Selon l'INSEE, les « grandes régions » sont moins disparates, l'ACAL reste pénalisée par la crise

En passant de 23 à 13 régions, sans les DOM, le territoire verrait ses disparités s’affaiblir. C’est l’analyse que dresse l’INSEE dans sa dernière étude. Mais la future ACAL reste encore pénalisée par la crise.

Population, emploi, attractivité, urbanisation : l’INSEE publiait mardi pour la première fois un portrait de la France sous l’angle des futures grandes régions. La réforme territoriale, qui prévoit la création de 13 grandes régions en métropole à compter de 2016, fait diminuer les inégalités, sans pour autant les faire disparaître complètement.

1) Des régions de 2 à 12 millions d’habitants

« Les nouvelles régions continentales comporteront toutes plus de 2 millions d’habitants », écrit l’INSEE. La première reste sans surprise l’Ile-de-France, avec 11.9 millions d’habitants, suivie par la future région Auvergne- Rhône-Alpe et ses 7.6 millions d’habitants. L’Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine (ACAL), arrive en sixième position avec 5.5 millions d’habitants. Elle fait partie d’un groupe homogène de 5 régions qui ont entre 5 et 6 millions d’habitants. Le dernier groupe, le moins densément peuplé, comprend des régions entre 2 et 4 millions d’habitants.

La densité de population, la répartition par âge, sont désormais plus proches d'une région à l'autre. Des disparités subsistent toutefois. La population des régions du Nord et de l'Est augmente moins fortement que la moyenne française et reste plus jeune. A l'inverse, celle des régions du Sud et de l'Ouest s'accroît et vieillit plus vite.

2) L’écart de richesse se réduit entre les régions

Les richesses sont moins variables d’une région à l’autre. Les deux premières régions sont toujours l’Ile-de-France et la région Rhône-Alpe-Auvergne avec respectivement 29.8% et 11.4 % du PIB national en 2012. Viennent ensuite six régions avec un PIB autour de 7 % : l’Aquitaine Limousin Poitou-Charentes, le Nord-Pas-de-Calais Picardie, la Provence-Alpes-Côte d’Azur, le Languedoc-Roussillon Midi Pyrénées et enfin l’Alsace Champagne-Ardenne Lorraine.

3) Près de 8 habitants sur 10 sont des urbains

Entre 1982 et 2011, la croissance de la population des villes en France métropolitaine a été de
23 %, ce qui représente 8,9 millions d’habitants supplémentaires. En 2011, près de 8 habitants sur 10 habitent en ville. Paris près un peu de sa suprématie au profit des 15 agglomérations de plus de 400 000 habitants, dont Strasbourg fait partie avec 460 000 habitants.

4) Le Nord reste en difficulté

« La dynamique de l'emploi est le premier facteur expliquant la croissance de la population", note l'Insee. La répartition des villes ou qui perdent des habitants est un révélateur de la santé économique des territoires. Les territoires du nord de la France, qui ont des difficultés à cause de l’industrie déclinante perdent des habitants, tandis que l’arc atlantique, le sud-méditerranée, la vallée du Rhône, et l’Île-de-France en gagnent. Le Nord et l’Est doivent leur croissance démographique sur l’excédent de naissances sur le nombre de décès tandis que le solde migratoire y est négatif.

Axel Kahn marqué par la « paupérisation industrielle » dans l’est de la France

En 2013, le scientifique et écrivain Axel Kahn a parcouru plus de 2000 km à pied dans toute la France. Il garde un souvenir marquant de l’est du pays, qui porte encore les stigmates du déclin de ses industries..

Le généticien Axel Kahn a sillonné les routes de France pendant deux ans. Une expérience qu’il a retracée dans deux livres : Pensées en chemin, édité en 2014 et Entre deux mers, qui vient de paraître. Il s’inquiète de la « paupérisation industrielle massive » qui touche le nord-est du pays. Une analyse à hauteur d’homme qui converge avec le rapport publié par l’INSEE mardi sur les nouvelles grandes régions.

« Le redécoupage, on m’en a parlé partout où je suis passé », explique Axel Kahn lors d’un entretien à l’AFP. Dans la grande région Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine (ACAL), il craint que « ces regroupements ne contentent pas grand monde et il sera très difficile aux habitants de s’identifier à ces nouvelles régions ».

En 2013, lors de son périple, il découvre la déprise agricole et la paupérisation industrielle du nord et de l’est de la France : « Alors que j'ai traversé une France agricole superbe, avec une capacité à tirer le meilleur des terroirs, je me suis trouvé dans le nord, nord-est, face à des territoires totalement ravagés: c'est le gros problème du pays."

Dans "Pensées en chemin", lorsqu'il traverse l'est et la Champagne-Ardenne, Axel Kahn écrit: « Je croise des populations assommées par les épreuves passées, accablées par la dureté du présent, désespérant de l'avenir; un monde rural gagné lui aussi par la méfiance et le repli sur soi ; j'observe un désintérêt affiché pour tout ce qui ne concerne pas le local et le quotidien stricts, un rejet du discours raisonnable des puissants, perçu comme mensonger et mortifère. »  Une morosité qui explique selon lui les scores du Front national. Même si, ajoute-t-il: "La France globalement va moins mal que les Français ne pensent qu'elle va."