Après 50 ans d’attente, Jean-Marie Giorgetti a pu porter le nom de son père. Ce dernier a été exécuté en juin 1944 dans la région de Toulouse, sa dépouille n’a pu être identifiée qu’en 2017. Récit d’une incroyable histoire.
Jean-Marie Giorgetti, a été élevé par sa grand-mère paternelle, à Venaco, à partir de ses sept ans.
Son histoire commence par celle de ses parents, à Marseille, en pleine guerre. Maryse de Andréïs, s'engage dans les forces françaises libres et part pour Londres. Elle y rencontre Jean-Baptiste Giorgetti, sous-lieutenant, âgé de 26 ans, appartenant aux services secrets du général de Gaulle; c'est un spécialiste des techniques de sabotage, qui vient de participer activement, aux côtés d'Henri Maillot, à la résistance Corse.
Après une idylle de quelques mois, en 1944, Jean-Baptiste Giorgetti, part en mission, pour rejoindre la résistance toulousaine. Au mois de juin, il est porté disparu. Mais voilà, Maryse est enceinte.
Rentrée à Marseille, sous la pression de son père, elle se marie, pour donner un nom à son fils. Mais la jeune femme, n'a qu'une idée en tête: retrouver la famille de l'homme qu'elle aime dans ce village du Cortenais dont il lui avait parlé.
Malade, se sachant condamnée, elle amène elle-même le petit Jean-Marie, âgé alors de sept ans, à Marie-Thérèse, qui élèvera l'enfant comme son fils, à Venaco. « Je ne pouvais pas porter le nom de mon père. Ça a été un poids énorme, ça a été très dur », explique Jean-Marie Georgetti.
« Ça a été un cadeau du bon Dieu »
Mais c'est bien des années plus tard, grâce à un notaire, que le nom de famille Giorgetti remplacera officiellement celui de Balfego. « À 50 ans, ça a été un cadeau du bon Dieu. Giorgetti, pour moi, c’était le Graal. C’était extraordinaire », complète-t-il.
Et voilà que l'incroyable va encore intervenir. À Castelmaurou, dans la région de Toulouse, un groupe de recherche mené par Georges Muratet, s'était lancée comme défi, de retrouver l'identité des cinq inconnus du bois de la Reulle, exécutés en même temps que dix autres combattants, le 27 juin 1944, par la sinistre division Das Reich, auteure du massacre d'Oradour-sur-Glane.
Celui qui avait livré les résistants aux Allemands, Georges Pujol, avait donné plusieurs détails et descriptions permettant de les reconnaître et après des tests ADN, trois des cinq inconnus avaient déjà été identifiés.
« On a retrouvé votre papa »
Pour le quatrième, le numéro 37, le nom Georgetti ou Giorgetti ainsi que des bottes anglaises vont imposer la piste Corse, en 2017. Des tests ADN seront effectués, Jean-Marie n'a plus qu'à attendre. « Au téléphone on m’a dit : ‘On a retrouvé votre papa. Les tests ADN sont concordants, il n’y a aucun souci.’ J’ai encore la boule quand j’en parle », explique Jean-Marie Giorgetti.
Voilà l'incroyable hisoire de Jean-Marie Giorgetti, fils d'un jeune fougueux venacais, engagé dans les chasseurs alpins à 18 ans, et d'une trépidante marseillaise, conductrice hors-pair pendant la guerre, morte à 32 ans, sachant son fils, à l'abri, dans la famille du seul homme qu'elle ait aimé.