Cour d'Assises de Nancy : les témoins surprise mis en difficulté au procès du Dr Muller

Des témoins surprises ont été mis en difficulté mardi au procès du docteur Muller à Nancy, la présidente s'étonnant que les gendarmes aient attendu 14 ans pour apporter des éléments à charge contre l'accusé, soupçonné d'avoir maquillé en suicide le meurtre de son épouse.

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Des témoins surprises ont été mis en difficulté mardi au procès du docteur Muller à Nancy, la présidente s'étonnant que les gendarmes aient attendu 14 ans pour apporter des éléments à charge contre l'accusé, soupçonné d'avoir maquillé en suicide le meurtre de son épouse.

Il aura fallu attendre que Jean-Louis Muller soit jugé une troisième fois, après avoir été condamné à deux reprises à 20 ans de prison pour le meurtre de sa femme, avant que les gendarmes qui s'étaient rendus sur les lieux du drame le 8 novembre 1999 ne soient auditionnés devant une cour d'assises.

Les deux témoins ont été invités à la dernière minute, après que le directeur d'enquête a révélé à la Cour lundi après-midi avoir recueilli "incidemment" des
informations inédites auprès d'eux, en préparant son audition: le soir du drame, Jean-Louis Muller aurait pris une douche avant d'accueillir les enquêteurs.


Cheveux mouillés


Ils étaient arrivés une demi-heure après le coup de téléphone par lequel le docteur Muller avait annoncé que sa femme s'était suicidée dans la cave de leur domicile d'Ingwiller (Bas-Rhin) 

"En arrivant sur les lieux, j'ai constaté que le Dr Muller avait les cheveux mouillés", a affirmé un des gendarmes, qui n'avait jamais évoqué auparavant cet élément vieux de 14 ans.

Le second gendarme, lui aussi, a confirmé à la barre avoir "constaté que des parties de son t-shirt étaient humides, et que ses cheveux étaient un peu humides. Je me suis dit: +Il a dû prendre une douche+".

"Comment vous avez pu ne pas vous rendre compte pendant 14 ans que cette information était capitale?", a demandé la présidente, Marie-Cécile Thouzeau, au premier gendarme, sans recueillir de réponse.

Pourquoi ne pas en avoir référé à leur supérieur hiérarchique ?, a-t-elle demandé au second. "Non, je n'en ai pas parlé. Je pense que tout le monde avait les yeux ouverts", a-t-il répondu.

Et quand plus tard, "j'ai dit au major: +Vous ne trouvez pas qu'il y a deux-trois choses bizarres?+, il m'a répondu: +Hop, hop, hop, on est dessaisi+", a-t-il ajouté.

Dans tous les cas, cette déposition devant la cour des deux militaires ne correspond pas au procès-verbal qu'ils ont signé à l'époque.


"Des salades"


Aucun des deux gendarmes ne se souvient non plus avoir adressé lui-même la parole au Dr Muller ce soir-là, et pourtant chacun a soutenu que c'est à l'autre que l'accusé aurait expliqué qu'il avait eu du sang sur lui.

"Mais d'où vient cette histoire de sang? Vous ou quelqu'un d'autre racontez des salades!", a tonné l'avocat de la défense, Me Eric Dupond-Moretti.

Jean-Louis Muller avait donné l'alerte à 21H24. Les gendarmes étaient arrivés une demi-heure plus tard, alors que les pompiers, un médecin et la famille étaient déjà sur place.

Entre l'appel aux gendarmes et l'arrivée des militaires, le docteur Muller a passé six appels téléphoniques, a dit Me Eric Dupond-Moretti. "Même sous la douche, il téléphone ?", a ironisé l'avocat.

Dans cette affaire sans témoins directs ni aveux, Jean-Louis Muller, qui comparaît libre, a déjà été reconnu coupable à deux reprises, avant que la Cour de cassation n'ordonne un troisième procès devant les assises de Meurthe-et-Moselle.

Le verdict doit être rendu jeudi.
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