Le collectif Patriotti s'est réuni ce samedi matin devant l'ancienne exploitation agricole de Ferdinand Roussel, à Sorbo-Ocagnano. Un rassemblement en commémoration à Ghjuvan'Battista Acquaviva, tué par balle il y a presque 35 ans jour pour jour, au cours du quel les membres du collectif ont fait le parallèle avec l'assassinat d'Yvan Colonna.
Ghjuvan'Batttista Acquaviva avait 25 ans. Yvan Colonna en avait lui 61. Deux anciens militants autonomistes, et près de 35 ans d'écart entre leur décès. Mais pour le collectif de soutien aux anciens prisonniers politiques Patriotti, le parallèle existe bel et bien : "Listessa storia, listessu destinu, listessu assassinu [la même histoire, le même destin, le même assassin, ndlr]".
Ce samedi 12 novembre, le collectif - pour lequel on note néanmoins l'absence de plusieurs membres fondateurs, parmi lesquels, notamment, Jean-Marc Dominici, Stéphane Tomasini et Félix Benedetti - s'est réuni pour une conférence de presse, tenue sur la commune de Sorbo-Ocagnano.
Le lieu n'a pas été choisi au hasard : c'est devant l'ex-ferme de Ferdinand Roussel, là où Ghjuvan'Battista Acquaviva a été tué par balle, le 15 novembre 1987, que la table et les affiches ont été dressées.
35 ans après, Ghjuvan'Battista Acquaviva n'a toujours pas eu droit à une justice, sa famille n'a pas eu droit de connaître la vérité.
Au total, une cinquantaine de personnes ont fait le déplacement pour rendre hommage aux deux hommes, et reprocher le traitement judiciaire qui a fait suite à leur décès.
"Nous voulons dénoncer le fait que 35 ans après, Ghjuvan'Battista Acquaviva n'a toujours pas eu droit à une justice, sa famille n'a pas eu droit de connaître la vérité, souffle Ghjuvan Filippu Antolini, porte-parole du collectif Patriotti. On a protégé l'assassin, on lui a donné une fausse identité. Et aujourd'hui, le même schéma se reproduit pour Yvan Colonna, lui aussi tué par la faute de l'Etat français. Nous avons une exigence de vérité pour Yvan Colonna. Nous sommes ici pour le dire et l'exiger."
En ce qui concerne la proposition d'indemnisation, à hauteur de 200.000 euros, faite par l'Etat à la famille d'Yvan Colonna, le collectif n'a pas souhaité la commenter, par respect pour la famille. Celle-ci ne s'est pour l'heure pas exprimée à ce sujet.
Deux versions des faits
Le 15 novembre 1987, Ghjuvan'Battista Acquaviva, militant nationaliste de 25 ans - recherché depuis 1984 après le mitraillage de la gendarmerie d'Ile-Rousse -, trouve la mort à Sorbo-Ocagnano, lors d'une opération nocturne du FLNC.
Ce soir-là, un commando du Front de libération nationale corse décide de s'attaquer à l'exploitation agricole de Ferdinand Roussel, un rapatrié d'Algérie installé sur l'île.
Rapidement, le plasticage vire au drame. Le groupe est surpris par le propriétaire de la ferme, qui sort armé d'une carabine. Ghjuvan'Battista décède d'une balle dans la tête.
Deux versions s'opposent : Ferdinand Roussel assure que le coup serait parti accidentellement lors d'une bagarre avec le militant. Pour les proches du jeune homme, Ghjuvan'Battista aurait plutôt été tué de dos, alors qu'il cherchait à s'enfuir.
L'affaire a été classée sans suite. Les avocats de la famille ont dénoncé des disparations d'indices. Dans cette affaire, aucun procès ne s'est jamais tenu. Ferdinand Roussel et sa famille ont eux été exfiltrés sur le continent.