Ils étaient soldats ou commerçants et ont quitté l'île pour s’installer à Rome. Dans la cité éternelle, les Corses ont investi le quartier populaire du Trastevere où ils ont leur église : San Crisogono.
Au XVIe siècle, 3 à 5 % de la population de Rome auraient été corses. Une communauté bien établie dans la cité éternelle, dont l’origine est en partie liée à son savoir-faire commercial en Méditerranée.
“Cette population corse est installée à Rome pour des raisons liées à la vente du vin, explique l’historien Antoine-Marie Graziani. Parce que les Capcorsins vendent leur vin essentiellement à Rome. Il y a donc cette carte et la carte militaire. Ce sont les deux éléments qui vont amener des Corses à Rome qui sont installés dans le Trastevere, autour de l’église San Crisogono.”
“Chaque groupe originaire d’une région avait une église attitrée”
Installés dans le quartier populaire du Trastevere, les Corses par ailleurs excellents soldats, sont également au service du pape au sein de la Guardia corsa papale. Ils ressentent alors le besoin d’exercer leur foi en un lieu auquel ils développeront un attachement très fort.
“Les Corses ressentaient l’exigence de leur foi, et à cette époque à Rome, il y avait de nombreuses églises, raconte le père Venanzio di Matteo, prêtre de San Crisogono. C’est encore évidemment le cas, les Corses, les Sardes, les Siciliens, les Florentins, chaque groupe originaire d’une région avait une église attitrée.”
Les Corses fréquentent donc l’église San Crisogono et obtiennent d’un pape le droit de s’y faire enterrer. “L’église est pleine de plaques et cela va du soldat au colonel, ce n’était pas le lambda moyen. Donc c’est une histoire pour nous qui est très très importante”, détaille Iviu Pasquali, président de l’associu Guardia corsa papale.
La Madonna del Carmine
Autour de San Crisogono, les Corses participent à un certain développement de la ville de Rome. Un événement hasardeux renforcera encore leur assise dans le Trastevere. D’une simple découverte, naîtra l’une des grandes fêtes religieuses de la cité.
“Pendant qu’ils pêchaient dans le Tibre, ils trouvèrent un tronc et le rapportèrent dans l’église San Crisogono qui était déjà fréquentée par les Corses. Elle était occupée par les Frères Carmélitains, lesquels portèrent et créèrent la Madonna del Carmine. Ils l’ont modifié un peu au niveau sculptural et artistique et elle est devenue le symbole de la fête de Rome”, reprend le père Venanzio di Matteo.
Le reportage de Jean-Philippe Mattei et Lionel Luciani :
La Madonna del Carmine est célébrée lors de la fête de Novantri à chaque mois de juillet. Une célébration suivie par le passé dont la ferveur retomberait ces dernières années malgré les efforts des membres de l’associu guardia corsa papale et de quelques acteurs locaux à l’image du père Venanzio, curé historique de la paroisse à l’identité forte qui a déjà célébré la messe en langue corse par le passé.
