Combien serions-nous prêts à payer pour gagner quelques minutes? 850 millions d'euros, c'est le coût de la seconde phase de la LGV Rhin-Rhône. Les collectivités et l'Europe ont déjà leur part de financement, mais l'Etat ne serait pas prêt à verser sa contribution de 350 millions d'euros...
D'où la grosse colère du président du conseil général du Haut-Rhin, qui se demande tout haut si Paris boude les dossiers alsaciens. Et débat houleux ce matin en séance pléniere. Les élus socialistes et écologistes ne sont pour leur part pas du tout attachés à l'achèvement de la ligne.Ceci est une « injure » faite à un territoire qui travaille, produit, et souffre de la faible compétitivité du modèle économique français par rapport à celui de ses proches voisins. (Charles Buttner
Nous devrions regarder de l’autre côté de la frontière, sans rien faire, des modèles qui fonctionnent bien et s’inscrivent dans le monde du 21 ème siècle alors que la France cultive les blocages! ? J’en appelle à la mobilisation de tous les Alsaciens, élus, monde économique, acteurs de la société civile, habitants, mais aussi de nos voisins et partenaires franc-comtois et bourguignons, pour exprimer notre demande légitime auprès du Gouvernement. J’ai pour ma part immédiatement demandé une entrevue au Président de la République pour lui expliquer le point de vue de tous ces habitants des marches de l’Est, oubliés et délaissés, alors qu’ils ont tant apporté et apportent encore à la production de richesses. (extrait du discours de introductif de Charles Buttner lors de la séance plénière du CG 68 le 21 juin à Colmar)
Report de la LGV Rhin-Rhône: "outrés", des élus alsaciens vont écrire à François Hollande ( AFP - 20 juin)
Des élus alsaciens, "scandalisés" et "outrés" par une proposition de reporter après 2030 des projets de lignes à grande vitesse dont la LGV Rhin-Rhône, vont écrire à François Hollande pour tenter d'infléchir son arbitrage, a indiqué Jean-Marie Bockel, sénateur et président de l'agglomération de Mulhouse. Le sénateur UDI a confié être sur le point de "finaliser" un courrier au président de la République, qui sera ouvert à la signature de "l'ensemble des élus, présidents des conseils généraux et de région concernés" par un éventuel report de la LGV Rhin-Rhône.Le président du Conseil général du Haut-Rhin, Charles Buttner (UMP), évoque un "scandale sans nom" et Jean-Marie Bockel se dit "à la fois désespéré et outré" par cette proposition figurant dans un projet de rapport de la Commission Mobilité 21, confirmée à l'AFP par des sources concordantes. Au-delà de la situation tendue des finances de l'État, le président du Conseil général du Bas-Rhin Guy-Dominique (BIEN: Guy-Dominique) Kennel (UMP) lui non plus "ne voit pas la raison" de reporter la deuxième tranche de cette LGV, qui est selon lui "le dossier le plus avancé en France". Alors que l'Alsace est majoritairement à droite, M. Bockel dit se refuser "à ce stade à croire qu'on cherche à punir l'Alsace d'avoir mal voté" en reportant ce projet. "Que ce soit délibéré ou pas, nos concitoyens peuvent avoir ce sentiment", estime de son côté M. Kennel.
M. Bockel y voit "une remise en cause de la parole donnée", alors qu'une convention avait été signée en 2012 en vue d'achever la deuxième tranche du projet de LGV Rhin-Rhône. "Le débat sur la pertinence du projet a eu lieu, l'arbitrage rendu, et de l'argent public engagé à travers des acquisitions foncières à hauteur de 80 millions d'euros", énumère M. Bockel. Quant à l'argument d'un gain de temps limité avancé par les opposants au projet, il est balayé par la nécessité d'achever l'axe européen à grande vitesse Rotterdam-Anvers-Bâle-Lyon-Gênes, un des projets de LGV européens jugés "prioritaires" par l'Union européenne, affirme M. Bockel. Les élus socialistes à la Région Alsace s'opposent eux aussi dans un communiqué à un report du projet "qui contribue au rayonnement européen de l'Alsace et à son accessibilité, ainsi qu'à la relance économique permise par les emplois créés à cette occasion."
Le rapport Duron sur les grands projets ferroviaires et routiers en France doit être remis le 27 juin au gouvernement. Ce rapport doit hiérarchiser les 70 projets retenus en 2007 au regard des contraintes budgétaires. Il ne retient qu'une seule LGV entre Bordeaux et Toulouse à l'horizon 2030 et privilégie la desserte de proximité par rapport à la grande vitesse, selon des sources proches du dossier, jointes par l'AFP.