Chaque 8 septembre, la Corse célèbre la Nativité de la Vierge Marie. Plusieurs processions et messes ont eu lieu ce jeudi dans l'île. Mercredi soir, le pèlerinage de Lavasina avait marqué le début des cérémonies mariales.
Sainte patronne de l'île dont elle a été proclamée reine en 1735, la Vierge Marie est célébrée chaque 8 septembre, jour de sa naissance, par les catholiques insulaires.
Les premières processions ont commencé ce mercredi soir à Lavasina. En présence l'évêque de Corse, Monseigneur Bustillo, qui a présidé la messe, la procession aux flambeaux jusqu'au sanctuaire Notre Dame des Grâces a rassemblé quelque 4.000 personnes.
Après deux années de crise sanitaire, les pèlerins étaient heureux de reprendre le chemin du Cap Corse et de retrouver la cérémonie dans sa configuration habituelle.
"On y croit, on a la foi, c'est pour ça qu'on est ici, explique une habitante de l'Alta Rocca venue spécialement à Lavasina. On vient quand même de Levie, ce n'est pas à côté. C'est une fête importante pour la Corse. D'ailleurs, ce mercredi, il n'y a même pas d'école."
En effet, depuis 2014, le 8 septembre est ferié pour tous les élèves insulaires du primaire et du secondaire.
Miracle
À Lavasina, la tradition de la Nativité remonte au XVIIème siècle.
En 1675, un miracle se serait produit. Lors d'un voyage à Gênes, une religieuse de Bonifacio se réfugie dans la petite anse du Cap Corse pour échapper à la tempête. Souffrant d'une paralysie des jambes, Soeur Marie-Agnès s'abrite dans la chapelle de la famille Danese et se frictionne avec l'huile de la lampe qui éclaire le tableau de la Vierge. Ses douleurs disparaissent immédiatement.
Auparavant, l'oeuvre avait été donnée aux Danese, des négociants en vin, par un client insolvable. Dans l'emballage, ils avaient miraculeusement retrouvé une somme d'argent qui correspondait exactement à celle due par leur débiteur. Les Danese avaient alors placé le fameux tableau dans leur chapelle de Lavasina.
Sous la férule de l'évêque de Mariana, Fabrizio Giustiniani, celle-ci deviendra un sanctuaire. La première messe y fut célébrée le 8 septembre 1677, jour de la Nativité de la Vierge.
Ci-dessous, le reportage de Paul Salort et Christian Giugliano :
Le Niolu, Pancheraccia, Ciamannacce...
Ce jeudi, la Nativité de la Vierge est célébrée avec ferveur et dévotion aux quatre coins de l'île. Comme à Alesani où chaque 8 septembre le tableau original de la "Vierge à la cerise" retrouve sa place dans l'église du couvent. D'ordinaire, l'oeuvre est conservée au musée d'Aleria et une copie est laissée à Alesani.
À Pancheraccia, où la Vierge serait apparue au XVIIIème siècle à une petite fille perdue dans la montagne, la statue de la Madonna est uniquement portée par des femmes.
Ci-dessous, le reportage de Sarah Defranchi et Daniel Bansard :
À Casamaccioli, la Santa di u Niolu a débuté ce matin par une messe présidée par Monseigneur Bustillo. Les confréries ont ensuite participé à la procession de la granitula.
Une édition de la Santa qui marque aussi le retour de la foire annulée ces deux dernières années en raison du Covid. Dans le Niolu, les festivités durent jusqu'à dimanche.
Dans certains villages du Pumonti, comme à Lopigna en Cinarca, la statue de la Vierge a été portée par les fidèles lors d'une procession.
À Ciamannacce, on a aussi rendu hommage à Marie dont l'image serait jadis apparue sur un mur de l'église devant une fidèle en train de prier. Traditionnellement, dans le village du Haut-Taravu, le voile de la Vierge est retiré après la messe du 8 septembre lors de la cérémonie de la Scupritura.
Dans l'extrême sud, à Bonifacio, confrères et pèlerins ont quant à eux rendu hommage à la sainte patronne de l'île à l'Ermitage de la Trinité. Comme ils le font tous les 8 septembre.