C’est en Belgique, au sein du Cercle de Bruges, qu’évolue Christophe Vincent, ancien joueur du SCB. L’équipe a remporté le titre en deuxième division belge de football et l'accession. Un résultat qui contraste avec la saison de Christophe, qui ne joue plus depuis plusieurs matches.
Lieu incontournable du commerce mondial jusqu'au XVe siècle grâce à son accès direct à la mer du Nord, siège de la première bourse européenne, Bruges a ensuite lentement décliné.
Mais la Venise du Nord a gardé sa majesté, noble, fière, chaude même sans lumière, elle est devenue l'une des cartes postales les plus courues au monde. Bruges abrite aussi deux clubs professionnels de football.
Les Bleus et Noirs, et Les Verts et Noirs, deux formations qui partagent le même stade. Le Club de Bruges historiquement bourgeois et libéral en matière religieuse, et le Cercle de Bruges traditionnellement catholique.
C'est l'environnement d'un jeune footballeur corse depuis plus d'une saison. Christophe Vincent a 25 ans. Joueur clé l'an passé à l'heure de sauver la place du Cercle en deuxième division, relégué sur le banc des remplaçants depuis deux mois après avoir pourtant inscrit un but, lui, le milieu défensif.
Entre temps Monaco et ses moyens énormes ont racheté le Cercle. Une toute nouvelle stratégie s'est alors imposée. Un effectif pléthorique, de jeunes joueurs talentueux que l'on expose comme des actifs. Une politique qui ne cadre pas avec le profil de Christophe.
« Le pot de terre contre le pot de fer »
Ce matin-là, le Cercle complètement relancé, prépare sa finale pour l'accession en première division, et sans doute à cause de la présence d’une caméra de télévision, Christophe est placé hors du groupe en compagnie de deux très jeunes éléments.
Et le découragement de le gagner. « Il n’y a pas que des bons moments, du coup on est obligés de s’accrocher et de travailler. Mais après en tant que compétiteur t’as tout le temps envie de changer les choses. Mais quelques fois c’est un peu le pot de terre contre le pot de fer », regrette le joueur, milieu de terrain au Cercle de Bruges.
Sous une pluie battante, sans pouvoir prendre part à l'objectif majeur de son club, Christophe reste professionnel, sérieux, respectueux. Une qualité rare dans ce milieu. Et comme dans un film le soleil perce et l'adjoint à l'entraîneur général vient le chercher pour prendre part à l'opposition avec l'équipe première.
Mais ce n’est pas une fin en soi, Christophe Vincent sait qu'il ne jouera pas le grand match de la montée face au Bershoot prévu deux jours plus tard. Mais il a déjà le sentiment de prendre part à l'aventure jusqu'à la fin.
1 WEEK #KAMPIOEN! #VorOltied #levecercle pic.twitter.com/KYQkJNAgcR
— Cercle Brugge (@cercleofficial) 17 mars 2018
« Parfois un joueur tombe »
Au milieu de ses partenaires, en sa qualité de milieu de terrain, en jouant simple, collectif, comme une lucarne ouverte sur son avenir. « Il y a parfois deux trois profils qui sont les mêmes. Il y a d’autres postes parfois où on n’a pas de profil, on n’a pas ce qu’on recherche et donc cette concurrence fait parfois qu’un joueur tombe. Je suis sûr qu’il peut rebondir. Je suis sûr que pour lui, ce n’est qu’une période courte et je suis persuadé que ça ne va pas durer », estime Franky Vercauteren, entraîneur du Cercle de Bruges.
« Même si c’est dur mentalement, il ne faut pas lâcher. Il faut continuer à bosser et dans le foot, ils sont reconnaissants des joueurs qui travaillent. Ça va vite, dans un sens comme dans l’autre. La roue peut tourner vite, donc j’espère qu’elle tournera vite pour Christophe », livre Gianni Bruno, attaquant du Cercle de Bruges et ancien joueur du SCB.
Au final Christophe, neuf matches cette saison, sera sacré champion comme les autres. Comme en témoigne sa vidéo personnelle du grand soir, devant ses parents et son ami Hugo Aine.
@jupilerleague on arrive ! Et un deuxième titre en poche @SCBastia @cercleofficial pic.twitter.com/nwYVoViYC4
— Christophe Vincent (@ChrisVincent2b) 10 mars 2018
« Je suis obligé de provoquer la chance »
Hugo est joueur professionnel lui aussi. Mais il évolue à Chambly, un club français de National qui jouera une demi-finale de Coupe de France sans lui. Hugo a failli perdre la vie sur un terrain, victime d'une grave affection cardiaque.
Sa carrière est en suspens. « Quand il arrive ça à des personnes proches de ton entourage, c’est sûr que ça te fait relativiser. Tu te dis : ‘Il y a vraiment pire que toi. Ta situation elle n’est pas si délicate que ça’ », explique Christophe Vincent.
« Il faut toujours relativiser. Moi je n’ai plus la chance, pour l’instant, d’exercer ma passion. Je suis venue ici pour lui remonter le moral et qu’il voit que malgré ce qu’il m’arrive j’ai le sourire et pour lui redonner surtout le sourire aux lèvres », témoigne Hugo Aine.
Christophe Vincent a encore un an de contrat à Bruges, mais il la quittera sans doute. Son application, sa frappe de balle, son abattage devraient rapidement lui valoir un nouveau rebond. « En général c’est nous qui pouvons changer les choses. Mais il y a quand même un facteur chance, des paramètres qu’il faut prendre en compte. Après c’est sûr que ça se provoque. Celui qui reste à la maison chez lui, il n’aura pas cette chance. Donc je pense qu’on peut changer les choses. Et moi je suis obligé de la provoquer la chance … Je suis obligé », sourit Christophe Vincent.
Provoquer la chance, recouvrer sa confiance, faire valoir sa capacité de récupération, prendre les intervalles grâce à son changement de rythme, et connaître bientôt de nouvelles émotions.