Emile Louis, condamné en 2004 à la prison à perpétuité pour le meurtre des sept "disparues de l'Yonne", est mort dimanche à l'âge de 79 ans, à l'unité hospitalière sécurisée interrégionale (UHSI) de Nancy, où il avait été admis en raison de la dégradation générale de son état de santé.
Tueur et pervers hors normes, Emile Louis, condamné en 2004 à la prison à perpétuité pour le meurtre des sept "disparues de l'Yonne", est mort dimanche 20 octobre 2013 à Nancy à l'âge de 79 ans.
"Il est mort ce (dimanche) matin" à l'unité hospitalière sécurisée interrégionale (UHSI) de Nancy, où il avait été admis lundi dernier en raison de la dégradation générale de son état de santé." Alain Fraitag,avocat d'Emile Louis.
Cet homme qui a longtemps caché son extrême cruauté derrière une apparente normalité de chauffeur de bus purgeait jusqu'alors sa peine à la prison d'Ensisheim (Haut-Rhin), aux côtés d'autres tueurs en série comme Francis Heaulme ou Guy Georges.
Dernièrement, il faisait des chutes à répétition et avait perdu au moins 20 kilos, selon une source proche du dossier.
Ironie du sort, son hospitalisation était intervenue alors qu'il devait être vu lundi par un expert médecin dans le cadre d'une demande de suspension de peine pour raisons de santé.
Un pervers, auteur de sept meurtres
Emile Louis avait été interpellé en décembre 2000 dans le cadre de l'enquête sur le meurtrede sept jeunes femmes âgées de 15 à 25 ans: des pupilles de la Direction départementaledes affaires sanitaires et sociales (DDASS) et déficientes mentales légères, quiavaient disparu dans la région d'Auxerre entre 1975 et 1979.La plupart d'entre elles avaient recours au bus scolaire conduit par Emile Louis. L'une d'entre elles avait été sa maîtresse et une autre avait été placée dans la famille du chauffeur de car.
Sa condamnation à la prison à vie en 2004, assortie d'une peine de sûreté de 18 ans, avait été confirmée par la Cour d'assises d'appel de Paris en 2006.
Il avait également été condamné à 30 ans de réclusion criminelle avec une sûreté de 20 ans pour viols avec torture et actes de barbarie sur sa seconde épouse et agressions sexuelles sur la fille de celle-ci.
Enfant de la DDASS
Né à Auxerre le 26 janvier 1934, Emile Louis, comme les disparues de l'Yonne, était lui aussi un enfant de la DDASS, abandonné à la naissance puis placé dans une famille d'accueil où il avait beaucoup souffert."Emile Louis a vécu une forme de maltraitance affective, inspirée par une figure parentale cruelle créant très tôt chez lui la représentation de liens sado-masochistes". Un expert psychologue aux assises de l'Yonne en 2004.
Plusieurs spécialistes ont avancé l'hypothèse d'un clivage de sa personnalité, né de cette enfance douloureuse. D'un côté, Emile Louis montrait le visage d'un "bon père" de quatre enfants, un "homme sans tache". Plusieurs témoins avaient d'ailleurs évoqué un homme "jovial", "poli", et très "compréhensif", notamment à l'égard des jeunes femmes fragiles psychologiquement qu'il conduisait dans son bus.
Tueur hors série
Toutefois, son parcours judiciaire semé de multiples poursuites et condamnations pour des faits de viols ou d'agressions sexuelles, avait fait apparaître la face sombre du personnage. Emile Louis éprouvait une "véritable jouissance à établir une domination sur l'autre", estimait un psychologue en 2006, parlant de lui comme un "extrême de la perversion, de la cruauté, de la souffrance", "un tueur hors série".Devant la cour d'assises de l'Yonne, l'accusé Emile Louis n'avait pas laissé transparaître la moindre émotion, en dehors de regrets rapides, lors du défilé à la barre de ses anciennes victimes, qui faisaient état avec douleur de ses pratiques sexuelles perverses.
Résumant les analyses des experts, le président du procès de première instance l'avait dépeint comme "une forteresse entourant un vide affectif sidéral".
L'avant-dernier jour du procès des disparues de l'Yonne en 2004, Emile Louis avait émis le souhait de "finir ses jours dans un monastère", s'il avait "le bonheurde sortir de prison". Avant d'ajouter: "Finalement la prison et le monastère, c'est un peu pareil".