Malgré les efforts de prévention menés par les pouvoirs publics, la tradition des pétards du Nouvel An a de nouveau tourné au drame mercredi en Alsace, avec la mort accidentelle d'un jeune homme, âgé de 29 ans, tué en manipulant un feu d'artifice.
Une victime à Sarre-Union
L'accident a eu lieu vers 0h07 à Sarre-Union, une commune du nord-ouest du Bas-Rhin. La victime, un homme âgée de 29 ans, "faisait la fête chez des amis dans un domaine privé", rue de Verdun, dans un chalet jouxtant l'entreprise familiale. L'engin pyrotechnique, une bombe de 50 mm de catégorie C2, lui a explosé au visage. Cet entrepreneur à Sarre-Union, était originaire de Bischtroff-sur-Sarre. Lorsque les secours sont arrivés, ils n'ont rien pu faire", a raconté le chef de la gendarmerie locale, le lieutenant Jean-Yves Buttolo. L'engin était un mortier de type C2 de calibre 50, a-t-il précisé, soulignant que l'enquête devrait déterminer comment il s'était procuré ce feu d'artifice, interdit par arrêté préfectoral. La victime est un entrepreneur de 29 ans, qui fêtait la Nouvelle année en compagnie de sa famille sur la terrasse d'un chalet. Près d'un feu de camp, il avait installé un parpaing lesté de sable pour tirer des feux d'artifice, a expliqué mercredi lors d'une conférence de presse la procureur de Saverne, Caroline Nisand.
La fusée, tirée à partir d'un mortier, a explosé au moment où il se penchait dessus. "L'artifice l'a touché à l'oeil gauche et a emporté la boîte cranienne", a détaillé la procureur. Les pompiers n'ont pu que constater son décès. L'enquête devra déterminer auprès de qui le jeune homme s'était procuré ses artifices, des fusées de 50 mm qu'il avait "vraisemblablement" achetées en Alsace, selon la magistrate. Ces engins sont interdits à la vente aux particuliers dans la région, du fait d'une réglementation locale particulièrement stricte.
Le ou les vendeurs, qui ne sont pas encore identifiés, pourraient être poursuivis pour homicide involontaire, selon Mme Nisand. Elle s'est dite "affligée que tant de particuliers continuent à utiliser ces artifices réservés aux professionnels, malgré toutes les campagnes de prévention", déplorant au passage qu'en se rendant sur les lieux du drame, pompiers et gendarmes aient essuyé des "tirs tendus de mortiers" de la part de jeunes rassemblés au centre de Sarre-Union. Ailleurs en Alsace, les pétards ont causé plusieurs blessures graves, selon les services d'urgence strasbourgeois.
Le reportage de nos confrères de France 2
Le reportage de G. Fraize - J-P. Paster - S. Bock. Interview : Marc Séné, maire de Sarre-Union
La réaction de Stéphane Bouillon, préfet de la Région Alsace
Un blessé grave à Strasbourg
Ailleurs en Alsace, un jeune homme de 22 ans a été grièvement blessé à une main en début de soirée à Strasbourg, selon l'adjoint au maire chargé de la sécurité, Olivier Bitz. Dès mardi après-midi, un autre homme avait dû être pris en charge pour des brûlures à une main. "Nous avons été moins assaillis que les années passées", a constaté le docteur Philippe Liverneaux chef de SOS Mains à Illkirch près de Strasbourg, tout en déplorant deux cas de quasi-amputations du pouce, "des accidents très classiques quand on allume un pétard en le tenant dans la main".Malgré les saisies records de pétards ces derniers jours. Les accidents, parfois dramatiques n’ont pas pu être évités. Plusieurs dizaines de personnes ont été blessées. Mais la nuit a été relativement calme sur l’espace publique. A Strasbourg, mais aussi à Dorlisheim, dans cette commune où un jeune avait été tué en manipulant un pétard l'an dernier.
