Un kidnapping qui se termine dans le sang, après le suicide de l'un des deux ravisseurs... On en sait plus sur le fait divers qui a secoué vendredi la région bastiaise et la Casinca, après la garde-à-vue du second ravisseur, mis en examen dimanche matin.
Un chagrin d'amour? Une blessure d'amour-propre? De la jalousie? La seule personne qui pouvait répondre, Arnaud Le Hebel, s'est tuée d'une balle dans la tête, avec un fusil d'assaut, vendredi soir peu avant 17 heures, dans une maison du village de Porri, en Casinca, encerclée par les gendarmes. Et a emporté la réponse avec lui.
Mais on en sait plus, désormais, sur les raisons qui l'ont poussé à enlever une jeune fille d'origine roumaine, quelques heures plus tôt, à Lucciana. Grâce à l'audition de la victime, saine et sauve, et à la garde à vue de Thomas Perreux, le compère de Le Hebel. Les deux hommes avaient débarqué en Corse, en provenance de Nantes, le 13 avril dernier.
Une rencontre sur internet
Tout a commencé sur internet, il y a un peu plus d'un an. Arnaud Le Hebel fait la connaissance de la jeune fille sur un site de rencontres alors qu'elle vit en Roumanie. L'homme, âgé d'une trentaine d'années, vit à Nantes. Une relation sentimentale naît entre eux, qui emmène le français à se rendre plusieurs fois en Roumanie. Jusqu'au jour où la jeune fille décide de mettre un terme à la relation.Arnaud Le Hebel prend mal la rupture. L'homme, qui a déjà été condamné par la justice à une dizaine de reprises, la plupart du temps pour des faits de violences, n'accepte pas la décision. Selon les dires de la jeune fille, il aurait même tenté de l'enlever, une première fois, en Roumanie.
Quelques mois plus tard, cette dernière fait la rencontre d'un Corse. A la fin de l'année 2017, elle quitte son pays et vient s'installer sur l'île pour le retrouver. Et tourner la page de son histoire avec Arnaud Le Hebel.
C'est ce qu'elle pensait, jusqu'à vendredi dernier.
Enlevée, menottée et violentée
Peu avant 5 heures du matin ce jour-là, elle quitte son domicile de Lucciana, en voiture, avec sa belle-soeur, pour se rendre sur son lieu de travail.La voiture est bloquée par une Audi de location. Arnaud Le Hebel en sort, armé d'un fusil d'assaut, acheté dans la région nantaise le 10 avril dernier. Il frappe violemment la belle-soeur d'un coup de fusil à l'homoplate, et force la jeune roumaine à le suivre jusqu'à la maison de Porri où il réside depuis son arrivée.
La jeune femme a raconté lors de son audition avoir été menottée et violentée, au cours des heures qu'elle a passée avec son ravisseur.
De son côté, la belle-soeur donne l'alerte, et les soupçons des gendarmes se portent rapidement sur Arnaud Le Hebel et Thomas Perreux, son compère. Ils interpellent ce dernier dans la région bastiaise en fin de matinée. Et remontent jusqu'à la maison que les deux hommes ont louée, à Porri.
En début d'après-midi, les gendarmes se rendent sur les lieux, et parviennent à encercler la maison, malgré les difficultés à s'en approcher discrètement, en raison du terrain très dégagé qui l'entoure.
En contact permanent avec le GIGN, dont l'envoi sur place sera envisagé un temps, les hommes du peloton de surveillance et d'intervention de la gendarmerie se décident à donner l'assaut, peu avant 17 heures. C'est le moment, tandis qu'ils pénètrent dans la maison, que choisit Arnaud Le Hebel pour mettre fin à ses jours d'une balle dans la tête. Les enquêteurs trouveront sur place une cinquantaine de munitions...
La garde à vue de Thomas Perreux, connu lui aussi des services de police pour escroquerie, s'est terminée dimanche matin. L'homme, lui aussi âgé d'une trentaine d'années, à été mis en examen pour complicité d'arrestation, détention, séquestration arbitraire et participation à une association de malfaiteurs en vue de la préparation d'un crime. Il a été placé en détention provisoire au centre de détention de Borgo.
L'enquête a été confiée à la section de recherches de la gendarmerie de Haute-Corse.