Alain Venturi, le président de la fédération corse de l'hôtellerie de plein air, est sous le choc, comme toute l'île, après les décès durant la tempête, dont deux sont survenus dans des campings de Corse. Il assure que la profession réfléchit à des solutions pour faire face au défi climatique.
Le camping d'Alain Venturi, à Ghisonaccia, a été épargné, comme une partie de la plaine orientale, par l'épisode le plus violent de la tempête qui a frappé la Corse durant la nuit du 17 au 18 août dernier. Mais le président de la Fédération corse de l'hôtellerie de plein air n'en est pas moins soucieux de tirer les conséquences d'un épisode climatique qui laisse craindre une évolution peu favorable pour le secteur au cours des prochaines années.
C'est une situation sans précédent à laquelle votre profession a eu à faire face, en Corse ?
C'est la première fois qu'on a un événement climatique de ce type, sans nul doute. Un événement qui a provoqué des drames terribles, des gens ont perdu un de leurs proches... On a déjà eu des incendies, des inondations, qui heureusement n'avaient pas débouché sur de telles conséquences. On a été confronté à un événement soudain, extrêmement violent, que l'on avait jamais connu, dans mon souvenir.
On réfléchit, depuis quelques temps déjà, à un certain nombre de solutions pour faire face à l'évolution climatique.
Alain Venturi
Cet épisode souligne à quel point l'hôtellerie de plein air est en première ligne, parmi les professionnels du tourisme, face à la répétition des épisodes climatiques violents.
Nous avons un certain nombre d'établissements situés dans des zones à risque, et on en a bien conscience. On réfléchit à un certain nombre de solutions, concernant des établissements résilients, ou le type de végétation qu'il faut planter, la hauteur des arbres, la manière de les entretenir. Nous avons déjà modifié des choses, mais pas encore pour faire face à ce genre de tornades. Quoi qu'il en soit, la réflexion est constante, tant avec les services de l'Etat qu'avec les constructeurs.
Devant les images choquantes, et le bilan, terrible, des derniers jours, la clientèle pourrait néanmoins se détourner de ce type d'hébergement...
C'est une crainte qu'on peut avoir, mais la population est aujourd'hui confrontée régulièrement à des événements climatiques nouveaux. Souvenez-vous il y a quelques jours des incendies dans les Landes, autour de la dune du Pilat. Les gens ont intégré les risques, je ne pense pas que ça les détournera, et puis ils sont conscients que ce genre d'événement restera, du moins je l'espère, exceptionnel à l'avenir.
Démontrer notre capacité d'innovation et de réflexion.
Alain Venturi
Pensez-vous que la décision des autorités, hier, d'évacuer les campings dans l'urgence, était la bonne ?
Je ne suis pas d'accord avec vous quand vous dites qu'elle a été prise dans l'urgence. L'événement s'est produit en début de matinée, et nous avons reçu l'ordre d'évacuer dans l'après-midi. Les autorités ont pris le temps d'analyser et de réfléchir à la situation. Objectivement, on ne peut que leur donner raison. C'était la décision qui s'imposait. Et je pense de surcroît que les mesures n'ont pas été excessives, ou surdimensionnées. Elles étaient ciblées selon la situation, et l'endroit.
Etes-vous inquiet, au lendemain de la tempête, concernant l'avenir de la profession ?
Je ne suis pas inquiet parce que je pense qu'on a démontré notre capacité d'innovation et de réflexion. On va continuer à travailler. Mais on veut également dire que l'on est vraiment conscient des risques, et que l'on prend les choses au sérieux. Je ne veux surtout pas que les gens croient que, maintenant que le temps est revenu à la normale, nous allons béatement tourner la page et nous dire que cela n'arrivera plus. Nous allons tout faire pour répondre, au mieux, à cette nouvelle problématique qui se présente à nous.