Quelque 300 personnes ont défilé à Strasbourg ce lundi 9 décembre pour protester contre la réforme Peillon qui veut redéfinir l'ensemble des métiers de l'éducation. Avec la diminution des heures supplémentaires, les enseignants de classes prépas craignent de perdre 20 % de leurs rémunérations.
A l'appel de trois syndicats, les enseignants se sont rendus en cortège de la place de la République à Strasbourg vers le rectorat derrière des banderoles proclamant "Touche pas à ma prépa", ou "Je ne suis pas un fils à papa". La grève était très suivie dans certains établissements, avec des taux dépassant les 90%, selon les enseignants.
Soutenus par les élèves
Les élèves des classes préparatoires sont venus grossir les rangs et donner de la voix. "Nous soutenons nos profs parce qu'ils sont très engagés pour nous: ils nous suivent personnellement, leur salaire est mérité", a dit à l'AFP un des lycéens en tête de cortège, Lucas Torterotot, élève en prépa scientifique au lycée Kléber.Dans la rue pour la première fois
Du côté des enseignants, plusieurs manifestants ont indiqué à l'AFP qu'ils faisaient grève pour la première fois. "Certains d'entre nous risquent de perdre deux mois de salaire sur l'année, c'est inacceptable", s'est exclamé Jacques Ernewein, professeur d'histoire au lycée Fustel de Coulanges. "On veut rogner sur nos heures supplémentaires, mais en fait ces heures font partie de notre service normal, elles ne sont pas facultatives", a-t-il ajouté."Le gouvernement veut jouer la division entre les enseignants, en déshabillant les uns pour donner aux autres", a critiqué Patrick Prignot, professeur de mathématiques en prépa scientifique. "Il faut sortir de cette vision de prépas élitistes: en province, ce n'est pas vrai, les prépas se sont beaucoup démocratisées et comptent beaucoup d'étudiants boursiers", a-t-il ajouté.
Vincent Peillon se défend
Selon les enseignants, les classes prépas strasbourgeoises comptaient lundi entre 50 et 95% d'enseignants grévistes, selon les établissements. Le rectorat a indiqué avoir compté 149 professeurs grévistes sur un total de 234 (63,6%).Le ministre de l'Education Vincent Peillon s'est défendu la semaine dernière "d'attaquer les classes préparatoires" mais a averti qu'il "ne reculerait pas" devant les professeurs qui se disent "surchargés de travail" mais font de nombreuses heures supplémentaires.
M. Peillon a lancé des discussions sur les métiers des enseignants, dont ceux des classes préparatoires qui préparent aux concours des grandes écoles. Ces professeurs craignent une hausse du nombre d'heures de cours et une baisse de leurs rémunérations.
