Les Italiens ont voté dimanche, à droite et pour les forces antisystème, mais sans parvenir à dégager une majorité claire, selon les premières indications, ce qui laisse envisager plusieurs scénarios possibles, selon les experts.
Comme l'avaient annoncé les sondages, la coalition rassemblant Forza Italia (FI, centre droit) de Silvio Berlusconi et la Ligue (extrême droite) de Matteo Salvini, a recueilli environ 37% des voix, selon des résultats partiels portant sur près de 90% des bureaux de vote.
Mais à la surprise générale, c'est la Ligue qui a recueilli 18% des voix, largement devant FI (14%). Compte tenu de la complexité du système électoral, qui mêle scrutins proportionnel et majoritaire, il est encore trop tôt pour connaître la traduction de ces votes en nombre de députés et de sénateurs, mais la majorité absolue semble d'ores et déjà hors de portée.
Votare è un nostro diritto e un nostro dovere.
— Silvio Berlusconi (@berlusconi) 4 mars 2018
Oggi possiamo finalmente esprimerci democraticamente.
Buon voto a tutti voi, amici miei!
Chi ama l'Italia vota...#forzaitalia #4marzo pic.twitter.com/v4VviIHapA
Si cela devait être le cas, il est certain que Matteo Salvini revendiquera la direction de la coalition et d'un éventuel gouvernement même si rien n'assure que Sylvio Berlusconi tiendra sa parole et se rangera bien derrière lui.
Mouvement 5 étoiles premier parti d’Italie
Le Mouvement 5 étoiles (M5S), né en 2009 sur le rejet de la vieille classe politique, est devenu le premier parti du pays et frôle les 32% avec à sa tête Luigi di Maio. Mais cela sera insuffisant pour obtenir une majorité au Parlement.
Nonostante tutto cambieremo l'Italia https://t.co/4xDnGsLT9x pic.twitter.com/ny5tmhXrGN
— Luigi Di Maio (@luigidimaio) 2 mars 2018
Une alliance « antisystème » entre le M5S et la Ligue semble la seule susceptible d'obtenir cette majorité, même si elle donne des sueurs froides à Bruxelles. Mais les dirigeants des deux formations ont jusqu'à présent catégoriquement rejeté cette éventualité, et une partie de leurs troupes pourraient avoir du mal à suivre s'ils changent d'avis.
Une autre option serait de discuter avec le Parti démocrate (PD, centre gauche) et les petits partis de gauche. Il faudrait probablement pour cela que Matteo Renzi, qui a juré de ne jamais faire alliance avec les « extrémistes », cède la direction du PD à quelqu'un de plus compatible. De telles discussions avaient eu lieu en 2013, sans aboutir à un accord. Mais, le M5S a changé et Luigi Di Maio s'est montré plus ouvert au dialogue. De plus, avec 19% des voix, le PD n'est plus en position de force.
Nouvelles élections ?
Si aucune majorité ne se dessine, le président de la République Sergio Mattarella devrait laisser en place le gouvernement actuel de Paolo Gentiloni (centre gauche), qui n'a pas besoin de demander la confiance du nouveau Parlement pour gérer les affaires courantes. Le temps éventuellement de convoquer de nouvelles élections, avant, certains l'avancent, le vote d'une nouvelle loi électorale.
Reste que la procédure va prendre du temps. Les deux chambres se réuniront pour la première fois le 23 mars pour élire les deux présidents et constituer les groupes. Alors seulement, Sergio Mattarella entamera ses consultations.
Pas de quoi surprendre l'Italie qui a appris à vivre dans l'incertitude: elle a connu plus de 60 gouvernements depuis le début de la République en 1946.