50 voitures incendiés dans le Bas-Rhin, 35 dans le Haut-Rhin
Les pompiers du Haut-Rhin ont fait état de deux blessés légers.
Après les deux morts recensés l'an dernier, les autorités en Alsace avaient pourtant fait de gros efforts cette année pour éviter que la traditionnelle débauche de feux d'artifice du réveillon ne vire à nouveau au drame. La réglementation était particulièrement stricte cette année dans les deux départements alsaciens: seuls les plus petits pétards étaient désormais autorisés, et uniquement pour les plus de 12 ans. Les plus puissants, cauchemars des services d'urgence, nécessitent des autorisations.
En outre, l'usage des pétards a même été interdit "à moins de 50 mètres des immeubles d'habitation", ce qui revenait à une interdiction de facto en ville... bien difficile à faire appliquer, et qui a d'ailleurs été largement transgressée durant la nuit de la Saint-Sylvestre. Face au danger, policiers et gendarmes ont multiplié les contrôles en amont. Ces derniers jours ils ont saisi près de deux tonnes de pétards et autres explosifs, dont plus de la moitié dans la seule journée de mardi. Ces saisies ont eu lieu soit chez des commerçants en infraction avec la législation, soit aux frontières, pour faire respecter l'interdiction d'importer tous types de pétards, sauf autorisation expresse des douanes, alors que nombreux Alsaciens se fournissent en Allemagne où les règles sont beaucoup moins strictes.
Effectif doublé à "SOS Main"
La communication en direction du jeune public a été particulièrement musclée, avec notamment des séances d'information organisées dans tous les collèges du Bas-Rhin, depuis le début du mois d'octobre et jusqu'aux vacances de Noël. Objectif: toucher les 12.000 élèves de 4e du département. Dans les deux services d'urgence "SOS Main" de l'agglomération strasbourgeoise, le personnel soignant s'était préparé mardi, une nouvelle fois, à une nuit difficile. "On sait qu'on va encore en baver", soupirait le Dr Philippe Liverneaux, chirurgien. Pour la Saint-Sylvestre, l'équipe de "SOS Mains" qu'il dirige, à Illkirch dans la banlieue de Strasbourg, a doublé ses effectifs. A Thannenkirch, petit village du centre de l'Alsace endeuillé l'an dernier par un accident mortel, le maire, Hubert Bihl, avait fait distribuer dans toutes les boîtes à lettres un tract où l'on pouvait lire: "l'équipe municipale vous demande de dire non à ces manifestations meurtrières".Mais l'édile a reconnu ne pas croire "qu'un arrêté du maire puisse faire en sorte qu'on ne +pète+ plus de pétards, il faut que ça reste une réaction spontanée des habitants", a-t-il dit dans un entretien à France 3 Alsace. Les fabricants de pétards, ulcérés de leur côté par le manque à gagner découlant de la réglementation locale, ont saisi la justice administrative pour dénoncer une "entrave à la liberté du commerce". "Ils sont dans leur rôle. Mais personnellement, je trouve que contester ainsi une réglementation visant à protéger la vie des gens, ce n'est pas très moral", a commenté le préfet Stéphane Bouillon à propos de cette procédure, toujours en cours.
Deux tonnes de pétards et fusées saisies
Face au danger, policiers et gendarmes ont multiplié les contrôles en amont. Ces derniers jours ils ont saisi près de deux tonnes de pétards et autres explosifs, dont plus de la moitié dans la seule journée de mardi. Ces saisies ont eu lieu soit chez des commerçants en infraction avec la législation, soit aux frontières, pour faire respecter l'interdiction d'importer tous types de pétards, alors que nombreux Alsaciens se fournissent en Allemagne où les règles sont beaucoup moins strictes. Les vendeurs à la sauvette ont également été ciblés par les forces de l'ordre, la préfecture ayant interdit la vente d'engins pyrotechniques sur la voie publique.