En Corse, 40% des salariés perçoivent un bas salaire annuel, contre 31% au niveau national, selon une étude conjointe de l'Insee et de la Dreets. Ainsi, en 2022, 45 500 salariés insulaires ont touché un revenu salarial inférieur à 15 290 euros par an, un seuil qui correspond aux deux tiers du salaire médian.
La Corse présente la part la plus élevée de salariés à bas revenu de France métropolitaine.
C’est le constat dressé par l’Insee dans une étude en date du 30 janvier dernier, réalisée en partenariat avec la Direction régionale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités (Dreets).
Dans l’île, 40% des salariés perçoivent un bas salaire annuel, contre 31% au niveau national.
Ainsi, en 2022, 45 500 salariés insulaires ont perçu un revenu salarial inférieur à 15 290 euros par an, un seuil qui correspond aux deux tiers du salaire médian.
Leur revenu moyen est de 8 390 euros, soit la moitié d’un Smic net annuel.
Emploi temporaire et temps partiel
"Les bas revenus salariaux s’expliquent principalement par un volume d’heures de travail réduit dans l’année, comme c’est le cas pour un emploi temporaire (saisonnier ou à durée déterminée) ou à temps partiel", analysent les rédactrices de l’étude Barbara Luquet, Karine Gormon (Insee) et Aude Genovese (Dreets).
Si ces salariés-là travaillent en moyenne 800 heures par an (soit 5,3 mois à temps plein), les autres effectuent 1 810 heures (soit l’équivalent d’un contrat de travail annuel à temps complet).
"Sur l’île, 56% des salariés à bas salaire travaillent de manière occasionnelle, essentiellement en saisonnier ou en CDD, contre 15% pour les autres salariés", poursuivent-elles.
Autre explication : la structure du tissu économique insulaire. "Les entreprises de grande taille ont une meilleure capacité à verser des salaires plus élevés grâce à des économies d’échelle et une proportion de cadres plus importante, notent l'Insee et la Dreets. Or, en Corse, le tissu est essentiellement composé de très petites entreprises avec des salaires plus faibles et des postes généralement moins qualifiés d’ouvriers ou employés". Parmi les 59 600 salariés des TPE régionales, un sur deux perçoit ainsi un bas salaire annuel.
Commerce, restauration et hébergement
Le secteur du commerce est particulièrement concerné. Ainsi, 15 % des travailleurs faisant partie de la catégorie la moins rémunérée évoluent dans cette branche où les temps partiels et les contrats courts sont fréquents.
L’hébergement et la restauration regroupent respectivement 13 % et 9 % des salariés à bas salaire.
Pour ce qui est de l'agriculture, 2 290 salariés perçoivent un bas salaire, soit 70 % des salariés du secteur. "Un record dans l’île", pointe l'étude.
Les femmes et les jeunes plus concernés
53% des salariés à bas revenu sont des femmes. En Corse, les femmes sont 45 % à percevoir un bas salaire, soit 10 points de plus que les hommes. "Cet écart est moindre que dans les autres régions de province (13 points)", notent les rédactrices de l'étude, qui ajoutent que ces femmes sont "deux fois plus souvent à temps partiel que les hommes (31 % contre 17 %)".
Par ailleurs, les salariés à bas salaire annuel sont plus jeunes. "En Corse, la moitié a moins de 37 ans contre 44 ans pour les autres salariés, les salaires augmentant avec l’expérience et l’ancienneté", indique l'étude.
Disparités territoriales
Si la part de ces salariés est particulièrement importante dans les intercommunalités rurales telles que Spelunca-Liamone, à l’inverse, elle est plus faible au sein des territoires urbains et périurbains, qui concentrent les emplois plus qualifiés.
À titre d'exemple, 32,8% des salariés du Pays Ajaccien perçoivent un bas salaire, contre 56,8% dans la première intercommunalité.