Il y a 30 ans, des milliers d'insulaires descendaient dans la rue pour réclamer une indemnité de frais de transport afin de compenser la cherté de la vie en Corse. Cette prime, appelée prime d'insularité, est attribuée principalement aux fonctionnaires. Les syndicats dénoncent cette inégalité.

Quinze-mille à 20 000 personnes manifestaient en février 1989 dans les rues d'Ajaccio et de Bastia.

Ce conflit social a marqué toute une générération : blocage des aéroports et des ports, manifestations quasi quotidienne, les syndicats parviendront à obtenir gain de cause au bout de quatre mois de mobilisation.

C'est Michel Rocard, alors premier ministre, qui clôture cet épisode de rébellion à l'Assemblée nationale "j'ai décidé de l'attribution de cette prime de transports car les problèmes de cherté de la vie en Corse sont indéniables. IIs sont démontrés par l'INSEE. Ils relèvent de mécanismes de formation de prix et du mauvaise usage de la continuité terrioriale." (Ndlr. La continuité territoriale est destinée à atténuer les contraintes de l’insularité).


On n'a pas de retours sur les entreprises privées qui la paie


L'indemnité compensatoire pour frais de transport s'élève à 1076 euros par an et par personne.
 

Son application est généralisée dans le publique mais dans le privé, c'est le flou total

Le patron du medef corse ne cache pas son embarras sur le sujet : "On n'a pas de retours sur les entreprises privées qui la paie, mais il y en a quand même un certain nombre. Maintenant dire le pourcentage, on l'a pas. Au niveau du medef aujourd'hui on va essayer de faire une étude sur deux points : le nombre d'entreprises privées qui versent la prime d'insularité et le nombre d'entreprises privées qui versent la prime macron."
 

Quasi absence de la prime d'insularité dans le secteur privé


Aujourd'hui, pour la plupart des syndicats, 1989 sonne comme une histoire inachevée. Trente ans plus tard, la situation sociale globale des insulaires est loin d'être florissante. "Les thèmes que nous avions en 1989 était le pouvoir d'achat, le prix des transports, le carburant. Les problèmes restent et la population a vu son niveau de vie baisser. La moitié des retraités perçoivent le minimum vieillesse", explique un membre du STC. 

En 1989 le tout jeune syndicat des travailleurs corses (STC) dénonce le caractère colonial de la prime d'insularité car elle concerne avant tout les fonctionnaires. À cette période, le STC demande une solution globale pour tous, c'est toujours son objectif car les salaires sont au plus bas. "Ici on a l'impression que le Smic est la base de calcul. Mais aujourd'hui quand on est payé au Smic et qu'on a un loyer à payer on ne peut pas vivre, on est pauvre."

Une chose est sûr, les patrons corses redoutent une mobilisation sociale comme celle de 1989. La mobilisation des "gilets jaunes" est pour eux un mauvais signe. Face à la pauvreté la position du patronnat est difficilement tenable. Il sent qu'il va falloir lâcher du leste. " On pourrait faire un pacte gagnant gagnant : 50% de baisse de charge, 25% reversés en salaire et 25% reversés à l'entreprise. Aujourd'hui, avec les système de contrôle qui existe il est facile pour le gouvernement ou pour l'Etat de contrôler que cette baisse de charge soit reversée en partie aux salariés", propose le patron du medef corse.

 

Depuis 1989, plusieurs entreprises sont passées dans le giron du privé. Avec ce changement de statut, il est plus difficile pour les salariés de faire grève. Etablir un vrai rapport de force avec le patronnat et le gouvernement aujourd'hui nécessite la mise en place d'un intersyndical avec les "gilets jaunes". La partie est loin d'être gagnée.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité