Créer son entreprise pour échapper au chômage : l'exemple des ex-salariés des drogueries Schlecker

Elles sont reconnaissables grâce à leur logo vert au « d » renversé dans leur nom : les drogueries Drehpunkt existent depuis seulement 18 mois, mais elles ont déjà une histoire.

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A Erdmannhausen, au centre du village de quelques 5000 habitants, il y a une boulangerie, une épicerie – alimentation, une boucherie, un café… Et depuis 18 mois une nouvelle droguerie, installée dans les locaux de l’ex magasin Schlecker. Une enseigne verte a remplacé le bleu de Schlecker, cette chaine de drogueries dont la faillite, courant 2012, a mis au chômage plus de 23 000 salariées en Allemagne, essentiellement des femmes.
Au Drehpunkt de  Ermannhausen, on trouve de tout : des produits d’hygiène, des cosmétiques, de quoi faire le ménage ou encore des jouets de plein air pour les enfants, des bas pour les dames, de la nourriture pour les animaux…
Et pourtant, cette droguerie là a une histoire bien particulière : c’est le premier magasin du réseau coopératif Drehpunkt, un magasin ouvert quelques mois après la faillite de Schlecker par Bettina Meeh et Karin Meinerz, deux ex salariées du groupe.

La communauté Drehpunkt

Les salariés licenciés se sont battus ensemble tout au long de la liquidation de leur entreprise, et ce combat les a soudés. Avec le soutien du syndicat des services Verdi, ils ont souhaité pouvoir continué à travailler dans leur métier, droguiste, en créant leurs propres entreprises, leurs magasins, réunis sous une bannière commune : c’est ainsi qu’est né Drehpunkt – et le premier magasin a ouvert ses portes ici, à Erdmannhausen, en novembre 2012, sous la houlette des deux patronnes, Bettina Meeh et Karin Meinerz.
« Nous étions des « Schleckerfrauen », des femmes de chez Schlecker, aujourd’hui nous sommes nos propres patrons, avec à nos côtés des salariés, rassemblés dans la communauté Drehpunkt », témoigne Bettina Meeh, l’une des patronnes de la droguerie de Erdmannhausen. Bettina a travaillé 20 ans chez Schlecker, et elle ajoute : « nous avons bénéficié d’un élan de solidarité formidable après la liquidation de Schlecker, le syndicat a mis en place un fonds alimenté par des dons, afin de nous aider à financer la création de notre commerce. »

Proximité et service
Un commerce de proximité, apprécié par les habitants – les clients le disent, « c’est bien pratique parcequ’on n’est pas obligé de prendre la voiture pour aller acheter des produits qu’on aurait oublié lors des courses au supermarché », «  et puis, les petits commerces comme celui-ci, animent le village, qui reste vivant ! ». Karin Meinerz, l’associée de Bettina Meeh, le confirme : « dans un village comme Erdmannhausen, il faut bien connaître sa clientèle et ses besoins. Nous, avant d’ouvrir, nous avons organisé une réunion publique pour nous présenter, parler du projet, et questionner les habitants sur leurs attentes. » Les deux femmes ont ainsi établi une liste des produits indispensables à la vente, et elles ont gagné la sympathie des habitants. « Nous avons lancé une souscription, sous la forme de bons d’achats de 50 ou de 100 euros, que les clients pourront utiliser à compter de janvier 2015 ; nous avons ainsi récolté environ 5000 euros, c’est en quelque sorte un prêt sans intérêts que nous fait notre clientèle… Nous lui devons de réussir, et les clients ont aussi un intérêt à ce que notre commerce marche ».

Un réseau actif et dynamique

Karin et Bettina vendent, commandent de la marchandise, gèrent un stock, tiennent une comptabilité – comme tous les commerçants. Mais elles ne sont pas seules : la communauté des ex salariés de Schlecker, née lors de la liquidation de l’entreprise, existe toujours. D’autres salariés licenciés ont ouvert leur magasin Drehpunkt, et régulièrement, les membres du réseau coopératif se rencontrent et échangent. « Nous sommes assistés par un consultant, qui nous conseille en matière de stratégie ou de marketing, et d’un comptable, qui s’occupe, pour le réseau, des aspects financiers un peu plus complexes », explique Bettina Meeh. « Et nous rencontrons nos collègues des autres magasins une fois par trimestre, nous visitons les autres magasins, nous échangeons de la marchandise ou organisons des commandes groupées », renchérit Karin Meinerz.

Aujourd’hui, le réseau Drehpunkt compte huit magasins dans le sud-ouest de l’Allemagne, une vingtaine dans tout le pays. La petite entreprise de Bettina et de Karin a atteint l’équilibre financier après 18 mois d’existence, grâce au soutien du réseau coopératif et à la solidarité de la clientèle. Ces deux battantes ont du travail aujourd’hui ; mais des ex-salariés de Schlecker, la moitié est toujours au chômage. 
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