Nuit du droit à Bastia : "ces rencontres permettent d'être au contact des gens qui exercent ces métiers, et ça change tout"

La nuit du droit existe depuis 2017. Elle a pour but d'ouvrir les portes des palais de justice au grand public, afin de mieux faire connaître le fonctionnement de la justice. Le tribunal judiciaire de Bastia a décidé de recevoir les étudiantes et étudiants en droit. Histoire de leur permettre de passer de la théorie au concret.

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"Mes amis, et ma propre famille, n'ont jamais vraiment compris ce que je faisais, mais je vais essayer de vous l'expliquer", sourit Frédéric Metzger. 

Face au vice-procureur de Bastia, dans la salle d'assises où se tiennent habituellement les procès criminels, ont pris place une centaine d'étudiants en droit de Corte et de lycéens de Giocante. Et l'ambiance est détendue.

Durant une quinzaine de minutes, Frédéric Metzger va se livrer à une présentation détaillée du rôle de magistrat du parquet, avant de revenir sur son parcours. 

Quelques minutes plus tôt, c'était Aurélie Giocondi, magistrate du siège, qui consacrait une partie de son intervention à présenter les bons et les mauvais côtés de sa tâche. "C'est un métier qui vous assurera un certain confort financier, et qui ne connaît pas la crise. Mais c'est également un métier prenant, difficile parfois à gérer psychologiquement. Un métier où l'on se pose des questions en permanence sur les décisions que l'on a à prendre". 

Débouchés

Comme eux, ils sont une quinzaine, avocat, huissier, greffier, notaire, directeur départemental de la sécurité publique, gendarme ou inspecteur des douanes, à prendre la parole à l'occasion de cette "nuit du droit" organisée au palais de justice de Bastia.

Durant plus de trois heures, les intervenants offrent aux étudiants un large panorama des débouchés que peut leur offrir leur cursus universitaire. 

Olivia et Céline sont assises à quelques centimètres du box des accusés, sur le banc où, habituellement, prennent place les avocats de la défense. Toutes deux sont un à peine plus âgées que le public qui les entoure. Etudiantes à l'ENM, l'Ecole nationale de la magistrature, elles effectuent à stage au palais de justice en tant qu'auditrices de justice. Et elles jugent très judicieuse cette initiative, une initiative dont elles n'ont pas bénéficié quand elles ont dû se déterminer sur la suite de leurs études. 

Tout ce qui se passe dans les coulisses d'un palais de justice, exactement comme dans un théâtre, est encore trop peu connu.

Claire Liaud

"Mon choix a été assez tardif, au fur et à mesure de mes années de droit, et des stages que j'effectuais, sans jamais vraiment connaître les détails du métier", raconte Céline. Olivia acquiesce : "pour ma part, je passais mon temps sur le site du ministère de la Justice, à éplucher les différents concours qui étaient possibles, sans avoir aucune idée de ce vers quoi ils me mèneraient, concrètement. Des rencontres comme celle de ce soir permettent d'être au contact des gens qui exercent ces métiers, et ça change tout". 

Y voir plus clair

La table ronde a duré plus de trois heures, et certains, dans le public, ont jeté l'éponge avant la fin. Mais d'autres, ravis de l'aubaine, sont restés. Et ne se privent pas d'aborder les professionnels, pour leur adresser toutes les questions qu'ils n'ont pas osé poser durant la rencontre. 

Carole est en licence à Corte, et elle ne regrette pas d'être venue : "je me suis orientée vers le droit parce qu'on m'avait dit que ça ouvrait beaucoup de portes, mais sans savoir vraiment ce que je voulais faire. Cette table ronde m'a aidée à y voir plus clair"

Désormais, elle hésite entre le notariat, "mais ça a l'air compliqué d'y accéder", et le service pénitentiaire d’insertion et de probation (SPIP), dont elle ignorait jusqu'à l'existence, mais dont les aspects humains l'ont intéressée. 

Théâtre

"La justice est un milieu qui, longtemps, a été assez refermé sur lui-même", reconnaît Claire Liaud, présidente du tribunal judiciaire de Bastia, et cheffe d'orchestre de cette nuit du droit.

"C'est à nous d'en faire découvrir les métiers. Les gens ont une vision du devant de la scène, à travers les procès, mais tout ce qui se passe en coulisses, toute la machinerie, exactement comme dans un théâtre, est encore trop peu connue"

Claire Liaud, qui s'est muée en madame Loyale d'un soir, présentant les intervenants, situant régulièrement les choses dans leur contexte, n'hésitant pas à faire œuvre de pédagogie quand le jargon juridique menaçait de prendre le dessus, le martèle : "ce sont des métiers de passion".

Celle qui a été nommée présidente en novembre dernier à Bastia sourit. "Ce n'est pas franchement le premier mot qui vient à l'esprit lorsque l'on parle des métiers du droit, j'en ai conscience. Mais les hommes et les femmes qui les exercent sont animés de cette passion, et j'espère que cette soirée aura permis d'en faire la démonstration". 

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