La délicate régularisation de la villa Simongiovanni dont une partie du terrain appartient à la ville d’Ajaccio

La villa Simongiovanni, à Ajaccio, est un cas emblématique d'un désordre foncier hérité des années 80. Le propriétaire souhaite vendre, mais pour cela il faut régulariser sa situation car une partie du terrain appartient toujours à la ville. Le sujet suscite une vive polémique.

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En février 1985, Jacques Simongiovanni adresse ces quelques lignes à Charles Ornano, alors maire d’Ajaccio : “Étant propriétaire d'un terrain route des Sanguinaires, j'ai l'honneur de vous demander monsieur le sénateur-maire, comme nous l'avions convenu, s'il était possible de me faire un bail de douze ans de la parcelle de terrain voisine d'une superficie de 958 m2, afin de rendre ma propre parcelle aménageable. 

La même année, une réponse favorable est obtenue, puis, un permis de construire en 1986. C'est ainsi avec l'autorisation de Charles Ornano, que la maison empiète depuis 40 ans sur le chemin et le terrain communal. 

À cette époque, Jacques Simongiovanni est conseiller municipal bonapartiste. “Monsieur Simongiovanni me demande 600.000 euros de dommages et intérêts pour avoir empêché une vente d’un terrain qui ne lui appartient pas, expliquait en novembre 2024, Jean-Paul Carrolaggi, élu municipal d’opposition. Le tribunal jugera. 

La majorité municipale embarassée 

L'audience est prévue en septembre prochain. Si le juge reconnaît l'injure publique et diffamation, Jean-Paul Carrolaggi aura à réparer un préjudice de 600.000 euros. Mais il est serein.  

Il apparaît que l’on vend un terrain à Monsieur Simongiovanni sur lequel il a construit une maison il y a plus de 40 ans pour un prix qui nous apparaît dérisoire, reprend le conseiller municipal d’opposition. Il nous fournit la preuve que ce prix est dérisoire puisque dans la plainte, il montre qu’il avait un compromis de vente à 5 millions d’euros. Donc cela veut bien dire que le terrain vaut plus que ça. 

Jacques Simongiovanni refuse de répondre à nos questions. La polémique politique a démarré en novembre dernier lors de délibération pour lui céder le terrain communal. Cette régularisation embarrasse la majorité municipale, surtout les bonapartistes.  

Parole au petit-fils de Charles Ornano, le conseiller municipale Pierre-Laurent Audasio : “C’est une partie du terrain qui est cédé 300.000 et ce n’est pas le terrain en son intégralité, explique-t-il dans l’hémicycle du Conseil municipal. Donc vous ne pouvez pas dire aujourd’hui, par exemple, cette villa se vend cinq millions d’euros alors que l’on cède une partie du terrain et que la partie du terrain qui est cédée et qui est effectivement, peut-être, et ça appartient à la commune, est en partie occupée par Monsieur Simongiovanni. C’est important de la préciser.” 

Le reportage de Marie-France Giuliani et Audrey Alos : 

durée de la vidéo : 00h03mn38s
Jean-Paul Carrolaggi, conseiller municipal d'opposition, novembre 2024 ; Pierre-Laurent Audasio, conseiller municipal. ©France Télévisions

Une extension possible de 100 mètres carrés ?  

La propriété, toujours en vente fin janvier pour 5.5 millions d'euros, offrirait, selon le site internet où elle apparaît, une possibilité d'extension de 100 mètres carrés.  

Pour l'instant, sa situation domaniale reste confuse. La restitution du terrain à la ville a été évoquée une fois en 2005 par le premier adjoint communiste, Paul-Antoine Luciani, si jamais Jacques Simongiovanni ne répondait pas aux demandes de renouvellement du bail.  

Pour lui céder en bonne et due forme ce terrain, la municipalité a jusqu'à fin février pour prouver à l'Etat que la villa se trouve bien sur son domaine privé. La préfecture a émis une réserve au moment du contrôle de légalité, car si c'est sur sa partie publique, ce serait invendable.  

“La piscine est sur le domaine public maritime” 

Autre point à régulariser : la situation de la piscine. Elle est en dehors de la parcelle, mais est-elle en infraction ? Empiète-t-elle sur le domaine public maritime ?

Pour la préfecture de Corse : « la piscine est construite hors parcelle cadastrée. Il n'est pas possible de matérialiser une implantation sur le DPM compte tenu à la fois des caractéristiques du site (littoral rocheux en surplomb de la mer) et des critères réglementaires de caractérisation du DPM (soit des lais et relais / cas des secteurs sableux, soit rivage de la mer c'est-à-dire terrain recouvert de manière régulière par la mer). En l'occurrence, il n'est pas techniquement possible de caractériser la limite du rivage au-delà du mur qui soutient la piscine et il est donc impossible d'affirmer et de démontrer que la piscine est construite sur le DPM. Il y a donc une confusion qui est opérée entre le fait que la construction soit édifiée hors parcelle et le fait qu'elle puisse être sur le DPM ce qui n'est pas le cas. »

Pourtant, à quelques brassées, dans la même configuration que la villa Simongiovanni, sur la plage du Week-end, des macarons délimitent le domaine public depuis 2001.

Un macaron délimitant la limite du domaine public maritime. © FTV

 

Jean-Paul Carrolaggi espère que l'Etat démolira la piscine. “Sur le site du cadastre de l’État français et on voit bien que la piscine est sur le domaine public maritime. La préfecture, en deux jours, a décidé que ce n’était pas le cas. On verra bien”, indique-t-il.  

La régularisation de la maison Simongiovanni indispose même dans les rangs nationalistes, une partie de l'opposition s'est abstenue pour ne pas s'opposer à la vente. Elle non plus n'a pas répondu aux questions de France 3 Corse ViaStella.  

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