14-18 : Raoul Villain l'assassin de Jaurès

Par son geste, le rémois Raoul Villain, meurtrier du leader socialiste Jean Jaurès, fut longtemps considéré comme l'un des "assassins de la paix".

Notre reportage revient sur le parcours de ce nationaliste et ultra catholique, instable psychologiquement, avec qui la justice se montra plus que clémente lors de son procès d'après-guerre.

En 1916, alors que depuis deux ans, l'Europe se déchire, un homme attend son procès en prison. Raoul Villain, 30 ans, un ultranationaliste français qui deux ans plus tôt, à la veille du conflit, assassine le leader socialiste Jean Jaurès à Paris.

Originaire de Reims, Raoul Villain grandit dans une famille marquée par un drame personnel. Sa mère, Marie, diagnostiquée comme déséquilibrée mentale, est internée à Châlons-sur-Marne alors qu'il n'a que deux ans. Il ne la verra qu'une seule fois et grandira au côté de sa grand-mère, une femme profondément catholique qui lui transmettra une vision extrémiste de la religion. Une fois adulte, instable professionnellement, il envisage un temps de partir vivre dans les colonies mais reste en métropole pour œuvrer au grand projet de sa vie, la reconquête des provinces perdues d'Alsace et de Moselle.

En 1911, il projette de tuer Guillaume II avant de renoncer et de reporter sa haine sur ce qu'il nomme les ennemis de l'intérieur et notamment les socialistes qui selon lui, par pacifisme, sont décidés à abandonner aux Allemands l'Alsace et la Moselle. Le 31 juillet 1914, Raoul Villain se rend à Notre-Dame de Paris brûler un cierge en hommage à Jeanne d'Arc, cette sainte de la patrie, tout juste béatifiée, dont la droite s'est emparée. Le soir, à l'intérieur du café du croissant à Paris, il tire deux balles sur Jean Jaurès qui meurt quelques instants plus tard, touché à la tête. Immédiatement arrêté, Raoul Villain ne dit rien sinon que Jaurès est un traitre. La mort du leader socialiste provoque une immense tristesse chez la population, ce qui n'empêche pas la gauche française, trois jours plus tard lors de la déclaration de guerre, d'adhérer pleinement au conflit qui s'ouvre.

Reconnu comme souffrant d'un « déséquilibre mental complexe » lors de son procès en 1919, Raoul Villain sera finalement acquitté et la veuve de Jean Jaurès condamnée à payer les frais de justice. Libéré, il s'exilera en Espagne où il sera finalement abattu à Ibiza au tout début de la guerre civile espagnole par des miliciens républicains.

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Source archives : - Pathé Gaumont - BDIC Fonds Valois - Gallica BNF ©France 3

 

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