Le tableau de Picasso saisi par les douanes à Calvi le 31 juillet a quitté la Corse mardi pour rejoindre un musée d'art contemporain de Madrid. Ce matin, l'avocat du propriétaire de l'oeuvre avait annoncé le dépôt de recours, visant à empêcher l'Espagne de récupérer le tableau.
Le tableau de Picasso, "Tête de jeune fille", saisi le 31 juillet à bord d'un yacht en Corse par la douane française, est arrivé mardi au musée Reina Sofia de Madrid où il sera conservé, a indiqué cette institution culturelle. L'oeuvre, estimée à 25 millions d'euros, a été transportée dans un avion affrété par la police espagnole, qui a quitté Bastia mardi un peu avant 13 h.
Jean-Paul Mattei, l'avocat du propriétaire espagnol du tableau, le banquier Jaime Botin, qui avait voulu faire passer l'oeuvre en Suisse avant qu'il ne fut saisi par les douanes françaises, avait auparavant annoncé avoir déposé plainte. Considérée par les autorités espagnoles comme un "trésor national" inexportable, l'oeuvre était depuis conservée en Corse dans un lieu tenu secret.
Jean-Paul Mattei, du barreau d'Ajaccio, a annoncé à la presse avoir déposé deux recours devant le premier président de la cour d'appel de Bastia. "Il est illogique que les autorités espagnoles saisissent le tableau pour la ramener en Espagne", a souligné l'avocat soulignant que "les voies de recours viennent à peine d'être déposées et que la justice ne s'est pas encore prononcée."
M. Botin, qui ne se trouvait pas en Corse au moment de la saisie à bord du voilier "Adix", battant pavillon britannique, avait demandé l'autorisation de transférer le tableau en Suisse par avion au départ de l'île. Ses avocats soulignent que l'oeuvre achetée à Londres en 1977 et transportée en Corse depuis le port catalan de Valencia est britannique, et donc non soumise au droit espagnol.
M. Botin, qui demande depuis 2012 l'autorisation d'exporter son bien, a enregistré un refus du ministère espagnol de la Culture confirmé en mai dernier par la justice espagnole, Madrid estimant que le tableau appartient au patrimoine national.
La réaction de l'avocat du propriétaire du tableau :
Selon Maître Jean-Paul Mattéi, avocat de Jaime Botin, l'Espagne n'aurait pas été autorisée à récupérer ce tableau.
A VOIR : l'intégralité de l'interview de Maitre Jean-Paul Mattéi, l'avocat de Jaime Botin
A VOIR : le reportage de Marie-Françoise Stefani