Désormais, ils ne s’y rendent que pour constater les dégâts. « Là, on voit bien les fissures à l’intérieur », déclare Dominique Campana et pointant du doigt l’intérieur d’un de ses fours. Normalement, il devrait chauffer à plus de 1 200 degrés de température.
Mais en août 2015, de brutales ruptures d'électricité ont brisé les résistances, et rendu le matériel inutilisable. « C’est l’investissement d’une vie, il y en a pour 70 000 euros. Ce sont des prêts bancaires, c’est beaucoup d’argent. S’il faut s’accrocher en haut de la citadelle avec une banderole en disant ‘EDF m’a tué et AXA ne m’a pas protégé’ je vais le faire. Parce qu’il faut que tout le monde le sache », s’insurge Dominique Campana, artiste verrier.
Trois ans de bras de fer
Le bras de fer dure depuis trois ans. En tout et pour tout, les deux artistes ont obtenu 10 000 euros de leur assureur. C’est loin des estimations effectuées par un expert judiciaire qui évalue le préjudice à près de 27 000 euros, et la perte d'exploitation à 48 000 euros pour la seule année 2016.
Chez EDF, on se dit impuissant. « On regrette sincèrement cette situation, une fois de plus, sur ce dossier ce n’est pas EDF qui a la main sur cette indemnisation, c’est son assurance. Chacun a son rôle à jouer, d’abord l’indemnisation du client et ensuite l’assurance de l’assuré avec la possibilité de se retourner contre EDF », indique Michaël Méchali, directeur de cabinet EDF Corse.
C'est chez l’assureur Axa que le dossier coince. À l'agence de Calvi, on se garde bien de commenter l'affaire. C'est la cellule communication du siège, à Paris, qui répond. Pour faire simple, Axa a qualifié le sinistre de « bris de machine » et pas de « dégât électrique », ce qui réduit considérablement les indemnisations.
950 jours perte d'exploitation. A cause d #AXA j'ai tout perdu. #AXA ne respecte pas ses #clients et interprète la #loi #deni du rapport #TGI #Bastia c'est #honteux. Belle #imagedemarque @Jacques2Peretti @thomasbuberl. #Boycott #AXA #assurance #omerta #sustegnu #Corse pic.twitter.com/oVatCEXWte
— Dominique Campana (@CampanaDume) 7 avril 2018
« C’est la dure réalité de la vie »
De leur côté, Dominique Campana et Carol Haas n'en démordent pas. Ils vont porter l'affaire devant les tribunaux. Mais entretemps, il faut continuer de vivre. Ils ne leur reste plus d'œuvres, et ont transformé leur galerie en glacier.
Le mois prochain, ils effectueront leur deuxième saison contraints et forcés. « C’était vraiment le système D. On s’est dit qu’il fallait mettre notre vie d’artiste en attente parce qu’on ne savait pas comment faire autrement. C’est la dure réalité de la vie et il faut rebondir parce qu’on n’a pas le choix », souligne Caroline Haas, artiste verrier.
Faire contre mauvaise fortune bon cœur, Dominique et Carol cherchent à s’en convaincre. Mais chaque jour, leurs œuvres, qui continuent de décorer les rues de Calvi, leur rappellent qu'ils sont artistes, et pas glaciers.