Luxembourg : après sa victoire aux législatives, Jean-Claude Juncker, affaibli, veut former le prochain gouvernement

Jean-Claude Juncker, Premier ministre du Luxembourg depuis plus de 18 ans, est arrivé dimanche 20 octobre 2013 en tête des législatives anticipées et a aussitôt demandé à former le prochain gouvernement, malgré son affaiblissement.

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Jean-Claude Juncker, Premier ministre du Luxembourg depuis plus de 18 ans, est arrivé dimanche 20 octobre 2013 en tête des législatives anticipées. Mais le score obtenu par son mouvement est inférieur au résultat obtenu lors de précédents scrutins.

Selon les résultats définitifs, le parti chrétien-social (CSV) de M. Juncker obtient 33,6% des suffrages, contre 38% il y a quatre ans, et 23 sièges contre 26, sur un total de 60 sièges à la Chambre des députés (la nouvelle Chambre présentée par L'Essentiel).
Le parti libéral (DP, opposition) du maire de Luxembourg Xavier Bettel, est le principal gagnant du scrutin, avec une hausse de 3,2 points, à 18,2%. Il talonne les socialistes, membres de la coalition sortante, crédités de 20,3% (-1,3 point). Les deux partis obtiennent 13 sièges.

Malgré son recul, après plus de 18 ans au pouvoir et un scandale qui avait précipité la tenue d'élections sept mois avant la date normale, M. Juncker a réclamé de mener les discussions pour la formation du prochain gouvernement.

"Nous revendiquons la priorité pour former le prochain gouvernement. Nous sommes le parti le plus important." Jean-Claude Juncker.

Jugeant "impressionnant" l'écart entre sa formation et les autres, le Premier ministre sortant a lancé un appel du pied aux libéraux, qu'il a "félicités" pour leur score". Mais, interrogé par l'AFP, il n'a pas "exclu" qu'une coalition se forme contre lui.

Plusieurs scénarios possibles, avec ou sans Juncker

Les résultats permettent en effet d'envisager plusieurs scénarios.
Le premier est une alliance entre les chrétiens-sociaux de M. Juncker et les libéraux de M. Bettel, qui disposerait d'une majorité assez confortable de 36 sièges et réunirait à la fois le premier parti du pays et celui qui a le plus progressé. Les deux formations ont gouverné ensemble entre 1999 et 2004.

Jean-Claude Juncker, qui garde un mauvais souvenir de cette expérience, peut aussi tenter de reconduire son traditionnel tandem avec les socialistes, malgré la défection de ces derniers cet été.

Un scénario plus radical verrait le renvoi dans l'opposition des chrétiens-sociaux, au pouvoir de manière pratiquement ininterrompue depuis 70 ans, par la formation d'une coalition entre les libéraux, les écologistes et les socialistes.

"S'il est possible de mettre en oeuvre, à trois, de véritables réformes en vue de moderniser l'État et de lui donner un nouvel élan, alors oui, je suis en faveur d'une coalition à trois". Le chef de file des socialistes, Etienne Schneider, pendant la campagne.


Une telle configuration est possible puisqu'elle dispose d'une courte majorité de 32 sièges.

"Nous sommes les vainqueurs du jour. Maintenant nous allons prendre nos responsabilités", a déclaré dans la soirée Xavier Bettel, le patron des libéraux, sans préciser dans quelle direction il allait s'engager.



Le chef de l'Etat, le Grand-Duc Henri, doit nommer dans les prochains jours le responsable politique qui sera chargé d'évaluer la faisabilité de ces différentes options. De source proche des chrétiens sociaux, on a indiqué que M. Juncker devrait être désigné pour cette tâche.

La rupture entre socialistes et chrétiens-sociaux, qui ont gouverné ensemble depuis 2004, s'est produite en juillet .
Avec l'opposition, les socialistes dénonçaient la responsabilité politique du Premier ministre dans le scandale du service de renseignement, qui a commis de graves irrégularités, notamment en espionnant sur une grande échelle la population et une partie de la classe politique.

A bientôt 59 ans, dont la moitié passée au gouvernement, M. Juncker était donc confronté à l'usure du pouvoir et à une certaine lassitude de la population, en quête d'hommes nouveaux.
Le CSV a axé sa campagne sur la personnalité et l'expérience de M. Juncker et le besoin de stabilité du pays.
Au total, neuf partis se présentaient aux législatives, de l'extrême gauche avec Dei Lenk, qui remporte 2 sièges (+1) et le Parti communiste, à la droite populiste incarnée par l'ADR, crédité de 3 sièges (-1).


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