombreuses difficultés ces dernières années.

Joseph Oliva a rameuté les troupes. Et malgré les chutes de neige qui ont surpris une partie de l'île, ils sont plusieurs dizaines de buralistes à avoir fait le déplacement jusqu'à Borgo, pour une réunion de crise. 

Le président de la Chambre syndicale des buralistes corses ne cache pas son inquiétude face à l'augmentation prochaine du prix du tabac sur l'île, dont "les conséquences pourraient sonner le glas de la profession en Corse".

Double peine

Deux raisons à cette augmentation redoutée :   

        - La première est liée au rattrapage que doit effectuer l'île, qui bénéficie depuis plus de deux siècles d'un régime dérogatoire. En 2018, l'Etat a demandé à ce que les prix soient alignés à ceux du continent, afin qu'en 2025, les prix d'un paquet à Luri ou à Pontarlier soient les mêmes. Un rattrapage qui se fait progressivement. En 2023, l'augmentation sera de 20 centimes par paquet en Corse. 

        - La deuxième, c'est l'annonce d'une augmentation prochaine du prix dans tout le pays, pour lutter contre le tabagisme, assure le gouvernement. Elle n'est pas encore officielle, et devrait être annoncée dans les prochains jours. Elle sera effective au 1er mars prochain, et "s'élèvera à 50 ou 60 centimes", selon José Oliva. 

"Au final, c'est une augmentation de 80 centimes, à laquelle nous allons devoir faire face", calcule le président du syndicat, qui rappelle, comme si cela ne suffisait pas, que la commission de la profession devrait être réduire de 5 points. 

Course contre la montre

Pour les buralistes corses, on comprend que ce soit une mauvaise nouvelle, alors qu'ils tentent de se réinventer, depuis quelques années.

L'évolution du cadre fiscal qui tend à l'alignement progressif des prix a largement pesé sur l'activité des buralistes insulaires, qui, il n'y a pas si longtemps, vendaient les cigarettes un tiers moins cher que sur le continent, et écoulaient des cartons de cartouches aux touristes.

Le bilan de l'été 2022 en témoigne une nouvelle fois : "en juin, le volume de cigarettes écoulé a baissé de 5,03 %. Ca a été pire pour le mois de juillet, avec une chute de 9,1 %; et le mois d'août enregistre un recul de 4,4 %. Et c'est bien plus important encore pour le tabac à rouler"

Cette évolution, le métier a renoncé à s'y opposer.

Alors, pour faire face à la perte progressive de leur avantage fiscal, les buralistes ont dû opérer une transition, rappelle José Oliva. "On a commencé à se diversifier, en élargissant la gamme de nos services, avec les colis, l'encaissement d'amendes, les timbres pour les papiers d'identité...".

86 bureaux de tabac ont déjà commencé à s'adapter, et d'autres dossiers sont en cours, explique le président de la chambre syndicale. "Mais cette hausse brutale des prix aura un effet dévastateur au niveau local ! Pas dans les grosses agglomérations, mais dans le rural. Quand j'ai commencé dans ce métier, il y a 32 ans, on était 237 sur l'île. Aujourd'hui, on est 215. Cette baisse de 10 %, c'est dans le rural, en raison du manque de repreneurs, du dépeuplement des villages... "

Le problème, pour José Oliva, c'est que cette double hausse risque forte de continuer à aggraver cette tendance, en étranglant financièrement les buralistes du rural qui sont en train de modifier leur offre.

Il l'assure, il faut laisser le temps à la profession d'opérer sa transition sans brusquer les choses. Et pour cela, il demande "deux années de pause de fiscalité entre la Corse et le continent".

Une réunion avec le ministre

La défense de la ruralité, c'est également ce que met en avant Pascal Zagnoli, secrétaire national du PNC, qui est venu témoigner du soutien du parti nationaliste : "les buralistes font face à une situation compliquée, avec le rattrapage et la hausse nationale... Bien sûr, la lutte contre le tabagisme et la prévention auprès des jeunes sont importantes, mais on aurait tort de les opposer au combat qu'ils mènent. On ne peut pas sacrifier tout un écosystème avec les petits tabacs du rural dont l'actiivité économique représente souvent la seule bouffée d'oxygène de certains territoires". 

José Oliva, qui est également administrateur de la confédération nationale, a demandé l'organisation d'une "réunion de travail avec l'ensemble des acteurs concernés par la situation" à Gabriel Attal, le ministre en charge du dossier. 

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