Cheminots marocains contre la SNCF : rencontre avec deux « chibanis » alsaciens

Le procès intenté par 832 cheminots marocains ou d’origine marocaine contre la SNCF a débuté lundi devant le Conseil des prud’hommes de Paris. Parmi ces « chibanis » qui poursuivent la compagnie pour discrimination, certains ont fait leurs armes à la gare de Strasbourg.

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Tout débute dans les années 1970, lorsque la SNCF recrute environ 2 000 Marocains comme contractuels, c'est-à-dire avec un CDI de droit privé. Ils ne peuvent donc pas accéder au statut plus avantageux de « cadre permanent », réservé à l’époque aux ouvriers français et depuis peu aux ressortissants de l’Union européenne. Ces agents, aujourd’hui à la retraite ou proches de l’être, estiment avoir été lésés sur le plan de la protection sociale et du montant de leur pension. Ils n’ont pas non plus bénéficié de la même évolution de carrière qu’un cadre permanent.

Les « indigènes du rail »

Deux cheminots alsaciens, Ghaouti Ksioua et Mohammed Boubia, étaient présents à l’ouverture du procès, comme 150 autres « chibanis » (cheveux blancs en arabe). « On était de la main-d'oeuvre facile », estime Ghaouti Ksioua, qui a fait sa carrière à la gare de triage de Strasbourg. « On a dit que nous étions les « indigènes du rail », comme il y a eu les combattants marocains, c'est vrai. » « Quand je reçois ma fiche de paye, il y a toujours une sacrée différence », remarque Mohammed Boubia. « Le même travail, mais pas le même salaire. Je ne comprends pas pourquoi il y a cette injustice. »
 


Depuis 2005, 832 recours pour discrimination ont été déposés au Conseil des prud’hommes de Paris. L’affaire a été renvoyée au fil des années, avant de faire l’objet de 19 audiences entre 2012 et 2014. L’audience ouverte à Paris doit permettre de départager les différents conseils prud'hommaux, qui n’ont pas réussi à se mettre d’accord.

350 millions d'euros

Sur la moitié des plaignants qui ont depuis acquis la nationalité française, seuls 113 ont obtenu le fameux statut de cadre permanent, sans pour autant que leur ancienneté n’ait été reconnue. Chacun réclame en moyenne 400 000 euros de dommages et intérêts. La facture pourrait donc s’élever à 350 millions d’euros pour la SNCF, qui rejette de son côté les accusations. Jean-Luc Hirsch, l'avocat de la compagnie ferroviaire, a assuré que la « distinction » entre agents au statut et contractuels est « parfaitement légale » et que la SNCF « n'a eu de cesse d'essayer d'harmoniser la situation ». La décision sera rendue le 21 septembre.
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