Visite de Gérald Darmanin en Corse : "il faut réfléchir à la sécurité civile à l'heure du réchauffement climatique"

Le ministre de l'Intérieur a rajouté un passage au SIS de Haute-Corse à sa visite. Un arrêt incontournable sur une île régulièrement en proie à d'importants incendies.

"Si on a un feu, aujourd'hui, avec cette sécheresse, ce sera catastrophique. On ne peut pas faire comme si on ne le savait pas. Toutes les conditions sont réunies pour qu'il y ait un feu qui dégénère. On fera face avec les moyens qu'on a, mais au moindre coup de vent, on est en danger. On va gérer, parce que c'est notre cœur de métier, mais la saison va être difficile". 

Hyacinthe Vanni, le président du Service d'Incendie et de Secours de la Corse, n'est guère rassurant. Les derniers événements en Gironde, où des dizaines des milliers d'hectares sont partis en flamme depuis des semaines, ont fait planer une sourde inquiétude sur l'île.

Les sapeurs-pompiers ont craint que leurs moyens aériens (dont deux canadairs et un Beechraft 2000) ne soient envoyés sur place, et qu'ils se trouvent totalement démunis en cas de gros feu en Corse. "Bien sûr, on se sentait solidaires. Mais on a passé quelques jours compliqués", reconnaît l'un des gradés présents au SIS à la mi-journée, pour la venue de Gérald Darmanin. 

Sécheresse

Le ministre, très vite, a rassuré l'assistance. Après avoir salué le travail des sapeurs-pompiers de l'île, il a d'emblée abordé le sujet : "sur les moyens aériens, ne vous inquiétez pas. D'ailleurs, quand c'était très, très compliqué en Gironde, on n'a pas pris vos avions, vous l'avez constaté. Croyez-le bien, on est conscients des risques que font courir la sécheresse". 

Mais il a aussi reconnu qu'il était plus que temps de "réfléchir à la sécurité civile à l'heure du réchauffement climatique". Et à la question des moyens pour répondre à ses conséquences. Mais cela ne peut pas reposer uniquement sur le soutien de Paris : "on demande la solidarité de l'Etat, et sans doute qu'il faut qu'elle soit là. On a, à ce titre, augmenté de 44 % en 5 ans le budget de la sécurité civile, et le président de la République a annoncé de nouveaux moyens cette semaine. Mais il y a manifestement d'autres leviers. Il y a ainsi des départements qui touchent la taxe collectée au nom de la sécurité civile et qui n'ont pas de feux de forêt ! Et des départements plus pauvres, la Corse peut en faire partie, qui eux ont des moyens d'intervention qui sont plus lourds puisqu'ils ont des feux. 

Alors si tout le monde fait son travail, que l'état met plus de moyens grâce à l'Europe en ce qui concerne les moyens lourds, si les collectivités locales reversent 100 % de la taxe qui leur est affectée, et si par ailleurs il y a une sorte de solidarité entre territoires, je pense qu'on sera au rendez-vous de ce qu'attendent nos courageux sapeurs pompiers". 

Le plus important, pour nous, c'est qu'il n'y ait pas de diminution des moyens pour la Corse.

Colonel Pierre Pieri

Après une visite des locaux du SIS, à Furiani, Gérald Darmanin, pris par un planning très serré, à mis le cap vers Lucciana, où il devait rencontrer des étudiants insulaires. Sans aucune annonce concrète. Mais personne, dans l'assistance, n'en attendait vraiment. Et le colonel Pierre Pieri, directeur du service incendies de Haute-Corse, était satisfait de la position adoptée par le ministre : 

"Déjà, pour les sapeurs-pompiers, la reconnaissance de leur travail par cette visite est importante. Et puis au niveau du financement, on est rassurés. Gérald Darmanin a déclaré qu'il y avait des solutions à trouver, en a évoqué certaines. Et le plus important, pour nous, c'est qu'il n'y ait pas de diminution des moyens pour la Corse". 

En 2022, le budget de fonctionnement a augmenté de 6 %, et un plan pluriannuel d'investissement de 21 millions d'euros, a été mis en place par la CDC.