SOS Médecins rejoint lundi la grève des médecins qui entrent dans la deuxième semaine d'une mobilisation "très suivie", pesant sur des Centres 15 "saturés", selon eux, alors que le ministère de la Santé dépeint une situation stable et sous contrôle.
"Heureusement qu'on n'a pas de grippe, sinon on aurait explosé. Les fins d'année sont une période hyper chargée d'habitude avec la pathologie et les médecins en congés. Mais avec en plus des médecins en grève, nous avons un cocktail un peu détonnant", commente Dominique Ringard, président de SOS Médecins.
L'association invite ses quelque 1.000 médecins à cesser toute activité à compter de lundi, pour fustiger les pouvoirs accrus conférés dans le projet de loi santé aux directeurs des agences régionales de santé. Ces derniers pourraient décider, selon l'association, à l'instar de ce qui se fait dans le Nord-Pas-de-Calais et en Lorraine, qu'il n'y a plus besoin de médecin libéral la nuit, orientant de fait les malades vers les urgences.
SOS Médecins va donc grossir les rangs des mécontents. Les urgentistes avaient ouvert la marche lundi 22, pour de meilleures conditions de travail, mais avaient levé leur préavis 24 heures plus tard, à la faveur d'un accord avec le ministère de la Santé.
Les généralistes avaient repris le flambeau de la contestation à partir du mardi avec des revendications tarifaires et contre le projet de loi santé, suivis par les spécialistes le mercredi. Selon MG-France (syndicat de généralistes), entre 40 et 80% des généralistes fermeront leurs cabinets dans les trois jours à venir. Chez les spécialistes, la participation dépasse les 80% selon la CSMF, autre principal syndicat.
A Rennes, un rassemblement est prévu à 14H00 pour dire "NON au tiers payant généralisé et obligatoire" prévu dans le projet de loi santé, "NON au monopole de l'hôpital public" et "NON à la délégation des tâches médicales", comme la vaccination aux pharmaciens.
Depuis le début du mouvement des médecins en ville, le 23 décembre, le ministère de la Santé affirme qu'il n'y a "aucune affluence anormale dans les services d'urgence". Ces derniers "ne peuvent pas faire face, sinon on ne serait pas réquisitionné à tour de bras", rétorque le Dr Ringard qui décrit des services d'urgence localement "au bord du gouffre" et "en saturation". Les réquisitions envoyées à SOS Médecins qui ne couvraient que les périodes nocturnes (20H00 - 08H00), ont été élargies à la journée, selon lui.
Poursuite du mouvement "sous de multiples formes
En Vendée, dans l'Oise, le SAMU fait face à "une explosion de demandes de régulation. Donc il semble bien que beaucoup de médecins aient fermé leurs cabinets sans proposer de solutions de remplacement", renchérit Claude Leicher, président de MG-France, qui, comme les autres syndicats, affûte déjà ses armes pour l'après 31 décembre. "Nous ferons le point le 31 au soir de l'état de la mobilisation et de la réponse du gouvernement, sourd, pour l'instant, à tout ce que l'on dit. Un mouvement ne s'arrête pas un jour J, si les réponses n'ont pas été apportées. Il peut se poursuivre sous de multiples formes", dont des "actions ponctuelles spectaculaires", explique Jean-Paul Ortiz, président de la CSMF. "Ce ne sont pas trois virgules et deux mots qu'il faut changer dans ce projet de loi. Il faut enlever tout ce qui est hospitalo-centré et vise à étatiser la médecine libérale, et réorienter le texte autour de la médecine de proximité", martèle-t-il.A partir de janvier "nous allons pouvoir discuter de l'ouverture du contenu de la loi santé", mais "il n'y a pas d'ouverture sur les moyens donnés aux généralistes", notamment sur la demande de porter la consultation à 25 euros, ce qui serait une simple "mise à niveau par rapport aux autres spécialités", commente M. Leicher. La ministre doit recevoir le 12 janvier des représentants de généralistes, mais d'ores et déjà MG-France appelle à la fermeture des cabinets le 6 janvier, et "attachés à une unité du mouvement", les syndicats sont "en train de discuter" de la suite. "On va utiliser tous les moyens possibles, entre la fermeture des cabinets, la grève des télétransmissions de feuilles de soins à l'Assurance maladie ou une manifestation nationale à Paris", prévient le Dr Leicher.