Environnement : état des lieux de la biodiversité corse

La Corse, grâce à son couvert végétal, est une île unique en Méditerranée. Mais à l’heure où l'Europe perd une partie inquiétante de ses insectes et de ses oiseaux, la situation est-elle meilleure sur l'île ? 

Au printemps, Adrien de Montaudoin, ornithologue, scrute bénévolement les oiseaux migrateurs des dunes de Prunete, près de Cervioni. Ses comptages intéressent l’observatoire d’espaces naturels

La Corse reste une étape cruciale pour les migrateurs. « Ce sont des oiseaux qui ont déjà traversé, pour la plupart, le Sahara, une partie de la Méditerranée. La Corse, c’est une étape super importante pour eux pour pouvoir s’alimenter. L’idée serait une prise de conscience générale, de petits gestes du quotidien comme faire des fauches tardives ou laisser des herbes un peu folles dans le jardin. Cela va permettre aux insectes, le premier maillon de la chaîne, de se développer et après les oiseaux et les animaux pourront se développer de façon plus pérenne », indique Adrien de Montaudoin. 

 

 

« En Corse, à ce jour, trois espèces ont disparu »


Fabienne Gérard vient d’être nommée directrice de l’observatoire des espaces naturels dont le siège est à Borgo. Ses missions, en grande partie financées par l’État sont multiples. « On a 30 espèces d’oiseaux évaluées comme en danger d’extinction. Ça représente un quart de la vie de la faune en Corse. À ce jour, trois espèces ont disparu. Je pense qu’il faudrait que l’on s’inspire du Costa-Rica, en Amérique centrale. Il est le champion du monde de la protection de l’environnement. Il a inscrit dans sa Constitution le droit à un environnement sain et écologiquement équilibré », explique-t-elle. 

Du côté des insectes, leur mortalité ces dernières années effare de nombreux scientifiques en Europe. « La pollution n’a pas de frontière donc l’utilisation d’insecticides, de tous ces produits qui sont néfastes pour les insectes, les oiseaux insectivores n’auront plus de ressources alimentaires suffisantes. Les effectifs d’hirondelles, par exemple, ont chuté. Peut-être moins en Corse que sur le continent, parce que nous sommes privilégiés. Mais il faut rester sur ses gardes et continuer à être précautionneux pour le respect de notre patrimoine écologique corse », souligne Arnaud Lebret, chargé de mission au Conservatoire d'espaces naturels de Corse. 

  

« La multiplicité des espèces est notre assurance-vie »


Même circonspection de la part d’universitaires de Corte. Ils s’inquiètent des changements climatiques qui impacteront les truites en montagne ou des animaux sur la côte qui ont besoin des zones humides. 

« Dans les années 1970, vous rouliez, vous arriviez à destination, vous regardiez la calandre de votre véhicule, elle était maculée d’insectes. Aujourd’hui les insectes il y en a beaucoup, beaucoup, beaucoup moins, y compris en Corse. On a une disparition des zones humides sur toute la plaine orientale de Bastia à Bonifacio. On a été capable en 2008 d’injecter 1 000 milliards pour sauver les banques, je pense qu’il serait temps de se réveiller et de les injecter pour sauver la biodiversité et faire comprendre à l’Homme qu’il ne peut pas vivre dans un décor. On fait partie d’un ensemble, la multiplicité des espèces est notre assurance-vie. Tant qu’on n’y met pas les moyens, les structures et les hommes, ce sera très difficile de lutter », soutient Christophe Mori, maître de conférences à l'université de Corse, hydrobiologiste.

La Corse a vu disparaître les phoques moines. Certains se battent actuellement pour éviter le même sort au gypaète barbu et la tortue d’Hermann reste très surveillée. 

 

Une note d’espoir, qui pourrait passer pour un détail : sur les dunes de Prunete, on croise encore souvent de petits scarabées bousiers. Il aide à fertiliser le sol et a quasiment disparu de certaines zones du Sud-Est de la France. Une hécatombe qui, pour l’instant, a épargné l’île. 



 
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